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Parfois, il faut la guerre…

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Je suis pacifiste dans l’âme. Je ne crois pas au langage des armes. Pourtant il y a quelques années je n’ai eu d’autre choix que d’entrer en guerre. La vérité, c’est que j’ai tenu pendant longtemps, pensant que l’autre partie, l’adversaire, l’étranger lâcherait prise, que nous pourrions à défaut de nous apprécier, nous parler, nous écouter.

Hier je regardais un téléfilm sans importance. Et les souvenirs sont venus me poursuivre jusque dans mon sommeil. Je me suis revue, quatre ans arrière, fraîchement séparée, complètement paumée et émotionnellement très fragile. Le premier rendez-vous chez l’avocat et l’histoire à raconter, dans les moindres détails. Et puis le premier coup de bambou et la tentative de conciliation, l’envie qu’un miracle se produise et mette fin au carnage. Nous n’étions plus amants, plus amoureux, nous étions deux étrangers, deux individus divisés, deux personnes qui s’étaient dit « oui » et se déchiraient.

Il pensera éternellement que c’est moi qui ai déclenché les hostilités en partant. Peu importe. J’ai cru que nous arriverions à être parents, même après le pire. J’ai mis mon orgueil de côté, mon chagrin, mes craintes, j’ai laissé les portes ouvertes, pour qu’il entre, trouve sa place. Et puis la douche froide, les menaces. Et les portes qu’il faut verrouiller à la va-vite.

L’avocat m’avait dit « un divorce ça évolue ». Au début j’ai tendu la main, j’ai tenté une réconciliation. J’ai compris rapidement que ça ne servait à rien, que j’allais me perdre dans cette voie et que j’allais perdre ce que j’avais de plus cher au monde. J’ai pris les armes. Pour défendre les intérêts de notre enfant. Je suis allée contre ce que je suis, contre ce en quoi je crois, contre mes principes. J’ai déballé les détails les plus sordides de mon histoire, j’ai lancé l’artillerie lourde. J’ai encaissé les coups. A terre, j’ai toujours trouvé la force de continuer la lutte. Pour lui. Pour mon enfant.

J’ai eu gain de cause. Ca en valait la peine. Même si ça a été lourd, compliqué, dangereux. Je n’ai rien lâché. Parce que je ne pouvais pas me le permettre, la vie de mon fils sur la balance, en équilibre. Un équilibre fragile que j’ai souvent perdu, faisant à nouveau confiance, tentant de déceler le vrai du faux.

Aujourd’hui quand j’évoque la situation, un papa absent, beaucoup ne comprennent pas ma ligne de conduite. Même moi, elle me surprend parfois. Je ne suis plus en guerre. J’ai lâché les armes depuis longtemps. Je ne négocie plus. Je ne transige plus. Je ne fais plus confiance. J’ai verrouillé les portes. Je reste sur ma position. Et qu’importe ce que les autres en pensent.

Oui, un divorce ça évolue. Beaucoup trop de femmes pensent être « bonnes » en refusant le conflit, en laissant une « chance » au père (je parle uniquement du père manipulateur, violent, absent, qui ne s’est jamais occupé de ses enfants mais devient soudain passionné par eux ou encore celui qui cherche à se venger en utilisant l’enfant comme monnaie d’échange). Chacun pense (et est en droit de le penser) qu’un enfant a autant besoin de sa mère que de son père. Dans certains cas non (cela vaut aussi pour les mères). Alors oui parfois il faut se faire violence, se battre – parce que l’autre, lui, fera tout pour obtenir ce qu’il désire, sans état d’âme.

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J'ai l'âme poète...

32 thoughts on “Parfois, il faut la guerre…

  1. On a beau ne pas aimer le conflit, penser que ce n’est pas la solution, parfois, on n’a pas d’autre choix. Parce-qu’en face, l’autre ne pense pas pareil et n’hésite pas. Alors, si on ne s’arme pas, si on ne se défend pas et ne contre-attaque pas, alors on se fait bouffer, démolir.

    Pour ce qui est de l’enfant, de la présence des deux parents. Bien sûr que, dans l’idéal, un enfant a besoin de ses deux parents avec lui pour l’aimer et l’élever. Mais si l’un des deux s’avère toxique ou pire alors, non, il grandira mieux sans !!!

    Bises

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    1. Et oui tout dépend de la personne que l’on a en face (que l’on croit connaître ou pas – que l’on découvre pire que ce qu’on n’avait soi même imaginé de pire!). Pour faire le poids il ne faut pas hésiter.
      L’idéal pour nous c’est sans le papa. La société est remplie de nouveaux idéaux.
      Grosses bises et merci!

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  2. Je suis soulagée de lire que tu as eu gain de cause.
    Ma mère est assistante maternelle. Elle a été confrontée de nombreuses fois à des séparations houleuses de parents, et a vu les dégâts que tout cela engendrait sur les enfants, quand la garde était accordée au “mauvais” parent. Un père, puis une mère, manipulateurs, qui s’étaient servis de leurs enfants pour toucher l’autre à distance. Des histoires terribles dans la bouche de petits êtres. Et des conséquences graves sur leurs comportements sociaux. Des manipulations dignes de romans noirs.

    Tu t’es battue parce que tu n’avais pas le choix. Je comprends ton sentiment. J’ai dû me battre aussi d’une façon qui me rebute encore pour “survivre”. Je te félicite Marie d’avoir eu cette force !

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    1. Notre chance Rozie c’est que notre enfant ne nous a jamais vu ensemble, puisque nous nous sommes séparés avant sa naissance. J’ai réussi tant bien que mal à le tenir éloigné de tous ces déchirements. Mais je sais qu’il a senti plein de choses, qu’il a pas mal encaissé. Il n’y avait parfois pas besoin de mots pour que ça fasse mal. Les enfants sont les premières victimes de ces drames qui touchent de plus en plus de couples. Ca doit être dur de voir cette douleurs au quotidien sur le visage de certains. La douceur d’une assistance maternelle apaise parfois les plus gros chagrins aussi…
      Merci et douce journée

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  3. Je comprends complètement ta position. Tu as fait ce que tu jugeais être le mieux pour ton enfant, tu as donc forcément fait le bon choix. Est-ce que ton fils a toujours des contacts avec son père du coup, ou as-tu été obligée de tout verrouiller pour ta propre sécurité?

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    1. Il a vu son père en espace médiatisé pendant 1 an (sur décision du juge) – 2h 2 samedis par mois et puis depuis 1 an et demi, il ne le voit plus – son père a arrêté de venir (problèmes de papiers!)
      J’ai mis du temps à comprendre qui était réellement mon ex mari. Aujourd’hui je sais qu’il ne peut rien apporter de positif à son fils. Je ne me mets plus de pression et je ne rentre plus dans son jeu. Silence radio!

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  4. Ton texte est poignant.
    Tu as eu du courage et tu en as encore Marie. Peu importe ce que certains pensent. Tu aurais aimé que ton Escargot ait une vraie relation avec son père, tu lui as tendu la main, il n’a pas eu l’intelligence et le courage de saisir sa chance. C’est ainsi.
    Non la guerre ce n’est pas facile mais parfois c’est nécessaire pour protéger ceux qu’on aime.
    Bises ❤

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    1. Tu as tout très bien résumé. Pour un homme qui a la maladie de la persécution et qui croit que tout lui est dû, voir qu’une autre personne tient les rênes, c’est insensé. Il l’a dit un jour en médiation qu’il préférait perdre ses chances de voir son fils grandir, que de lâcher sur certaines exigences…Tout est dit.
      Je t’embrasse et merci!

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  5. Tu le dis, un divorce évolue, et les gens changent. Tu as été maltraitée, et malgré cela, tu as d’abord voulu concilier, trouver un terrain d’entente pour que ton petit grandisse avec son père malgré la difficulté de la situation. Et puis tu as ouvert les yeux sur toute la manipulation dont il était capable quand il a refusé de trouver un accord, tu as réalisé que pour le bien-être de ton enfant, tu devais mener une bataille féroce qu’il te fallait gagner. Personne ne peut te juger.
    Je découvre à chaque article la profondeur des blessures dont il te faut guérir en tant que femme. Et je lis également le combat que tu mènes en tant que maman. Tu n’es qu’amour envers ton fils, et ainsi tu l’as protégé du mal que son père t’a fait et de celui qu’il pourrait lui faire.
    Je vous embrasse bien fort, l’escargot et toi ❤

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    1. Je crois qu’au début je refusais de voir ce qu’il était. Tout le monde a le doit à une deuxième chance. Je le lui ai donné puis j’ai compris que c’était une erreur de plus. J’ai fait marche arrière avant qu’il ne soit trop tard cette fois.
      C’est dur de dire qu’une personne est “vide”. Pourtant c’est le cas. Et ça n’a rien à voir avec l’indifférence, l’amour qui n’est plus. C’est juste un constat.
      Grosses bises et merci pour tes mots et ton soutien bienveillant Julie.

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  6. Comme je me retrouve dans tes mots Marie! pas plus tard que ce midi je discutais avec ma collègue et suis de plus en plus persuadée que ma décision a été la bonne, même si pour cela j’ai dû priver mon fils de son père. Un père qui, sur la longueur, j’en suis persuadée, lui aurait fait plus de mal que de bien.
    Je pense que notre instinct maternel nous souffle les bonnes décisions à prendre quand le doute a tendance à nous embrouiller!
    Gros bisous Marie!

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    1. Oui Rachel il faut parfois se résoudre à des choix difficiles, mais qui s’avèrent à long terme des choix protecteurs et positifs. Je sais que pour beaucoup c’est encore difficile d’accepter qu’un parent puisse être nocif pour son enfant. Mais nous savons toi et moi que c’est le cas…
      Oui l’instinct maternel nous aide dans ce qui s’avère être une longue traversée du désert.
      Je t’embrasse ma belle.

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  7. Te battre pour son équilibre, c’est un magnifique cadeau que tu lui as fait, Marie. Tu te souviens que j’avais écrit un texte que j’avais appelé “la tête baissée” ?! La passivité fait des dégâts, tu peux me croire.

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    1. Je me souviens Marie. Je me souviens aussi de cette vie dans laquelle il faut toujours faire semblant, marcher sur des oeufs. C’est le pire. J’ai voulu y échapper. Et il a fait à nouveau jour. Merci

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  8. Entrer dans le conflit c’est parfois une question de survie, la guerre fut une nécessité! Dans un monde parfait, on parlerait entre adultes responsables, mais on n’est pas dans un monde parfait… Bisous à tous les 2 🙂

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  9. Moi ce que j’aime dans tous ces mots, c’est : “un enfant n’est et ne sera jamais une monnaie d’échange”.
    Tu vois Marie, les mots ne servent pas uniquement à remplir un manuscrit ou autres…Ils sont aussi “une arme pacifique” face à la bassesse de l’homme !
    Merci pour ta douceur, ton expérience humaine qui me fait prendre conscience du passé de ma maman !
    Tony

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    1. Dans un divorce, tôt ou tard, on fait face à ça “la bassesse de l’homme” et pour une idéaliste comme moi, c’est compliqué!
      Je suis heureuse si mes mots t’ont aidé à y voir plus clair, à mieux comprendre une situation, un évènement marquant, ta maman. Belle journée Tony

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  10. Parfois il faut en passer par la guerre pour arriver à la paix. Tu n’as pas eu le choix, tu as donc choisi les mêmes armes que l’ennemi pour préserver ton fils. Tu n’as pas abandonné tes valeurs, au contraire tu t’es battue pour les défendre. Bravo pour ton combat !

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  11. Bravo Marie pour ce combat que j’ai malheureusement connu ! Tu as fait le bon choix : celui qui assure un bel avenir à ton petit escargot 🙂 L’amour maternel nous souffle des attitudes qui ne nous sont pas naturelles mais s’avèrent obligatoires ! Bisous à tous les deux 🙂

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    1. Protéger nos enfants est l’essentiel Paulette. Et s’assurer aussi une vie différente, une vie qui nous ressemble enfin. Nos enfants nous donnent ce courage. Grosses bises

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  12. Oh Marie si tu savais combien j’ai envie aujourd’hui de copier ton texte à quelques différences et tu le sais que moi j’ai tenu quasi 1/4 de siècle avec un manipulateur quand je suis partie les dégâts étaient faient hélas et chacun de mes enfants à des séquelles des ressentis … et le plus terrible c’est que le dernier à pris le pas sur son père et est lui aussi un manipulateur qui me traite aussi mal que me traitait son père avec des mots si lourds comme le 26 déc tu es une malade mentale écrit ds un texto que je garde précieusement. . Alors pendant toutes ces années de guerre du divorce puis d’après ou je faisais face avec les soucis et tentais de refaire surface en esquivant le plus possible les coups que l’on me lançait le père n’avait plus vraiment de prise mais je ne pouvais me libérer de l’enfant le poids de la culpabilité est énorme on se debarasse d’un mari pas de son propre enfant jusqu’à ce que la coupe soit pleine que le vase déborde pour que je réagisse me voilà enfin debarassee du père et j’ai décidé de ne plus voir le fils à qui je n’ai plus rien à dire je casque et point barre il continuera à avoir le studio charges payées mais ce sera un solde de tout compte. C’est douloureux mais parfois nécessaire pour ne pas se perdre…. d’où le blog ferme Marie quand les larmes seront taries je reprendrai doucement ma vie plus comme avant hélas bisous tu as fait le bon choix même si c’est difficile

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    1. Que ça doit être douloureux quand c’est son enfant Catherine – surtout après tout ce que tu as vécu, toute l’énergie et le courage qu’il t’a fallut pour repartir à zéro et tout l’amour que tu as donné. Prends soin de toi et fais le vide, c’est nécessaire parfois. Je t’envoie plein de courage pour faire face. Je pense à toi.

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  13. Quand la présence d’un des parents est plus nocive que son absence, je suis d’accord qu’il y a un choix à faire -et quel choix compliqué.
    Le champ lexical de la guerre que tu nous déroules ici montre bien ce par quoi tu es passée.
    L’escargot t’en parle-t-il, ou es-t-il trop jeune pour avoir conscience de cette absence ?

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    1. On nous dit tellement qu’il faut savoir faire la part des choses entre l’homme et le papa. Parfois c’est trop compliqué. Et puis on fait souvent un choix à un moment T sans savoir ce que demain nous réserve.
      L’escargot parle peu de son papa, il ne pose pas de questions, pas encore. J’ai toujours été très libre sur ce sujet avec lui. “papa et maman étaient malheureux ensemble” – pour le moment ça lui suffit Cléa.

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      1. Tant mieux alors, et il me semble important qu’il ait la sensation que le sujet n’est pas tabou, qu’il sache qu’il peut t’en parler… ça l’aidera à le construire 🙂

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Un mot doux pour la route...

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