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Sous prétexte que la vie est sacrée

Crédit Pixabay

L’autre jour j’ai parlé de toi. Nous dissertions sur la vie et sur la fin. Faut-il maintenir le corps quand le cerveau ne répond plus ?

Je n’ai pas un avis tranché sur le sujet, je n’aime plus les avis tranchés. Pourtant je trouve ça criminel toutes ces machines qui font semblant, tous ces légumes agonisants. Je trouve ça scandaleux cette fin imposée, ces hommes qui ne peuvent avoir le dernier mot, sous prétexte qu’une vie c’est sacré.

Mais quand la vie est une suite interminable de souffrances, à quoi s’accrocher ? Comment vivais-tu cela ? Est-ce que tu ressentais quelque chose ? Qu’il y avait-il à l’intérieur de toi ?

J’avoue, j’ai prié, souvent, avec ferveur, pour que ton calvaire cesse, pour que tu trouves la paix, ailleurs. Toutes ces hospitalisations n’ont fait que te fragiliser, elles n’ont rien changé à ton état. Tu es resté ce petit garçon dans ton monde, le corps fragile, le cœur au bord d’un abîme que l’amour ne pouvait atteindre. Tu es resté le corps infirme, la tête vide. Et tes cris sont devenus lourd, des cris de bête sauvage qui agonise. Nous avons accepté ça.

Par amour ?

Pour qui ? Pour quoi ?

Si la vie est sacrée, alors elle doit être protégée. Si la vie est sacrée, a-t-on le droit, quand on sait, d’imposer un tel calvaire à un être humain ?

On parlera d’épreuves, de beauté de la souffrance, quelque chose comme une croix à porter, une histoire de pardon, de rédemption.

Pourtant je les entends encore les rires des enfants, je vois encore leurs visages illuminés par une présence, je revis ces heures en suspens de temps partagé à s’apprivoiser. A quel prix ? Celui de la vie dont le chaos se fait tenace, dont l’espoir se réduit à mesure des jours qui passent.

Peut-être que c’est juste de l’égoïsme. Peut-être que c’est juste de la peur. Ou de la folie

Mais si je n’étais maintenue en vie que par artifice, je crois que j’aimerais qu’on me laisse partir. En paix.

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J'ai l'âme poète...

34 thoughts on “Sous prétexte que la vie est sacrée

  1. Oooooh ma petite Marie, c’est du lourd ce sujet la !!!
    Toi aussi tu es pas mal dans ton style hi hi hi
    Belle soirée à toi
    Tony

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    1. Oui c’est un gros morceau Tony tu as raison!
      D’ailleurs la discussion que nous avons eu sur le sujet nous a pris quelques heures!
      Grosses bises

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  2. Je suis comme toi Marie, je n’arrive pas à avoir un avis tranché sur la question ! je me dis parfois que si tout à un sens, l’heure du départ aussi mais en même temps comme toi si j’étais maintenue en vie artificiellement, je ne sais pas si je n’aurais pas encore qu’on me laisse partir en paix ! Bisous

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    1. C’est difficile d’avoir un avis tranché car toutes les expériences sont différentes Kathou. Je crois que l’important ce serait le respect du choix de la personne qui souffre. Mais parfois celle-ci ne peut plus choisir, alors…
      Grosses bises

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  3. Dans mon poème “au secours” posté il y a quelques jours, je faisais référence à ce drame qui consiste à ne pas écouter les demandes des malades incurables. Comme toi je n’ai pas de certitudes sur ce sujet mais à partir du moment où la médecine sait que rien ne pourra sauver une personne et quand elle demande qu’on mette fin à son calvaire alors là je suis pour

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    1. J’ai lu ton poème Marie et il m’a interpellée aussi.
      Oui à partir du moment où la demande est faite, je trouve qu’on devrait y accéder, quelques soient les convictions de chacun. Tous les choix devraient être respectés.

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  4. Si je respecte la décision de chacun, j’avoue que l’acharnement thérapeutique n’a aucun sens pour moi. Il est évident que le choix nous appartient et je crois important d’en parler autour de soi, de ne pas attendre.
    Mon compagnon, mes enfants sont au courant de ce que je souhaite. Si cela doit être le cas, j’irai mourir ailleurs qu’en France. Qu’on me laisse vivre ma mort. Elle n’appartient à personne d’autre.

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    1. Il n’en a aucun pour moi non plus Laurence.
      Tu as raison, c’est important d’en parler autour de soi pour que le moment venu les personnes puissent prendre la décision, si nous ne le pouvons plus.
      Merci pour ton partage.

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  5. Question d’avis tranché, j’ai tout à coup pensé à Guillotin, mais bon, je m’éloigne un peu du sujet, même si…

    Cette histoire me touche, parce que récemment, une copine de mon père a eu une rupture d’anévrisme au cerveau suivie d’une hémorragie sévère. Arrivée à l’hôpital, on l’a aussitôt transférée aux soins intensifs et après quelques examens, ils ont conclu qu’il était trop tard, qu’il ne restait plus rien à faire et que ce n’était qu’une question d’heures avant qu’elle ne décède. On l’a alors débranchée de tous les appareils et transférée au 6ième, l’étage des fins de vie où on a attendu qu’elle décède. Elle était dans un semi-coma, alors ce fut la morphine pour alléger les douleurs potentielles, mais aucun soluté, rien pour l’alimenter ou donner du liquide à son corps. Tout cela a finalement duré 5 jours!!! Moi qui croyait que le corps ne peut survivre plus de 36 heures sans eau.

    C’est difficile ces moments où la médecine n’a pas les moyens légaux d’abréger la vie quand c’est inévitable. On a depuis quelques mois au Québec, une loi qu’on dit “soins de fin de vie” qui permet à une personne consciente d’accéder à un protocole rigoureux lui permettant d’abréger sa vie si elle rencontre les critères assez restrictifs. C’est mieux que rien, mais ça ne couvre pas tous le cas.

    Mais je ne peux imaginer cela pour un enfant.

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    1. Cinq jours! Quelle torture!
      Il faudrait repenser tout le système et accepter que certaines personnes choisissent leur propre fin, en fonction de leurs valeurs et envies à un instant défini. Ce n’est pas simple. Et ce qu vaut pour l’un ne vaut pas forcément pour un autre.
      Quant aux enfants, c’est un sujet encore plus sensible en effet.

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  6. Jai du mal à accepter l’acharnement thérapeutique enfant ou adulte … si les médecins jugent quil ny a plus rien à faire alors à quoi bon garder quelqu’un en vie a letat végétatif ou quasi et grace a des machines quel sens prends la vie si l”on ne peut plus manger courir parler … par égoïsme faire ce choix est aussi un non respect de l’autre… partir en paix c’est ce que perso je souhaite

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    1. Je te rejoins, quel sens prend alors la vie?
      L’acharnement est pour moi malsain, il fait durer une vie qui s’en va au lieu de la laisser partir sereinement. Je ne comprends pas qu’on tolère encore ça de nos jours.

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  7. Quand il s’agit de moi j’ai un avis tranché et net : pas d’acharnement thérapeutique ! Mais pour les autres, je ne me prononce pas, c’est à chacun de décider. Et s’il s’agissait de mon fils je voudrais que l’impossible soit fait, ne dit-on pas que tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir ? Comme tu vois c’est un sujet délicat et tellement subjectif ! Grosses Bises Marie

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    1. Je te comprends Paulette. Pour soi, c’est plus simple. Pour les autres, plus compliqué.
      Tout dépend de tellement de circonstances. Et de nos convictions personnelles.
      Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse. A partir du moment où nous sommes en paix avec notre choix à un instant défini.
      Grosses bises et bon retour parmi nous!

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  8. Moi j’ai un avis tranché, celui du respect du choix de chacun. Pour moi “au nom de la vie” veut dire “au nom du respect de la vie”… Quand il y a acharnement contre l’avis du patient, je ne vois pas où est le respect, j’avoue.
    Bisous Marie

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    1. Quand il y a acharnement contre l’avis du patient, il n’y a aucun respect Cécile en effet. Il y a juste des hommes qui tentent l’impossible, qui refusent l’idée de la fin.
      Grosses bises et douce journée.

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  9. Je me sens particulièrement sensible à ce billet suite à la perte de l’homme que j’aime il a un peu moins de six mois maintenant…
    Six jours avant son départ, les médecins ont décidé de le mettre sous respirateur artificiel. Comme nous ne savions pas que c’était la fin, nous ne nous sommes pas dits au revoir…Du coup, quand on m’a annoncé qu’il n’y avait plus rien à faire et qu’il ne fallait pas s’acharner, j’aurais voulu qu’ils essaient encore un peu. Certes avec mon homme nous en avons parlé et il a bien indiqué qu’il ne voulait pas être un légume ou une charge pour qui que ce soit. Et dans son cas, on ne savait pas ce que l’arrêt du respirateur allait provoquer…
    Je me suis accrochée à un espoir fou, je voulais le voir respirer, voir ses mains bouger, sentir sa présence même s’il ne pouvait pas parler. Et là j’ai compris pourquoi des gens s’évertuent à maintenir quelqu’un qu’ils aiment en vie à tout prix…
    Rien n’est simple, c’est une décision lourde de conséquence. Je ne me permettrai pas de juger qui que ce soit…

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    1. Comme je vous comprends j ai perdu ma grand mere d un hématome sous dural (je sais pas comment ça s écrit) et on savait que c était la fin elle était dans le coma mes parents chirurgien et infirmiere ont refusé l acharnement thérapeutique et j’en ai boulu à la terre entière à ce moment là surement par pur égoïsme mais elle était tout pour moi elle m’a élevée et je perdais une partie de moi. J’aurais voulu la voir respirer encore et encore qu’on l’aide…. 21 ans apres alors que j’avais à peine 20 ans elle me manque encore tellement et ce sentiment me gagne encore souvent. Aujourd’hui je sais que s’il arrivait quelque chose à mes enfants je serais dans l incapacité de dire on débranche je leur ai donné la vie et je me sens incapable de dire on la reprend….. Je respecte le choix de chacun mais quand je donne ma position je suis souvent critiquée…

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      1. Pourquoi critiquée? En la matière je pense que chacun fait en fonction de son vécu et des circonstances. “on débranche” c’est des mots terribles que personne ne souhaite avoir à prononcer dans sa vie.
        C’est terrible de ne pouvoir dire aurevoir à quelqu’un qu’on aime.
        Quand mon grand-père est parti, je suis arrivée trop tard, il était là mais il ne répondait plus. Par contre son visage trahissait sa souffrance. Un soir ma mère est allée voir les médecins, elle a dit “ce n’est plus possible, aidez-le à partir”. Il n’a pas passé la nuit.

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        1. Moi tout le monde m a filé ses gosses et m ont dit tu iras la voir apres nous elle était morte quand je suis arrivée alors elle par contre avait un visage doux et reposé….. je l aime encore tellement

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    2. Merci pour ton partage Rachel. Je comprends tout à fait tes sentiments. On s’accroche à la moindre parcelle d’espoir dans ces cas là, c’est humain.
      Ces derniers jours ont dû être particulièrement douloureux pour toi.
      Non rien n’est simple et il n’y a aucune bonne ou mauvaise décision, il n’y a que des choix personnels qui doivent être respectés.
      Grosses bises

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  10. Il faudrait signer un papier demandant ce que l’on désire: don d’organes, rester en vie ou nous laisser partir. Choix tres difficile, déchirant une fois de plus pour ceux qui restent…..
    Bizz Marie

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    1. Oui Carrie. Il faudrait pouvoir en parler avant de ne plus pouvoir. C’est j’imagine un choix douloureux à formuler pour les proches.
      Je t’embrasse.

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  11. Je suis de ton avis. C’est un sujet que j’évoque avec toutes les personnes avec qui je suis “proche” parce que je tiens à ce que ça soit su. Parce que c’est le genre de chose qu’on ne peut plus dire une fois que notre cerveau/corps ne répond plus… Donc pas question de me maintenir en vie par quelque subterfuge que ce soit si mon état ne ressemble plus à de la “vie”. Et bien sûr, je donne chaque parcelle de mon corps qui pourrait bien servir à quelqu’un d’autre 🙂
    Évidemment c’est délicat pour les proches, mais s’il y a bien quelque chose qui ne regarde que nous, c’est cette fin-là.

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    1. Je te rejoins Cléa.
      C’est bien d’en parler autour de soi, pas toujours facile, mais nécessaire. C’est un sujet délicat encore à l’heure actuelle.
      Il est clair que je donne moi aussi tous mes organes viables – tant de vies peuvent être sauvées grâce à ces dons!

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  12. Personnellement, j’ai un avis assez tranché sur la question : je veux que nous puissions avoir le choix. Le choix de continuer à vivre, coûte que coûte, malgré la souffrance ou le choix de mourir, de les abréger ces souffrances, justement. J’aimerais que les vivants respectent le choix de la personne face à eux ou, tout du moins, essaient de penser à elle et se demandent en toute sincérité ce qu’il/elle souhaiterait s’il n’est plus capable de le dire …

    Aujourd’hui, ce choix, cette liberté nous est encore et toujours refusé. Au nom de quoi ?

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    1. La société, la médecine veulent tout maitriser. Avoir le choix est en effet devenu compliqué. Alors que notre vie nous appartient et que nous seuls devrions pouvoir décider de ce qui est bon / juste pour nous.

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Un mot doux pour la route...

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