
“Tout va bien, ici, maintenant.
Ici, maintenant, tout va bien.“
Zhuai se répétait ces mots dans sa tête, tout en essayant de poser sa respiration.
Elle avait couru si vite qu’elle se demandait où elle se trouvait à présent.
En sécurité.
Dans un endroit où ILS ne pourraient pas la trouver.
Ils étaient montés dans le bus, comme tous les soirs. Comme tous les soirs, ils avaient ri.
Comme tous les soirs, Zhuai avait regardé ses chaussures en tenant de faire abstraction d’eux.
Ils avaient balancé des idioties, comme chaque soir quand ils la voyaient dans le bus.
Elle était descendue à son arrêt, eux aussi. Ils habitaient dans le même quartier. Gamins, ils allaient à l’école ensemble et déjà ils embêtaient Zhuai.
Elle s’était dirigée vers son immeuble et elle avait entendu leurs pas pressés derrière elle, pas comme les autres soirs.
Elle avait prié intérieurement pour que la serrure ne bloque pas, pour que la porte s’ouvre et se referme d’un coup sec.
Elle avait essayé de se rassurer.
Ils avaient été plus rapides, l’un avait bloqué la porte de son pied, l’autre s’était faufilé et l’avait coincée, le troisième s’était approché plus près, trop près.
Et ils l’avaient insultée, elle, Zhuai, parce qu’elle était timide, parce qu’elle était un peu gauche, par pure méchanceté.
Ils lui avaient dit, du haut de leur quatorze ans «tu fais moins la maligne maintenant ! Tu t’es regardée, t’es moche, ta mère t’a fait avec un chien ou quoi ! »
Et ils avaient éclaté de rire, un rire gros comme un bulldozer puis la porte de l’ascenseur s’était ouverte et elle avait profité de ce contre temps pour s’échapper.
Elle avait couru, couru. Droit devant.
Elle avait encore leurs insultes en bouche qui lui donnait la nausée.
Elle avait couru jusqu’à la station, s’était glissé dans le premier wagon, avait entendu le signal et avait commencé à respirer.
Son cœur battait vite, trop vite. Ses oreilles bourdonnaient. Son visage était rouge, sa vision brouillée.
Respirer. Juste respirer. Et se rappeler que tout allait bien.
Ici et maintenant.
Ici, maintenant, tout allait bien.
Ce texte est ma participation à l’atelier 145 de Bric a Book
Une belle participation qui tient en haleine et ne nous rappelle que trop que des jeunes filles qui subissent ce genre d’agression sont bien plus nombreuses qu’on ne nous le dit. Régulièrement des jeunes femmes qui se promènent, d’autres qui font leur jogging, d’autres encore qui sont têtes de turc d’abrutis de morveux, ados ou adultes méchants, désoeuvrés, assoiffés de faire peur et parfois même violeurs. Bravo Marie pour cette participation
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Une scène d’actualité que tu évoques très bien . Les moqueries vont trop loin et font très mal ! Bonne soirée Marie Grosses bises
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Comme d’habitude, c’est bien écrit. J’aime ton imagination. Bravo 👏
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This is intense, Marie, and the line below created the emotions so well:
She still had their insults in her mouth which made her nauseous.
The premise of your story is sickening, but it is also reality.
Well written.
By the way, sometimes I have trouble translating your posts into English. Do you have any magical suggestions? I don’t want to miss them. xo
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Thank you Lauren.
This is a true story. It’s not easier to tell the truth but I know it’s a powerful healing process.
Not sure for the translation, i’ll have a look
Till then, take care
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❤️❤️❤️
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