
Je marchais sous le ciel bleu du jour et mes pensées m’emmenaient vers toi. Tu es là, tu as toujours été là. Je me suis éloignée, prise dans les filets du passé. Typiquement moi. J’ai négligé mes besoins et retardé le moment de les partager, par crainte du déjà vu. Et si ce qui a été pouvait être à nouveau?
Non, nous ne partons pas tous avec les mêmes bagages. Dans les miens se côtoient le silence, les conflits, la violence, l’absence. Et si peu de partage. J’en ai déduis que je n’étais pas intéressante.
Alors pourquoi avec toi ça serait différent? Voilà ce que je me suis racontée. Une histoire abracadabrantesque qui donnait raison au passé. Inconsciemment, sûrement la solution de facilité.
Et puis, face au risque d’une déviation, d’un abandon, j’ai choisi de changer de direction. Au pire, c’était fini, mieux valait le savoir. Au mieux, je me donnais la chance d’un nouveau départ.
Parce qu’au fond, tout au fond, derrière la peur et les doutes, derrière mes blessures et tout ce que je tiens à distance, derrière les cicatrices et les manques, il y avait ce qu’il y a toujours eu, mes sentiments, intacts. Ces sentiments qu’hier encore je tentais d’ignorer, planquée sous une chappe de silence, ces sentiments étouffés pour qu’ils ne viennent pas troubler la suite de l’histoire. Celle du flashback. Celle de ce mois de janvier il y a 18 ans.
Finalement peut-être que je suis “aimable”, que les autres n’étaient que des abrutis finis, des indécis, des récalcitrants. Ou bien tu es un peu fou. Je ne veux pas savoir. Je veux juste profiter, savourer ce temps qu’il nous est donné de vivre. Et ne plus comparer aujourd’hui à hier, juste regarder le bonheur dans les yeux et le suivre dans un “oui” sans retenue.