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En Vrac

Je me disais il y a quelques jours qu’une pause blog s’imposait – cela faisait longtemps – et comme par magie, ou bien est-ce un sage quelconque qui a usé de ses pouvoirs, pour me refiler une charge colossale de travail. La pause s’impose d’elle-même!

Une copine m’a gentiment dit que la poésie n’intéressait pas vraiment les gens, que c’était juste comme ça, qu’il ne fallait pas y voir de mal. Et que c’était bien normal de n’avoir eu que très très peu de retour sur les 70 mails envoyés à des personnes qui sans cesse me disent qu’elles adorent ce que j’écris. A moins que la crise…

Bon, c’est là que je me suis rappelée que. Non rien. Vraiment. Autant en rester là, à regarder le monde et à ne pas toujours le comprendre. D’ailleurs il y a une autre chose qui me complique la vie en ce moment, le service des Ressources Humaines. Il devrait y avoir deux RH dans une même structure, une personne pour les directeurs, les talents, les potentiels. Et une pour toute la population qui n’intéresse personne, une pour le petit peuple en quelque sorte, une pour ceux qu’on échange comme des paquets de linge sale parce que ça arrange un temps, une pour celles qui triment et qu’on laisse dans le flou le plus total sans y voir de problème.

Des règles de deux semaines – est-ce la préménopause déjà? – de quoi voir le pic de fatigue augmenter considérablement. Du coup, extinction des feux de bonne heure, si j’arrive à lire 3 pages j’ai de la chance. Je me rattrape le matin avec une séance de yoga qui me permet cette reconnexion à moi, si nécessaire.

Je lisais l’autre jour un texte qui disait combien le “prendre soin de soin” était une injonction de plus qui ajoute à notre charge mentale, comme si celle-ci n’était pas déjà aussi importante que ça. Même avec un enfant, pour ceux qui se demanderaient!

Ajoutez à ça, les parents qui débarquent toujours au moment où, enfin, tu peux prendre quelques minutes pour souffler et qui réveillent ton enfant qui, enfin, se repose. Et ajoutent leurs problématiques de vie aux tiennes. Pas grave heureusement les problématiques mais qui polluent un peu tes heures d’éveil.

Et donc le boulot. Heureusement mon patron est top (même si je ne valide pas toutes ses décisions) et mes collègues plus qu’agréables. Mes valeurs sont mises à mal la plupart du temps, pourtant j’y trouve encore ce qui m’anime. Fort heureusement.

Pour prendre la vie comme elle vient, l’apprécier et la vivre pleinement, je vais faire une petite pause donc, je maintiens l’atelier d’écriture bien sûr et pour le reste on verra. J’ai besoin de clarté avant de poursuivre (ou non) l’aventure…

Bon et beau dimanche à tous et à toutes!

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Atelier d’écriture #23

L’impact avait été brutal. Comme tout ce qui touchait de près ou de loin à sa vie en général. La chance n’avait pas frappé à sa porte, un peu comme pour beaucoup de jeunes filles dans son pays. A la maison, personne pour se soucier de son sort, pas même sa mère qui semblait depuis longtemps avoir rendu les armes d’un combat qui la dépassait. On la disait paresseuse quand elle n’obéissait pas, quand elle rechignait à servir ses frères. On la disait fantasque, dans la lune, particulière en somme. Elle rêvait de prendre son envol, de partir explorer le monde, de traverser les hémisphères, porter des créoles héliotropes et des bas indigo, à la place de son foulard noir.
Foulard maudit. Une aliénation, une privation qui lui imposait d’être une fois de plus ce qu’on attendait d’elle.
Et puis il y avait un mouvement quelque part, une faible secousse, comme un tremblement qui ne voulait pas faire de dégâts. Il y avait eu des femmes et des hommes cette fois qui étaient sortis, qui avaient pris d’assaut la rue, sans faire de bruit au début. Des hommes, c’était surtout ça qui l’avait surprise, des hommes qui disaient non à ce satané fichu noir, à cette odieuse mascarade qu’était leur vie à tous, d’un ton affirmatif qui virait au vindicatif. Des alliés enfin qui lui offrait un sas dans lequel elle pouvait rêver d’un autre monde, parcourir les possibles d’un battement de cil.
Elle s’était faufilée dans la nuit, avant que l’aube ne vienne découvrir ses pas, avant que les regards ne se lèvent sur son imprudence. Les cheveux libres pour la première fois, volants au vent, tels des vagues brunes sur une mer tourmentée. Elle s’était glissée jusque dans la foule, inconnue et fiévreuse.
Puis le taxi, le choc et le noir, encore…

Retrouvez ici les participations de la semaine: Chez François, Chez Josée, Chez Ghislaine, Chez Isabelle-Marie, Chez Jamadrou

Pour la semaine prochaine, je vous laisse écrire un texte à partir de la phrase ci-dessous (qui m’a fait sourire!) Au plaisir!

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Attendre

A l’impatience, je suis
Tenue comme l’enfant
Tant espéré, dans le ventre
Emmitouflé, bien au chaud
Nage et nid
Douillet à souhait
Respirant l’amour
Enchanté, enchanteur.

Extrait de mon recueil de poésie – Accrocher la lumière – disponible sur le site The Book Edition. Vous pouvez aussi me le commander par mail.

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Essayer encore et encore

credit @mariekleber37

J’ai beaucoup de choses pas très loin, des petites choses qui touchent, qui font que le tempo n’est pas toujours aussi juste qu’on le voudrait. Des petits riens qui se bousculent et qui parfois créent un tourbillon. Enfin, des choses un peu douloureuses quand même, quelques souvenirs qui viennent me chahuter et des voix aussi qui viennent jouer avec ce que j’ai de plus fragile – cette faculté que j’ai de presque m’excuser de vivre.

Je m’excuse de tout, depuis près de 42 ans, je m’excuse de peut-être déranger, de ne pas avoir les bons mots, la bonne attitude. Je m’excuse de rire, de pleurer, d’espérer. Je m’excuse d’être un peu, un peu trop. Je m’excuse sans cesse jusqu’à disparaitre, ne pas faire de vague surtout, reprendre ma place près de la fenêtre qui donne sur la cour, rêver à ma guise, imaginer ce que ça serait si…

Je m’excuse et je repars, je fais en sorte que tout aille. Je me tais quand ça bout à l’intérieur. Je fais en sorte que la colère se noie dans un “pas si grave.” Je ne dis rien qui pourrait créer une tempête et qui me laisserait KO. Je rumine un peu et puis ça passe. Mais ça laisse des traces. Et ce sont ces traces qui reviennent en ce moment, qui me font presque que dire que j’ai 9 ans. Ces traces de l’enfance, du tableau noir, des humiliations devant la classe, traces des notes que je dissimule, du mal-être que je maquille avec un joli sourire, traces de ce qui n’a plus d’âge.

Finalement ce “sans vague” qui me pèse parfois c’est aussi ma sécurité, ma sérénité. Je me suis affirmée et ça n’a rien changé. Alors je laisse passer, filer, je me laisse le temps d’avoir quelques égratignures, de lâcher prise, de me laisser être. Je retourne à ce que je suis qui ne fera jamais l’unanimité. Mais qu’importe. Il faut que j’accepte de ne pas toujours faire les bons gestes ou les bons choix, de ne pas être si adaptée, de rire trop fort, de pleurer dans mon coin. Il faut que j’accepte que mes mots ne portent pas, pas très loin, qu’ils soient mis de côté parce qu’ils gênent peut-être, même si en soi ils ne disent rien de mal, ils expriment juste ce que je pense, sens, ressens, estime juste.

Finalement je retourne irrémédiablement à ce que je respire. La vie. En essayant de ne pas emporter une culpabilité qui ne m’appartient pas. En essayant d’être de moins en moins ce que l’on attend de moi. C’est loin d’être évident, c’est même très délicat!

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Un bon sujet d’écriture

Credit @mariekleber37

Placer quelques idées, Léonore savait faire. D’ailleurs elle le savait très bien. En société, elle excellait dans l’art de parler de tout et à tous, sans s’appesantir. Dès qu’une conversation devenait trop précise, elle s’éclipsait, prétextant un malaise quelconque, un besoin de prendre l’air. Elle détestait tous ceux qui parlaient pour ne rien dire et ceux qui ne parlaient pas. Léonore avait son public, un mix de femmes d’un certain rang et d’hommes qui la prenaient pour une déesse. Contrairement aux épouses de ces hommes, Léonore ne se dandinait pas dans des robes trop serrées, ne se divertissait pas en regardant des sitcoms Américains, ne prenait aucun plaisir aux déjeuners composés de salade et de graines, pendant lesquels on parlait mal des autres et n’appréciait aucunement les jérémiades inhérentes aux courbatures qui succédaient aux séances de sport, pour avoir un ventre plat et des fesses rebondies.

Léonore n’était pas les autres et comme sa mère le lui avait souvent répété durant des années, il fallait y voir un coup de chance du destin. Les femmes qui rentraient dans des cases ne faisaient pas de bon sujets d’écriture!

Voici mon texte pour l’atelier de Ghyslaine, avec les mots: Salade, comme, placer, quelques, écriture, courbatures, certain, faire.

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Atelier d’écriture #21

On ne lui connaissait pas de nom mais dans le village les rumeurs allaient bon train. C’est bien connu les rumeurs, ça part de rien et ça fait des ravages. C’est bien connu et pourtant on se laisse prendre, on se confie. Ce qui n’était qu’un petit mot au début devient un grand souffle et puis un énorme n’importe quoi. La rumeur enfle et comme la lave du volcan détruit tout sur son passage. La rumeur c’est comme un enfant en colère qui ne contient plus rien, une petite vision d’enfer sur terre. Et dans un village où les murs sont de papier, où les portes restent ouvertes, où les gens se croisent sur la place centrale, la rumeur n’a pas le temps de se poser, elle grandit sans y être invitée, elle se métamorphose en monstre aussi tôt qu’un passant a le dos tourné. Elle se gave de la crédulité des uns, déguste la culpabilité des autres et sans crier gare tue à bout portant. Mieux vaut ne jamais la laisser naitre!

Quelle reprise! Retrouvez vite toutes les participations: Chez Ghislaine, Chez Isabelle-Marie, Chez Josée, Chez Sandra, Chez Jamadrou

Pour la semaine prochaine, je vous invite à écrire de la poésie en prose (Ce genre se caractérise par sa brièveté, une apparente simplicité mais une densité bien réelle, une unité thématique, un jeu sur les images et une recherche de musicalité), sur le thème de l’odorat.

Posted in Carnets de route, Variations Littéraires

Face à sa solitude…

Au gré des mots sur l’écran, je sens la solitude qui déborde, sur le trottoir se prend le bitume froid ou brûlant. Quand le “deux” fait défaut, même mal boutiqué, même mal vécu, l’autre semble parfois la clé de voute, la seule alternative au vide que l’on sent au hasard d’un couloir, devant la table du salon, le réfrigérateur trop grand, la table autour de laquelle on ne veut surtout pas s’asseoir pour ne pas se rappeler qu’en face hier il y avait une présence, aujourd’hui plus rien.

Je ne sais pas cette solitude là, moi elle me tient, elle me soutient, elle est mon élan quand le monde autour se presse autour d’un verre en terrasse, se visite, se fête. Je ne sais pas la peur du silence dans la maison, moi il m’apaise, il me convient, il me contient. Je ne sais pas alors j’imagine, je m’approche de la peur, j’essaie de saisir le où, le quand, le “sans” devient terreur, quand face à ce qu’on ne peut nommer, on perd de sa vie jusqu’à parfois vouloir esquiver, partir d’un coup.

Ca je le comprends le trop plein de peine, la nostalgie qui brûle et empêche, la mélancolie de l’avant et les blessures qui ressurgissent quand plus rien ne semble aller dans notre sens. Ca je le sais, je me souviens de cette douleur qui étreint et le si peu qui retient. Alors face à la nuit on se demande si ça ne sera pas la dernière. Il suffirait de presque rien pour basculer.

Derrière l’écran alors, je scrute les mots et je me demande si tout va basculer. Je cherche alors ce qui pourrait, non pas remplacer l’absence, juste donner un peu de substance à la vie qui s’ennuie, pas seulement, qui se fracasse doucement. Je cherche ce qui pourrait nourrir ce qui se meurt, sans être brusque, sans trop d’optimiste, juste ce qu’il faut pour que les mots se fassent moins violents, que le coeur retrouve un peu de couleurs.

Mais je sais déjà que je ne dirai pas qu’il faut apprendre à apprivoiser la solitude, qu’elle est amie avant d’être ennemie, je n’oserai pas la langue positivo-bienveillante car la souffrance ne la tolérerait pas. Je n’irai pas disserter sur la nécessité du “face à soi” car je sais que nos personnalités ne s’imitent pas.

Je laisserai les mots d’amitié glisser sur l’ardoise des jours de pluie, de mieux aussi, quand un petit rayon vient donner envie d’y croire pour quelques heures, laissant de côté la douleur. Je leur insufflerai un brin de magie pour qu’ils atteignent leur cible en atténuant la solitude, en diminuant l’angoisse, en important un peu de plus dans le moins.

Posted in Tout un poème, Variations Littéraires

Merci

On se sera dit “merci” une fois, dix fois, trente fois, cent fois. Jamais une fois de trop. On se le redira encore.

Merci pour les sourires et ce temps, si précieux, qui nous fait nous rencontrer avant de nous éloigner, qui nous garde quelque part entre la présence et l’absence, qui nous maintient vivants quand le monde semble se perdre. Merci pour toutes les incertitudes nouées, dénouées, les doutes interrogés, les paris pris, les mains liées, les rendez-vous qu’on voudrait voir s’éterniser.

Merci pour les choses d’une simplicité déconcertante, qui les méritent à peine – on pense – qui méritent pourtant plus et qui au contact des larmes se gonflent de la vanité d’exister.

Merci pour tous les passages à la limite, comme sur un fil, si fragile, ces instants où on a cru ne plus pouvoir, ne plus tenir, où la peur a été la plus forte, où la joie n’a pas fait le poids, entre la raison et le cœur, une troisième voie, celle d’un peut-être esquissé face à la nature défigurée. Et puis nos bras de dentelle de maux habillés jusqu’à ne plus porter que l’éclat des retrouvailles.

Des “merci” comme autant de conscience de nos chances à être, évoluer dans cet espace par nos individualités habité, dépourvues de ce qui nous tiraille ailleurs, de ce qu’il faut faire et être avec tant d’autres. Jamais ensemble. Perdus parfois par trop de questions, retrouvés par tout ce qui nous lie au-delà de ce que l’on vit.

Merci pour les parenthèses apprivoisées, saveurs aux déclinaisons infinies, qui laissent des images comme des pas sur le ponton qui sépare la terre de l’océan. Des “merci” aussi vastes que l’eau, les éléments, l’horizon, là-bas, ce qui se vit et ne se dit pas. Les mots n’auraient pas le pouvoir de décrire l’intime, le lié de nos corps, aquarelles sur le papier vivant, confondus jusqu’à ne plus pouvoir prouver si il fut un temps où nous n’étions pas amants.

Merci pour le regard qui vient toucher les blessures jusqu’à les rendre translucides, jusqu’à ce qu’elles ne soient plus ce marécage potentiellement mortel, mais des nappes décorées de possibles. Pour les tremblements et les frissons, l’émerveillement d’hier intact, bercé par le tempo des notes patiemment accordées. Pour l’ordinaire devenu extra par le seul pouvoir d’une communion dont nous sommes les seuls à détenir la clé.

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Atelier d’écriture #20

L’atelier reprend du service après une pause estivale qui a joué les prolongations. Je vous retrouve avec plaisir et vous propose, pour la semaine prochaine, d’écrire un texte à partir de la phrase d’introduction suivante: “On ne lui connaissait pas de nom mais dans le village les rumeurs allaient bon train…”

J’espère que cela vous inspirera. En attendant, à vos plumes et vivement mercredi prochain!

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Un heureux évènement

Il y a eu ce temps où l’annonce d’une grossesse, d’une naissance me laissait au bord des larmes. Je sentais comme mon cœur se déchirer. Et personne ne semblait comprendre ce cataclysme, cet impact brutal, ce vide abyssal dans lequel je plongeais tête la première.

En 2012, quand je suis rentrée en France, le cœur vide et mon ventre plein, pour me rassurer, on m’assurait que la vie n’était pas finie, que j’aurai d’autres enfants. Mais la vie est passée et mon ventre est resté vide.

J’ai mis du temps à intégrer qu’il me fallait faire le deuil de cette famille dont j’avais rêvé, de ce deuxième enfant qui ne viendrait pas, qui n’existerait jamais que dans mon esprit. Un deuil que j’ai fait seule, jour après jour, comme tant de femmes. Un deuil comme une traversé du désert, à ne pas pouvoir s’émouvoir, à travestir la vérité, à compter les années pour pouvoir se dire “trop tard”, à ne plus savoir se réjouir pour les premiers, les deuxièmes et les troisièmes…

Puis, attendre que ça passe. Ecrire, vomir l’inexistant. Faire sortir le mal. A tous prix.

Et apprendre deux naissances à deux jours d’intervalles, sentir la nouvelle se frayer un chemin, la joie se mêler à l’émerveillement, se sentir de nouveau ouverte à la vie, celle qui nous avait désertée, celle qui faisait si mal en ne faisant rien.

Réaliser que la blessure est apaisée.

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Bribes d’été – Aout 2022

Les vacances s’en sont allées. Elles furent bonnes et douces, vivantes et chaleureuses. La fin de l’année scolaire, entre le décès de ma grand-mère et un moins de juin très difficile à la maison, peuplé de crises d’opposition à répétition, m’avait mise KO. Il me fallait de nouveaux repères et faire le plein d’énergie.

Quelque chose s’est passé, de l’ordre d’un miracle peut-être, loulou a changé d’un coup d’un seul. En l’espace de 15 jours mon petit garçon s’est transformé. L’air de la mer peut-être ou une discussion coeur à coeur avec sa grand-mère qui lui a permis de mettre des mots sur une réalité qui ne lui était pas encore accessible.

Voilà, cet été nous avons profité des cousins, des amis, de la famille. Nous avons passé du temps ensemble, balades à cheval, vélo, baignade, pêche aux palourdes, découverte des marais-salants, mini-golf, concerts, glaces et marché artisanal. Loulou sait enfin nager comme un grand, grâce au soutien de ses grands-parents qui ont repris le chemin de la plage cette année, avec plus d’énergie aussi. Nous avons tous apprécié ce vent de sérénité!

Credit @mariekleber37

Cet endroit c’est mon cocon à moi, ma terre, là où je sais que je peux m’asseoir et refaire surface. Toujours. Cette année n’a pas échappé à cette règle vieille de 41 ans! J’ai même réussi à lâcher mes éternels questionnements (et pour le moment ils ne m’ont pas rattrapés!)

Ces quinze jours ont été l’occasion de finaliser le tri des affaires de ma grand-mère. J’ai passé beaucoup de temps le nez dans les photos, je me suis offert un voyage au pays des souvenirs. On a souri et ça a permis de voir qu’il y avait aussi des bons moments, avant que tout ne se brouille. C’est ce que j’ai décidé de garder.

Loulou s’est fait de nouveaux copains/copines au poney. Et très vite nous avons enchainé les soirées pizzas! On le sent dans son élément et je suis heureuse de partager cette passion avec lui. Nous avons même réussi à entrainer quelques amies en balade avec nous!

Ces vacances se sont achevées par un weekend entre filles sur Vannes. Un weekend de rires et de confidences sous le soleil et un peu de pluie. Un weekend ressourçant pour nous toutes, qui avons des vies bien chargées mais gardons cette amitié bien vivante depuis le lycée. Nous avons donc une fois de plus savouré notre chance d’être réunies.

Et la rentrée est arrivée. Et nous étions remplis d’énergie et de paix pour reprendre le cours de notre quotidien.

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La rentrée pour tous (Mon dernier né)!

La rentrée c’est pour les petits et pour les grands. Cette rentrée 2022 est donc l’occasion pour moi de vous parler de mon nouveau recueil de poésie!

Il est né au cœur de l’hiver, un hiver en jaune et bleu. La poésie a toujours été là dans les moments où je ne savais plus comprendre le monde, dans les moments où je ne savais plus nommer les choses, les hommes, où je n’avais plus de mots justement pour venir à bout de ce qui dépasse l’entendement.

Et il est resté là avec ces deux premiers poèmes un certain temps avant que je ne reprenne la plume et que je lui donne une direction. J’avais envie de légèreté après l’hiver, de douceur, de mots qui font du bien, de lumière.

Esprit égaré dans le
Tumulte des éclats de rire
Eternel recommencement

C’est d’ailleurs au cours d’un brainstorming familial printanier que son titre m’a été soufflé. Il l’avait sur la bout de la langue et je l’ai attrapé au vol, fascinée par ce qu’il avait compris du peu de mots que j’avais prononcé.

Accrocher la lumière

Et s’arrimer aux étoiles. Ce recueil est composé d’acrostiches, l’un menant à l’autre, comme un voyage dans un Monde qui me ressemble davantage et que je vous invite à découvrir, au fil des pages et des instants posés.

Délivrer les ponctuations
Immobiles
Relier les syllabes
Et lâcher les mots

Quant à la couverture, je la dois aussi au petit garçon qui m’a soufflé le titre. Il a su, sans s’en rendre compte, saisir l’essentiel dans cette photo spontanée, sans effet et sans filtre.

Je vous laisse découvrir tout cela sur le site The Book Edition et vous remercie par avance pour l’accueil que vous réserverez à ce nouveau né!

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Il m’arrive de…

Credit @mariekleber37

Il m’arrive encore de me sentir en marge de son monde. Comme un morceau de terre brinqueballé par ses propres vents contraires, un navire dont l’ancre se tient loin du port, pour ne pas effleurer les contours d’une solitude tantôt sereine, tantôt subie.

Il m’arrive de m’absenter pour me protéger, de m’en remettre à l’instant sans pensée de ce qu’il pourrait être ou faire, sans imaginaire. Et vient ce laps où le temps n’est plus la donnée d’aucune équation. Je ne suis que dans la liberté offerte par ce qui vient.

Il m’arrive de me demander ce que ça ferait si…

Et puis il est de nouveau entre deux mondes, presque à portée de voix, et mon cœur s’emballe, et mon esprit s’échauffe et mon corps entier se meut en pulsations frénétiques de désir. Je ne suis plus cette terre à moitié décrochée de la sienne. Le chaos des sentiments revient en force et il me faut retrouver le chemin, faire taire ce qui me fait encore trembler pour ne retenir que ce qui me fait toujours vibrer.

Il m’arrive de me demander comment tout cela est encore vivant, après la distance, les secousses, l’effondrement régulier de mes ressources, après les peurs et les secrets. Après les voix des autres, celles qui murmurent l’indécence et mes fêlures. Après ma propre voix/voie soumise à tant de paradoxes, qui se cherche toujours.

Il m’arrive de prier Chronos et son temps, lui demander de m’en laisser davantage, pour ne plus avoir à compter soigneusement l’attente, à soigner singulièrement la présence.

Il m’arrive de ne plus trop savoir où j’en suis ni à quoi j’aspire, de vouloir plus tout en sachant que ce n’est pas une solution viable. Mais alors je croise son regard, et je me dis que quoi qu’il m’en coute de doutes et de peurs, de remises en question, de sensation de faire tout ou presque de travers (pas comme les autres en tous cas), ‘nous’ deux ça à le mérite de m’offrir des instantanés de pure joie et de jouissance délicate.

Alors mes choix m’apparaissent soudain, non pas censés, mais justes et libérateurs.

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Rechercher le beau

Credit @mariekleber37

Le décès de ma grand-mère a fermé une page de vie, pas des moindres. Un départ prévu et prévisible, ce qui ne rend pas forcément les choses plus évidentes mais dans notre cas, nous nous étions déjà tout dit, soit à peu près rien!

Je ne peux pas écrire ces lignes sans me rappeler que fut un temps ma grand-mère était mon univers. Elle seule semblait me comprendre, savoir me conseiller, toujours m’écouter. Nous avons eu une relation très fusionnelle, si fusionnelle que pendant des années j’ai cru qu’elle ne partirait jamais, comme si elle avait été faite d’une autre étoffe que la nôtre.

C’était le cas, d’une certaine façon et je l’ai compris plus tard, quand nous nous sommes retrouvées l’une face à l’autre, et que son chagrin a envoyé valser le mien. Il y avait une hiérarchie des sentiments et ma peine n’avait pas sa place dans l’épreuve que nous vivions. Nous nous sommes alors dessoudées et la suite de cette aventure qui avait pourtant très bien commencée a été comme une chute lente et vertigineuse.

Vivre avec ses morts c’est une chose, ne chercher que le moche, faire de la souffrance son domaine de prédilection en est une autre. Le bonheur chez nous c’était tabou. D’ailleurs ce n’était pas pour nous. Quand tout allait bien, ça n’allait pas. Il lui fallait toujours insister sur la petite fissure, jouer avec les événements, les éléments, tirer le fil d’une confession sans importance. Se nourrir du malheur des autres pour créer le sien. Est-ce qu’on avait besoin de ça?

Rien, absolument rien, n’échappait à son contrôle permanent. Tout était sous projecteur déformant. Un mot pouvait générer un tsunami. Et tant qu’elle pouvait nous monter les uns contre les autres, elle jubilait, sous couvert d’une grande générosité. Excessive. Maladive.

Vouloir le beau, le voir, le respirer c’était une trahison, un coup d’éclat. Il ne fallait pas. Mais voilà, elle n’est plus là. Elle a tout emporté avec elle, ne me laissant que les jolies photographies d’une relation en points de suspension. Je les ai choisies, une par une. Je les ai triées pour en faire ressortir les couleurs, bien décidée désormais à cultiver ce qui m’a longtemps été interdit: le sublime de la vie!

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Confidences

Nous nous sommes livrées, comme les amies savent le faire, sans limite et sans fard. Vingt ans et plus de nous, vingt ans et plus avec ses hauts, ses bas, ses montagnes russes, ses séparations, ses départs, ses fous rires, ses joies, ses quarts d’heures en suspens, ses naissances. Très peu d’ombres au tableau de notre amitié.

Tout semble si simple quand on est ensemble, quand on peut tout se dire, jusqu’au plus intime, jusqu’à l’intérieur de nous, aux minuscules particules du chagrin qui nous bouscule et aux poussières d’étoiles qui nous consument. Parler de nos espoirs et de nos abandons, de ce que l’on garde secret tellement cela semblerait suspect au premier regard de quelqu’un qui ne nous connaitrait pas.

On s’est tout dit, du plus simple au plus complexe. Rien n’échappe aux confidences quand on commence, quand on lance la machine, quand des larmes se glissent et des maux se déchirent, quand nos langues ne se parent plus de masques, quand nos yeux ne cachent rien.

On s’est dit même ce que l’on ne se dit pas, emportées que nous étions par l’instant, on a dit nos blessures et nos petites failles quotidiennes, les fêlures qu’on se traine pour faire comme les autres, les engagements que l’on fuit pour ne pas se blesser, les mensonges sans importance qui nous gardent les pieds sur terre même si le cœur est brisé par endroits, même si il ne tient plus trop en place parfois.

Des confidences comme les tresses d’un lien qui défie nos modes de vie, nos choix, nos personnalités si variées, nos besoins si différents. Confidences qui nous tiennent chaud les jours de doute et nous confortent dans l’assurance qu’ensemble nous sommes fortes malgré les aléas de la vie. Envers et contre tout, unies!

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Dentelle de mots

Crédit Pixabay

Danse des sens
Elaboration des mouvements
Nappe d’eau claire
Translucide sur la peau
Eveille les contours de
La hanche jusqu’aux
Lèvres en
Eclats de diamant

Poésie extraite de mon nouveau recueil de poésie à paraitre en septembre. Je vous en dis plus très très vite!

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Ce que j’ai appris de l’amour…

J’ai toujours aimé passionnément, sans filtre, un peu trop parfois. J’ai toujours cherché l’amour de l’autre dans chacun de mes faits et gestes, un amour rassurant et je l’ai rarement trouvé. J’ai finalement souvent été dans des relations déséquilibrées, moi avec mon besoin omniprésent de reconnaissance et l’autre avec son incapacité à m’apporter ce dont j’avais besoin. Là où j’avais besoin de mots, j’ai dû faire face au silence et ne sont restés que les maux de relations avortées. Responsabilité partagée.

Le réaliser à ouvert une brèche. Est-ce que c’était ça l’amour, une incompréhension réciproque? Est-ce que c’était moi qui était trop, qui demandait quelque chose d’inaccessible? Est-ce qu’il existait autre chose, une compréhension, une acceptation ou bien mes amours étaient-ils tous voués à l’échec?

Alors que ma passion débordait, les questions des autres me heurtaient. Il leur fallait une justification à des relations sentimentales qui semblaient ne pas me convenir, qui m’empêchaient, me faisaient faire du sur-place, qui tôt ou tard prendraient fin – c’était presque écrit!

Les questions des autres, pas sournoises, juste curieuses, me déstabilisent encore. Je n’ai pas toujours les mots mais plus je sais ce que je ressens, plus je comprends mes peurs et mes envies, plus je sais y répondre. Pas toujours. Parce qu’il reste des points d’interrogation sur lesquels je ne suis pas encore prête à me poser, des réalités que je cherche à nuancer.

Après la passion des premiers mois, de la première année, j’ai toujours surnagé pour maintenir le cap. Si il n’y avait plus cette envie irrésistible d’être à deux, plus cette étincelle de désir, si il n’y avait plus cette sensation de flottement, plus cette envie de se plaire, plus cette sensation du temps qui se suspend, alors que restait-il? Bien souvent rien, parce que les sentiments, loin de ne pas peser lourd, ne faisaient pas le poids face à ce qui les faisaient trembler.

Ce poids je l’ai très fortement ressenti depuis le Covid, j’ai eu des pulsions d’abandon, j’ai remis en question mes choix, je me suis sentie fragile très souvent, malhabile avec mes sentiments, j’ai senti que quelque chose avait comme disparu. Mais ce n’était pas l’étincelle, c’était les démons d’avant, ceux des relations qui n’avaient pas tenues, c’était cette pensée que si l’autre ne comprenait pas entre les lignes, si ses choix ne m’incluaient pas à 100%, alors il fallait se retirer de la partie.

En 18 mois, j’ai oscillé fortement, les vagues m’ont rarement autant secouée. Dans ce flot ininterrompu de sensations désagréables, de tensions impalpables, de prises de conscience anesthésiantes, j’ai essayé de rester attentive à ce petit havre de paix que nous avions construit, intouchable, presque irréel, et pourtant là, dans des instants aussi éphémères qu’éternels.

Finalement, il n’y a aucune loi qui dit ce qu’est l’amour ou ce que l’amour n’est pas. Il faut peut-être juste être prêt à faire face à ce qui nous bouscule, un peu, beaucoup, sans toutefois perdre de vue de quoi nous sommes faits.

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Bribes d’été – Fin Juillet 2022

L’été se poursuit…

Credit @mariekleber37

Après la chaleur du Sud, la fraicheur de Dublin. Un weekend dans ce pays “cher à mon coeur” m’a offert une pause amicale salutaire. C’est toujours un peu comme retrouver ses racines. Ce qui me trouble à chaque fois, c’est que ce pays n’a rien perdu de son charme. Seuls les souvenirs heureux demeurent pour moi. Les mauvais n’ont pas entaché mon amour pour l’Irlande, ses habitants, sa culture, ils se sont perdus dans le néant tout simplement.

On dit souvent combien il est essentiel de profiter de l’instant présent. On peut dire que ce voyage m’a offert d’être pleinement dans chaque instant partagé avec mes amies. Le bonheur de se revoir, de partager quelques épisodes marquants de nos derniers mois, les projets qui nous tiennent chaud.

L’énergie époustouflante de l’une, les émotions toujours aussi vivantes de l’autre, la chaleur d’un foyer, des retrouvailles qui laissent de côté les heures plus douloureuses de la vie, des sourires et des embrassades à faire taire tous les chagrins, des maux sur les heures de silence. Et le plaisir toujours aussi intact, la joie furieuse de savoir, de voir que nos liens sont pour toujours forts et solides.

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Retrouvés la pluie, les collines au loin, les maisons de briques, les porridges du matin, une langue si familière, un accent si particulier, les bus à deux étages, les scones de chez Avoca, le thé Lyons, Bushy Park et Dawson Street, la musique dans les rues de la ville, le canal, les 4 saisons en une journée, le bord de mer, mes quartiers préférés, une atmosphère, les “bonjour” sans “ca va” fuyants, les cafés de quartier, la frénésie des sorties du weekend, les files de taxi sans fin, les chocolats chauds très chocolatés, les longues balades de bon matin, les maisons élégantes qui font rêver, les découvertes ou redécouvertes…

Credit @mariekleber37

Quand je suis partie pour l’Irlande il y a 16 ans, je ne pensais pas que ce pays deviendrait un autre “chez moi”, que j’y serai accueillie avec autant d’enthousiasme et de sincérité. Quand j’ai quitté l’Irlande il y a 10 ans, je savais que j’y laissais un peu de mon cœur…

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Plus que quelques jours de travail et je prends la direction du bord de mer pour deux semaines de vacances avec Loulou. J’espère que votre été se passe bien et que vous profitez de ce temps de pause pour vous ressourcer, de la manière qui vous convient!

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Les âmes de l’aurore

Le ciel

Et ses nuages en forme d’histoires
Destins charriés par les âmes
Dont les yeux côtoient les étoiles

A l’heure où le monde s’endort
Elles ne font qu’un avec la mélancolie
Cette passion douce dont tant se méfient

Elles errent entre deux émotions
Chapardent des sourires aux luminaires
Et se blottissent dans l’atmosphère

Habitat cocon pour ces
Âmes nimbées d’aurore
A fleur de corps

Au petit jour, on les voit se hâter
Sur l’asphalte des rues
A tout jamais perdues

Dans la foule des pas, pressés
Jungle d’habitude
Habitée de solitude

Elles se laissent aller à inventer
Un monde aux accents argentés…

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Bribes d’été – Juillet 2022

Les vacances ont débuté le 9 juillet avec un départ – direction le Gard. Loulou était fiévreux mais heureux de partir retrouver ses copains. Et moi de revoir mon amie, celle qui envers et contre tout a une foi inébranlable en moi! Et l’inverse est vrai aussi. Je connais sur le bout des doigts toutes les forces qu’elle ne voit pas. Niveau confiance en nous-mêmes, nous affleurons le zéro pointé. Heureusement, nous savons nous dire les choses et nous remotiver quand le temps est à l’orage!

Une semaine entre piscine, farniente, discussions spirituelles, lectures, plats sains, jeux et rires, parsemés de quelques batailles perdues d’avance avec des enfants à la pointe de leur art en matière d’opposition! Cinq jours, trop peu. L’année prochaine, nous remettons le couvert, en espérant que les enfants seront sortis de cette phase qui semble s’éterniser depuis qu’ils ont l’âge de parler!

Malgré trois jours de fièvre, des maux de tête, de gorge et une petite myosite pour couronner le tout (sinon c’est beaucoup moins drôle, surtout dans un tout petit village perdu au milieu de nulle part, sans médecin et sans pharmacie et avec une amie coincée du dos qui ne pouvait pas prendre le volant) – loulou a profité de son séjour et compte déjà les semaines avant le prochain rendez-vous!

Nous sommes ensuite partis terminer notre première semaine de vacances près de Toulon, où une chaleur écrasante a accueilli nos corps reposés. Quelques heures et nous barbotions dans une belle eau bleue, masque et tuba en main! Je retrouvais mon filleul, après quatre ans d’absence – que de changements! Et une amie aussi! Pour loulou c’était une première et je crois que ça sera la dernière aussi. Autant il adore bouger et faire plein d’activités, autant il est attaché à son petit rythme, ses grasses matinées et supporte mal les heures de voiture et la foule – un peu comme moi quoi!

Un beau feu d’artifice, une journée à l’île des Embiez, une glace sur le port et une plage au sable “or” plus tard, nous reprenions le train pour Marseille, puis Paris, avec son lot de péripéties (retard de train, bagage oublié, évacuation et service de déminage – c’est ce qui met du piquant!) et un quotient fatigue élevé. Mais les retrouvailles en valaient la peine, ayant pris le parti avant de partir, de laisser mes propres jugements à la maison et d’accueillir ce qui viendrait, même si ça ne collait pas à mes opinions. C’est bien ça aussi l’amitié, accueillir l’autre dans tout ce qu’il est!

Retour à Paris pour moi et vacances sur la côte ouest pour Loulou, avant nos retrouvailles dans deux petites semaines. A suivre…

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Le prix fort

Hier, on nommait cela courage. Aujourd’hui, j’en paie le prix. Sûrement moins élevé que si j’étais restée. Mais alors, à quoi tout cela a t’il servi? Puisque quoiqu’il advienne il sera toujours en manque de cet autre, de ce père qu’il n’a pas.

Je l’ai porté dans la détresse, j’ai voulu le donner parce que je ne me sentais pas capable de l’aimer, de l’élever. Puis je lui ai donné naissance, en priant fort, très fort pour ne pas manquer à ma tâche, pour ne pas laisser la colère, ma colère prendre le dessus, pour être là.

Mais j’ai été là, dans tant de déchirures. Je ne pourrais jamais le dire sans m’effondrer alors je ne le dis pas, je fuis ce que j’ai été, la mère et ses cris, la mère et sa douleur, la mère et sa folie.

Il ne laisse rien passer, enfant réservé en société, il déverse tout derrière la porte, il se cogne contre mon désarroi et mes failles, je me cogne contre son chagrin qui se dit en mots qui frappent fort, en opposition perpétuelle.

Il y a des jours où je ne sais plus comment l’aimer, en posant quelles limites, en lâchant quelles résistances. Je suis face à une équation qui me tiraille. Je me sens vide, vidée, à cran, à bout. Aucune solution ne semble tenir plus de quelques heures, quelques jours. J’en viens, une fois de plus, à redouter ce temps seule avec lui.

Et lui, il dit son mal, son mal être, sa colère envers moi à défaut d’avoir un papa. Je l’aurais privé de ça. On dit que nos expériences nous construisent, elles ont aussi malheureusement le pouvoir de détruire.

Quelques fois, j’ai envie qu’il soit grand déjà, qu’il soit loin, pour ne pas avoir cette impression quasi systématique de tout rater. A fleur de peau, c’est à moi qu’il en veut alors que c’est l’autre le fautif. Une injustice de plus.

Qu’aucun thérapeute ne peut guérir. De toute façon il ne veut pas. L’amour encore une fois a ses limites, il ne fait pas le poids face au vide, à l’absence, face à ce manque dans lequel il se construit et tente par tous moyens d’exister, jusqu’à se faire, nous faire du mal, jusqu’à ajouter des blessures, à amplifier les ruptures.

C’est toujours douloureux et provoquant, toujours terriblement angoissant. Et ça fait se balancer mes larmes au creux des yeux, faute de mieux. Avant de repartir comme un soldat au combat, prête à tout pour trouver la clé d’un avenir plus serein. Jusqu’à quand aurais-je cette énergie là?

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Je ne comprends pas le monde, alors…

Photo by Suzy Hazelwood on Pexels.com

Je le laisse là où il est, là où il en est, je le laisse avec ses maux, avec ses égos qui grèvent la surface du quotidien, je le laisse avec ses sourires qui sonnent faux, ses manies qui m’agacent, ses bruits qui me tracassent, je le laisse avec ses décisions de taire ce qui est important, de faire comme si de rien n’était, avec ses lois qui trahissent la mémoire.

Je me catapulte dans un autre espace, je me laisse porter par une magie qui défie les âges, surprendre par la beauté instantanée, je me laisse aller à rêver d’un autre monde, plus juste et moins diabolique, un monde sans hiérarchie, sans salaires inconfortables, sans émoluments considérables, sans ce regard méprisant de ceux qui se croient plus “grands”.

Je pars en voyage dans les livres, les époques, dans les pays, les destins, je m’offre du bon temps dans des territoires inconnus, je glane ici et là des idées douces et complètement folles. J’imagine tant de possibles, qui dans la sphère du monde tel qu’il est, se désagrègent sans que je puisse les retenir.

Je me vautre dans le luxe des soirs de solitude, dans la fragrance d’un parfum qui m’inonde de souvenirs, dans le frisson d’un rire qui fait des ricochets sur les murs de la maison, dans la caresse d’une étreinte qui sublime mes doutes et se décline en audaces.

Je le laisse avec ses silences et ses gourous, ses manques d’empathie, son écoute approximative, ses tentatives d’usurpation, ses fausses approbations, avec son lot de limites et de fichus au revoir qui me mettent le cœur en vrac, avec sa drôle de façon de prendre soin de l’humain.

Je pars en vacances, au soleil, je pars loin de ce que je ne comprends pas. Je pars sans ces bagages qui se font parfois trop lourds pour une seule âme. Je pars pour le bruit cristallin de l’eau de la rivière, un petit coin pour refaire ce monde qui me malmène et dans lequel je peine parfois à trouver mes repères.

Je vous souhaite de trouver ces espaces où vous ressourcer et je vous dis à très vite!

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Atelier d’écriture #19

Léa le regarde entrer dans l’eau. Il dit qu’il sait, où se trouve la source, qu’il l’a rêvée à demi dans l’obscurité de ses songes. Elle le laisse faire, le laisse s’approprier l’espace, un souffle d’air chaud à portée de regard. L’eau, là où il se trouve, se charge d’éléments indistincts qui forment comme un nuage de poussière. Il ne semble pas le remarquer, alors qu’elle ne voit que ça, cette vague opaque qui s’accumule et gâche le paysage. Elle appelle son nom mais rien ne sort, tout est froissé autour d’elle, d’eux. Elle sent déjà qu’il lui échappe…

Retrouvez ici les textes de cet atelier: Chez Josée, Chez Isabelle-Marie

***

Je vais mettre l’atelier en pause le temps de l’été, car je suis peu présente ici, occupée voir très occupée ailleurs. Je vous souhaite de belles et douces vacances! Et vous dis à très bientôt!

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Nos “paraître”

Des lignes comme des histoires
Qui racontent ce que l’on cache
Que l’on croit pouvoir
Dissimuler sans faire de tâche

Des sourires comme des masques
Portés à bras le corps, à coup de cœurs
Froissés par la pudeur
Qui recèlent des rides flasques

Des mots, pressés, pressants
Des actes moqueurs, manquants
Des gestes faux semblant

Des déhanchés comme des combats
Un port de tête, des ronds de jambes
Paraitre ce que l’on n’est pas
Qui se ressemble s’assemble

Et qui ne comprend pas reste là à regarder
Tous ces êtres sans substance
Qui cherchent à s’imposer
Tout en perdant de leur essence

Posted in Atelier Ecriture L'Atmosphérique

Atelier d’écriture #18

“Oui puisque ce soir on en parle, puisque ce soir tu me le demandes sans détour, je serais même prêt à aller jusque là, à faire ça pour toi, tu as l’air de tellement y tenir, ça à l’air si important pour toi, alors si ça peut te faire plaisir pas d’état d’âme, je te suivrai, je ferai ce que tu me diras.

Je me demande quand même comment nous en sommes arrivés là, à cette idée farfelue. Je fouille ma mémoire à la recherche de cette discussion que nous avons eu et qui revient sur la table ce soir. Un truc d’envies et de fantasmes. Est-ce que je m’attendais à ça? Pas le moins du monde. Je pensais que tu me sortirai un bon vieux cliché: l’ascenseur, la voiture, la forêt la nuit ou encore un lieu bondé en plein jour. Oui c’est ça, du classique, voir un truc un peu barré de soumission ou de te faire l’amour sans te toucher. Tu vois, j’avais déjà plein de scénarios en tête.

Et d’ailleurs où as-tu pu pêcher cette idée? J’aurai dû aller jeter un coup d’œil dans les magazines que tu ramènes toutes les semaines et qui me font l’effet d’être de la guimauve de bazar. Ils t’en vendent du rêve inaccessible devant lequel tu baves comme une adolescente transie.

Enfin, maintenant que j’y suis, plus le temps de maudire les journalistes ni de faire marche arrière. Chose promise, chose due, je ne suis pas du genre à renoncer. Alors comme je suis un amoureux aux petits soins, je vais te lécher un à un les doigts de pieds comme tu me l’as demandé avec un sourire espiègle. Mais sache que ce n’est vraiment pas ma tasse de thé!

Retrouver les textes ici: Chez Ghyslaine, Chez Josée, Chez Isabelle-Marie

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Merci de votre patience pour cet atelier. J’ai été prise par des affaires personnelles ces dernières semaines et je n’ai guère eu de temps pour cet espace. Je reprends mes bonnes habitudes tout doucement. Pour la semaine prochaine, je vous invite à écrire un texte à partir de cette photo – Crédit Olivier Reynes