
J’ai longtemps pensé qu’un évènement viendrait clore une séquence de vie, qu’il suffisait d’attendre. Comme on attend le départ d’un train, une semaine de vacances ou un quelconque déclic – le bon moment en quelque sorte!
Un départ, un divorce, une rencontre, un ou plusieurs déménagements plus tard. Et des centaines de mots mis bout à bout pour exorciser une tranche de vie. Je peux attendre encore longtemps. Parce que finalement n’est-ce pas moi qui suis aux commandes? N’est-ce pas à moi que revient le droit, le choix?
J’ai disséquer le passé, j’ai tout écrit, tout vidé et fut un temps c’était nécessaire, voir vital. Il fallait venir à bout de la colère, de la peur, du déni, de la honte, du chagrin, de la souffrance, des masques portés, des blessures. Que reste t-il de tout ça aujourd’hui?
Des cicatrices. Que le temps, la poésie, l’amour ont apaisé. Je pense aujourd’hui que nos expériences de vie sont ce qu’elles sont, elles ne servent rien en particulier, aucun dessein, aucun but précis. Pourquoi toujours vouloir chercher un sens? Pourquoi toujours vouloir que ça puisse servir aux autres?
Est-ce qu’elles nous rendent plus forts? Ca reste à prouver! Elles nous changent inévitablement. Cette parenthèse me donne d’être plus bienveillante, d’être davantage dans l’acceptation de l’autre, plus dans l’écoute et moins dans le jugement. J’y serai peut-être arrivée d’une autre manière!
J’ai perdu énormément de temps à vouloir pardonner, à tenter de porter un regard “positif” sur notre histoire. J’ai voulu être une fille bien. Quelle connerie!
Je n’ai pas de recette miracle à partager, je ne sais pas comment j’en suis arrivée là où j’en suis aujourd’hui. J’ai juste fait un pas après l’autre. Je me suis souvent perdue en cours de route. J’ai cherché dans la vie des autres des réponses à mes manques. J’ai voulu être différente. Je n’ai pas de conseils, d’avis, de solutions, d’idées sur la question. Je pense que je pourrais écrire encore et encore et encore sur le sujet, il y aura toujours quelque chose à dire, une ligne de plus à écrire. Sur hier et sur aujourd’hui. Il y aura toujours lui, son fantôme ou sa présence.
Mais je peux choisir de dire aurevoir. Je me sens appelée à vivre. Et la vie autour de moi, elle n’attend que ça, que je pose le point final. Au bout d’un moment on ne fait que disserter sur du vent, c’est lassant et le vent s’en moque! Je sais que certains, certaines aimeraient que j’en sorte encore des mots pour raconter tout cela. Je n’en ai plus envie. J’ai envie de soleil et de joie, de jouir de la vie, celle à laquelle je me suis accrochée finalement, de profiter des chances qui s’offrent à moi, de ne plus regarder une situation à la lumière de ce qui ne fut pas de l’amour. Je ne veux plus comparer ni tenter de convaincre qui que ce soit non plus.
Je suis riche de ce que je suis, de ce que je sais et de ce qui est là, à portée de regard et de cœur. Je ferme la porte. J’ouvre un nouveau livre…