
J’ai toujours aimé passionnément, sans filtre, un peu trop parfois. J’ai toujours cherché l’amour de l’autre dans chacun de mes faits et gestes, un amour rassurant et je l’ai rarement trouvé. J’ai finalement souvent été dans des relations déséquilibrées, moi avec mon besoin omniprésent de reconnaissance et l’autre avec son incapacité à m’apporter ce dont j’avais besoin. Là où j’avais besoin de mots, j’ai dû faire face au silence et ne sont restés que les maux de relations avortées. Responsabilité partagée.
Le réaliser à ouvert une brèche. Est-ce que c’était ça l’amour, une incompréhension réciproque? Est-ce que c’était moi qui était trop, qui demandait quelque chose d’inaccessible? Est-ce qu’il existait autre chose, une compréhension, une acceptation ou bien mes amours étaient-ils tous voués à l’échec?
Alors que ma passion débordait, les questions des autres me heurtaient. Il leur fallait une justification à des relations sentimentales qui semblaient ne pas me convenir, qui m’empêchaient, me faisaient faire du sur-place, qui tôt ou tard prendraient fin – c’était presque écrit!
Les questions des autres, pas sournoises, juste curieuses, me déstabilisent encore. Je n’ai pas toujours les mots mais plus je sais ce que je ressens, plus je comprends mes peurs et mes envies, plus je sais y répondre. Pas toujours. Parce qu’il reste des points d’interrogation sur lesquels je ne suis pas encore prête à me poser, des réalités que je cherche à nuancer.
Après la passion des premiers mois, de la première année, j’ai toujours surnagé pour maintenir le cap. Si il n’y avait plus cette envie irrésistible d’être à deux, plus cette étincelle de désir, si il n’y avait plus cette sensation de flottement, plus cette envie de se plaire, plus cette sensation du temps qui se suspend, alors que restait-il? Bien souvent rien, parce que les sentiments, loin de ne pas peser lourd, ne faisaient pas le poids face à ce qui les faisaient trembler.
Ce poids je l’ai très fortement ressenti depuis le Covid, j’ai eu des pulsions d’abandon, j’ai remis en question mes choix, je me suis sentie fragile très souvent, malhabile avec mes sentiments, j’ai senti que quelque chose avait comme disparu. Mais ce n’était pas l’étincelle, c’était les démons d’avant, ceux des relations qui n’avaient pas tenues, c’était cette pensée que si l’autre ne comprenait pas entre les lignes, si ses choix ne m’incluaient pas à 100%, alors il fallait se retirer de la partie.
En 18 mois, j’ai oscillé fortement, les vagues m’ont rarement autant secouée. Dans ce flot ininterrompu de sensations désagréables, de tensions impalpables, de prises de conscience anesthésiantes, j’ai essayé de rester attentive à ce petit havre de paix que nous avions construit, intouchable, presque irréel, et pourtant là, dans des instants aussi éphémères qu’éternels.
Finalement, il n’y a aucune loi qui dit ce qu’est l’amour ou ce que l’amour n’est pas. Il faut peut-être juste être prêt à faire face à ce qui nous bouscule, un peu, beaucoup, sans toutefois perdre de vue de quoi nous sommes faits.