Je sens le vent souffler et faire bouger les feuilles. Musique matinale. La lumière du jour qui se lève me berce de tendresse. L’automne est installé et d’ici quelques semaines laissera place à une toute nouvelle saison. Je savoure les couleurs déclinées à l’infini, du jaune, du vert, du rouge orangé, du brun, des tâches et des mélanges, du rose et parfois un tourbillon arc-en-ciel qui se pose délicatement sur l’herbe fraîche.
Je me sens partagée entre l’envie de marcher à l’air libre, de remplir mes poumons de cet air précieux et le souhait de profiter de mon intérieur, d’un plaid bien chaud et d’une boisson chocolatée ou épicée.
Je sors des placards les pulls en laine et en cachemire, me réapproprie ces vêtements remisés dans la penderie de l’entrée depuis plusieurs mois. Des couleurs vives et du noir. L’assortiment parfait. Mes pieds habitués à la nudité se plongent dans des bottes et délaissent les chaussures légères qui les ont portés pendant l’été. Je m’enveloppe dans un long manteau, matelassé, entoure mon cou d’une écharpe et glisse mes mains dans des gants fourrés.
Je marche dans les feuilles comme les enfants, comme j’aime le faire dans les flaques d’eau quand la pluie tombe assez pour en recouvrir les trottoirs. Je les envoie valser et me délecte du son qu’elles émettent. Je m’émerveille toujours autant et puise dans l’alternance fraîcheur – chaleur tout ce dont j’ai besoin pour me défaire moi aussi de tout ce qui ne me sert plus.
Je passe du temps en cuisine, un peu plus de temps, reprenant contact avec les aliments de saison. Ca mijote et mon regard se perd dans le gris du ciel ou la nuit qui pointe peu après l’heure tant appréciée du goûter. J’allume bougies et lumières. Je me laisse bercer par le calme qui règne, par les rires discrets que l’on distingue à peine, derrière les fenêtres fermées.
Je prends mon temps, je me sens moins pressée. Je marche sur l’herbe humide avant de regagner l’atmosphère apaisante de mon foyer.
L’automne me guide et m’accompagne, me donne un an de plus chaque année, m’inspire des textes qui sentent bons la douceur de vivre et le partage, me murmure des secrets et quand l’automne s’en va, sur la pointe des pieds, mon cœur se serre un peu, mon univers met du temps à s’habituer.
Ce texte a été écrit dans le cadre de l’Atelier des Jolies Plumes (24e edition) de Célie et Fabienne: “nous dire ce que vous, vous aimez et ce dont vous avez envie en automne”.
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