Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sur ces mots que l’on met bout à bout, ces idées que l’on laisse s’envoler, au hasard, sur un quai de gare, dans un jardin en fleurs.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, fragile, sur ce que l’on passe une vie à chercher parfois et que l’on ne trouve qu’à l’aube du départ.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sa douceur, sa sérénité et ainsi balayer les doutes, les drames de l’humain, les faux pas de l’humanité.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sur le temps qui passe mais n’oublie rien, sur les enfants qui chantent et courent sur le chemin qui les ramènent à l’orée du bois.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sur ce qui éblouit les cœurs, sur ce qui touche les âmes et donnent envie aux corps de s’étreindre, de s’aimer encore plus.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sur les bouquets que les mariés partagent, sur les chaussures qui laissent des marques sur les pavés, sur les histoires que l’on lit encore et toujours aux enfants le soir, à l’heure du coucher.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sur les couleurs du printemps, sur le tintement de la pluie fine sur les carreaux nus.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sur la vie qui s’accroche, sur le cœur qui décroche et sur ces baisers fous qui donnent de la force, sur cette main tendue qui apaise les tourments.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sur les sourires des parents autour d’un lit de nouveau-né, sur l’éblouissant regard des femmes à l’aube de la maternité, sur ces corps fatigués que l’annonce remplit de doutes et de joie.
Elle voulait pouvoir écrire sur le bonheur, sur les empreintes de nos pas, mesurés, cadencés, transfigurés.
Elle a tenté d’écrire sur le bonheur. Un jour. Une trace de pluie sur l’océan bleu azur.
Elle a trempé sa plume dans l’encrier du monde, pour décrire chaque visage, pour capturer chaque seconde.
Et le monde s’est ouvert à elle dans un toubillon d’émotions.