Posted in Variations Littéraires

Tous les hommes de ma vie #4

Pour me faire pardonner la non-publication de la suite de cet essai mercredi dernier, j’en mets un peu plus. Si vous avez raté le début je vous invite à vous mettre à la page en lisant la première partie, la deuxième, puis la troisième...

Les hommes sont parfois discrets. Ils passent inaperçus. Je les vois puis je ne les vois plus. Ils jouent à cache-cache. Je crois qu’ils m’évitent. Ou peut-être qu’ils sont juste timides. Comme moi. C’est bien ma veine !

Ils attendent que je fasse le premier pas. Quand moi j’attends qu’ils fassent un pas vers moi. A ce rythme-là, on s’attend encore. Moi, sur l’esplanade des Invalides ou dans un café donnant sur un parc, les mains serrées autour d’un café chaud, certaine de m’être trompée d’heure. Eux, sur un banc du jardin des Tuileries ou sur un vieux tabouret dans un pub Irlandais des grands boulevards, certains de s’être trompés de lieu de rendez-vous.

Les rendez-vous ratés. J’en ai un palmarès étonnant.

Ou bien des rendez-vous décommandés au dernier moment. Rendez-vous raturés sur mon bel agenda bleu. Rendez-vous manqués pour cause de pluie, ou de mise-en-plie. Rendez-vous rangés dans un coin de ma mémoire.

On passe à autre chose.

Un premier rendez-vous, ça ne s’oublie pas. Le cœur bat vite. Tout est possible. On donne l’impression d’être un ange arrivé sur terre par hasard. Tout est bizarre mais si naturel. On se sent bien et effrayé à la fois. On se demande déjà si on sera à la hauteur. A la hauteur de quoi déjà ?

Tout part de là. Tout est lié à cet instant. On veut faire impression et les trois quart du temps on perd le nord, on se laisse aller à être quelqu’un d’autre, certaine de pouvoir reprendre les rênes à tout moment.

Quelque chose nous échappe pourtant.

Et quand on s’en rend compte, il est souvent trop tard pour faire marche arrière. La machine est lancée.

Gros manque d’authenticité pour subjuguer l’être aimé. Pourquoi faut-il sans cesse que l’on porte un masque, que l’on se fasse passer pour quelqu’un d’autre ? Pourquoi toujours mentir pour se donner une chance d’être acceptée ?

Quand j’aime, je m’attache vite. Je deviens l’autre. Je me fonds en lui. J’investis son univers à la vitesse de l’éclair. Je ne connais aucune limite. Je vis en l’autre, pour l’autre. Je rêve en l’autre. Je passe mon temps à calmer ses angoisses, à anticiper ses demandes, à régler ses conflits, à payer de ma personne à toute heure du jour et de la nuit. Je respire à la même vitesse que lui, me prive pour son bien-être, m’oublie pour son bonheur. Je passe à côté de moi. Et j’attends inconsciemment un retour sur investissement qui ne vient pas. Je deviens un double de leur mère, la copie conforme de leur idéal féminin. Je ne leur pose aucun problème et je place leurs intérêts au milieu de ma vie, oubliant les miens sur le bas-côté.

C’est complètement crétin.

Author:

J'ai l'âme poète...

26 thoughts on “Tous les hommes de ma vie #4

        1. Ca il n’y a que toi qui peut le dire, moi je crois en toi objectivement, ton concept tiens la route car les anecdotes qui en relèvent, sont vécues avec rires et larmes !

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  1. J’ai adoré. Merci.
    J’ai vu et revu les rencontres loupées par la timidité. J’ai vu les rendez-vous en mode “déguisé”…
    Et il y a aussi la Rencontre, celle pendant laquelle l’authenticité chasse la timidité…
    Merci, c’est un texte délicieux qui rappelle des tas de souvenirs..
    Belle journée

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    1. Je l’attends encore cette rencontre Fred! Mais certaines ont eu un goût léger et enivrant. Quand d’autres ont été affligeantes. Merci, heureuse que ce texte te parle. Bonne soirée!

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      1. J’ai juste envie ce soir de poser une douce intention avant de rejoindre l’espace des rêves 😊 :
        Que cette rencontre authentique, celle que tu attends arrive prochainement… 🙏

        Bonne fin de soirée à toi
        Et douce nuit.
        À bientôt pour de douces lectures 😊

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  2. Le dernier paragraphe me parle, Marie. Mais au fond, est-ce qu’on n’est pas toutes un peu comme ça, capables de s’oublier pour le bien-être de l’autre? Capables d’attraper un torticolis pour ne pas le déranger dans son sommeil?!!! (j’me soigne depuis, je te rassure, mes cervicales avant tout, hhh!) Est-ce que c’est vrai pour toutes les femmes ou juste pour quelques phénomènes?! Je me pose la question!!! 🙂

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  3. Joli billet qui va parler à beaucoup d’entre nous ! Savoir résister à notre nature qui cherche à faire plaisir à l’autre jusqu’à s’oublier : pas facile mais tellement important pour la suite 🙂 Bon après midi Marie Bisous

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    1. Encore une histoire d’équilibre à trouver. Car tout se joue dès le début Paulette. Le risque d’un déséquilibre est de se faire manger tout cru. Grosses bises et belle soirée.

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Un mot doux pour la route...

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