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Tous ces raccourcis qui nous pourrissent la vie

Virginie l’écrivait ce matin, l’inspiration est partout. Aujourd’hui, elle est arrivée dans une conversation entre collègues. Souvent j’écoute et je ne dis rien. Là, je suis intervenue. Ils parlaient d’un collaborateur en ces termes « il marche à deux à l’heure, il est lent, à côté de Laurence, c’est le jour et la nuit !» Il s’avère que cette personne souffre d’une grave maladie qui la handicape physiquement. Je le sais mais j’ai envie de dire il n’y a pas besoin de le savoir pour voir, ouvrir les yeux, regarder l’autre être et vivre. Et surtout ne pas tirer de conclusions hâtives.

Les raccourcis, nous les connaissons tous, nous en avons fait les frais, nous y avons recours parfois. Nous nous reprenons. Ou nous continuons à déblatérer sur l’autre, comme s’il n’était pas un être humain mais plutôt un meuble, une chose sans importance.

Je me dis assez souvent que les gens doivent vraiment s’emmerder dans leur vie pour parler autant de celle des autres. Et pas souvent dans des termes très élogieux. On en entend tous les jours des raccourcis du genre. Prêtez l’oreille, je suis certaine qu’à la fin de la journée, vous aurez au moins une anecdote à partager.

Je trouve ça triste. Les raccourcis peuvent être inoffensifs comme traumatisants. Ils peuvent faire sourire parfois, en fonction de l’humeur du jour, ou bien être à l’origine de troubles plus graves. On pourrait se dire qu’un raccourci, ça va. Le problème c’est que ce raccourci est souvent partagé. Un raccourci devient une rumeur. Et la rumeur, tout le monde le sait, ça prend des proportions que nous maîtrisons rarement. Sauf qu’une fois que le mal est fait, il n’y a plus de retour en arrière possible.

Un jour, on parle avec un collègue en sortant du travail. Le lendemain, on a une liaison.

Un jour, on file une fessée à  son enfant, à bout de tout. Le lendemain, on le maltraite.

Un jour, on pose un arrêt maladie. Le lendemain, on est une tire au flan payée aux frais de la princesse.

Un jour, on fait un compliment à une collègue. Le lendemain, on est poursuivi pour harcèlement sexuel.

Un jour, on prend une photo de son enfant de quelques mois nu dans son bain. Le lendemain, on est un pervers de la pire espèce.

Un jour, on refuse un verre de vin. Le lendemain, on est une fille coincée, mal baisée.

Un jour, la vie est ce qu’elle est, avec son lot de hauts et des bas. Le lendemain, elle change parce qu’une personne, au lieu de s’occuper de son nombril, a jugé bon d’aller colporter tout un tas d’inepties à votre sujet.

Bien sûr personne n’est à l’abri de dire des conneries. Mais tout le monde peut faire amende honorable. Ce n’est pas compliqué. Il suffit de se mettre à la place de l’autre pendant quelques minutes, généralement c’est assez efficace !

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J'ai l'âme poète...

24 thoughts on “Tous ces raccourcis qui nous pourrissent la vie

  1. Article très juste! Je ne suis pas parfaite mais j’ai toujours pratiqué l’art du “vivre et laisser vivre”. D’ailleurs, la vie m’a appris (à mes dépens) que derrière une apparence, il y a presque toujours une histoire qu’on ne soupçonne pas. Comme anecdote, je me souviens qu’il y a 10-15 ans, certaines personnes me traitaient de “molle”. Ils ne savaient pas que derrière il y avait une histoire de leucémie avec fatigue chronique depuis. C’était blessant mais je ne disais rien car j’avais honte. Maintenant quand j’y repense, j’ai envie de me frapper! J’aurais du les reprendre

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    1. Sur le moment ce n’est pas toujours évident de réagir à “l’attaque” car elle vient raviver une blessure. Mais c’est vrai qu’il faudrait réagir, sans colère, juste pour rappeler aux autres qu’un raccourci est vite fait mais peut avoir des conséquences sur la durée.
      Merci et belle journée à toi

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  2. C’est vrai, on a trop tendance à faire des raccourcis. Cela m’énerve quand des personnes en critiquent une autre sans rien connaitre de sa vie. On juge sans savoir. Souvent, je les reprend (mais gentiment 🙂 ). Peut-être que la personne qui a de grands cernes (ah ! C’est moche !) est malade, ou a mal dormi, ou a travaillé de nuit. On ne sait pas. Donc on ne devrait pas se permettre de critiquer à tout va comme cela. On n’aimerait pas qu’on nous critique, donc ne le faisons pas !
    Merci pour ton article 😉

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    1. Oui en effet on sait souvent peu de choses de la vie des gens. Je crois qu’il faut apprendre à prendre du recul par rapport à nos idées toutes faites.
      Parfois c’est bien de clarifier les choses et parfois ça ne sert à rien.
      Belle journée à toi et merci pour ta lecture

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  3. Tu as raison Marie, et ça commence dans la cours d’école, c’est dans la nature humaine.
    Je ne suis pas parfaite, mais j’ai toujours détesté ça.
    Se mettre à la place de l’autre est un bon début pour commencer avec plus de bienveillance et nous en avons tous besoin, êtres imparfaits que nous sommes !
    Bonne journée Marie !
    Christine

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    1. C’est en nous tu as raison Christine. Le tout est d’arriver à se départir du jugement hâtif. Ça ne fait de bien à personne au final.
      Merci et douce journée à toi.

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  4. Très juste ton billet Marie. Des conclusions hâtives qui font parfois très mal… et quand le mal est fait 😦 Tourner 7 fois la langue dans sa bouche avant de parler, juger. Mais qui sait encore le faire ? Ta réflexion sur le verre de vin me fait beaucoup rire , moi qui ne bois que de l’eau lol Bon après midi Marie Grosses bises

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    1. Oui quand le mal est fait Paulette…
      Je ne bois pas de vin non plus Paulette alors imagine que ce raccourci il me dit quelque chose!
      Grosses bises et bonne journée

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  5. La rumeur est sans doute le plus vieux média du monde.La meilleure façon de ne pas alimenter la rumeur, reste encore pour moi ; de m’’occuper à plein temps, et de façon bienveillante, du seul interlocuteur que je suis en mesure d’authentiquement améliorer : moi-même !

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  6. Tout cela est très bien dit ! Les rumeurs détruisent et blessent… Malveillance ou bêtise ? Je m’interroge parfois…
    Bisous Marie ❤

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    1. Je pense que tu en connais un rayon Cécile. Je m’interroge aussi. Je ne sais pas ce qui est pire.
      Grosses bises et merci

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  7. Faire ce genre de raccourci évite généralement de trop avoir à se pencher sur sa propre vie et voir les choses qui ne vont pas chez nous. Je ne dis pas, j’en fais aussi, même si parfois j’ai la présence d’esprit de faire comme tu dis, prendre du recul et se mettre à la place. C’est enrichissant d’ailleurs, et ça ouvre la porte à la bienveillance.

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    1. J’en fais aussi parfois Cléa. Mais le tout est en effet de s’en rendre compte et de se remettre en question. Tu as raison c’est en plus enrichissant de voir la situation d’un autre point de vue.

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      1. La remise en question n’est malheureusement pas une qualité très répandue, mais je crois que ce genre d’article, écrit avec douceur mais fermeté, peut aider à mener sur ce chemin ❤

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