J’ai beaucoup de choses pas très loin, des petites choses qui touchent, qui font que le tempo n’est pas toujours aussi juste qu’on le voudrait. Des petits riens qui se bousculent et qui parfois créent un tourbillon. Enfin, des choses un peu douloureuses quand même, quelques souvenirs qui viennent me chahuter et des voix aussi qui viennent jouer avec ce que j’ai de plus fragile – cette faculté que j’ai de presque m’excuser de vivre.
Je m’excuse de tout, depuis près de 42 ans, je m’excuse de peut-être déranger, de ne pas avoir les bons mots, la bonne attitude. Je m’excuse de rire, de pleurer, d’espérer. Je m’excuse d’être un peu, un peu trop. Je m’excuse sans cesse jusqu’à disparaitre, ne pas faire de vague surtout, reprendre ma place près de la fenêtre qui donne sur la cour, rêver à ma guise, imaginer ce que ça serait si…
Je m’excuse et je repars, je fais en sorte que tout aille. Je me tais quand ça bout à l’intérieur. Je fais en sorte que la colère se noie dans un “pas si grave.” Je ne dis rien qui pourrait créer une tempête et qui me laisserait KO. Je rumine un peu et puis ça passe. Mais ça laisse des traces. Et ce sont ces traces qui reviennent en ce moment, qui me font presque que dire que j’ai 9 ans. Ces traces de l’enfance, du tableau noir, des humiliations devant la classe, traces des notes que je dissimule, du mal-être que je maquille avec un joli sourire, traces de ce qui n’a plus d’âge.
Finalement ce “sans vague” qui me pèse parfois c’est aussi ma sécurité, ma sérénité. Je me suis affirmée et ça n’a rien changé. Alors je laisse passer, filer, je me laisse le temps d’avoir quelques égratignures, de lâcher prise, de me laisser être. Je retourne à ce que je suis qui ne fera jamais l’unanimité. Mais qu’importe. Il faut que j’accepte de ne pas toujours faire les bons gestes ou les bons choix, de ne pas être si adaptée, de rire trop fort, de pleurer dans mon coin. Il faut que j’accepte que mes mots ne portent pas, pas très loin, qu’ils soient mis de côté parce qu’ils gênent peut-être, même si en soi ils ne disent rien de mal, ils expriment juste ce que je pense, sens, ressens, estime juste.
Finalement je retourne irrémédiablement à ce que je respire. La vie. En essayant de ne pas emporter une culpabilité qui ne m’appartient pas. En essayant d’être de moins en moins ce que l’on attend de moi. C’est loin d’être évident, c’est même très délicat!