
“C’est moche”, “j’aime pas”, “t’es nulle”, “j’en ai marre!”, “c’est toujours la même chose avec toi”…
Du matin au soir et du soir au matin, la charmante ritournelle de l’enfant. Les mots magiques passent souvent à l’attrape ou bien se glissent entre un bisou et un “t’es géniale, je t’adore”, quand enfin, de guerre lasse, on dit “oui”, à bout de souffle pour une pause télé. Qui s’éternisera c’est certain, alors même que nous nous étions dit la veille qu’on ne nous y reprendrait plus!
Le réveil se fait dans les cris, non de joie, loin de là. On a beau tout essayer, la douceur, l’humour, l’indifférence, un peu de fermeté, rien n’y fait, on est toujours la méchante de l’histoire. Pas grave, ça passera.
Entre les dizaines de choses qu’il faut répéter au minimum dix fois pour qu’elles s’impriment dans le cerveau du loulou, entre les “je vais le faire” et les “mais j’y arrive pas” avec la voix plaintive de l’enfant à l’agonie, qui ne veut surtout pas faire quelque chose qu’on lui demande de faire. Esprit libre, bonjour! Non, vous ne me mettrez pas au pas, jamais!
La porte claque. Vous êtes dans la rue. Presque le sourire aux lèvres, avant le prochain mot de travers que vous prononcerez face à votre progéniture qui se sent incomprise, à la limite maltraitée par une mère qui ne comprend rien à rien.
Le soir, point d’accueil chaleureux en vue, il faudra composer avec un “je t’ai dit que j’aimais pas les haricots verts” ou “tu m’avais promis des pâtes, t’es une menteuse, tu mens tout le temps”, “je te déteste”. Rester calme, prendre les choses avec détachement, ne surtout pas perdre sa bonne humeur, tout en rappelant les règles sans que le volume sonore n’atteigne des décibels qui pourraient bousiller nos tympans, déjà bien fragilisés!
Après trois “oui” ou l’art de savoir lâcher prise et deux “non” ou l’art de recréer des tensions à partir de rien – en même temps à 21h15 on ne peut clairement pas dire “oui” à une partie de foot dans 15m2, on peut enfin profiter d’un temps de semi-calme avec l’histoire du soir, qui sera tout de même, au choix, toujours trop courte ou vraiment pas assez longue.
La chanson du “non”, “j’ai pas envie” reprendra de plus belle…
Chaque soir et chaque matin
Chaque fois qu’on proposera une sortie
Chaque fois qu’il faudra marcher plus de 5 minutes pour aller quelque part
Chaque fois qu’il faudra aller quelque part
Chaque fois qu’on aura une idée nouvelle
Chaque fois qu’on proposera une activité originale (qu’on se serra cassé la tête à trouver sur tous les sites de mamans qui semblent réussir à mobiliser leur progéniture pour des activités créatives)
Chaque fois qu’on devra faire le ménage, la vaisselle, mettre une machine…
Chaque fois qu’on ne ramènera pas LE diner de rêve à la maison
Il n’y a que deux choses que l’enfant accueillera avec bonheur, un dessin animé ou trois heures dans un parc d’activité, dans lequel il saura vous amadouer pour que vous fassiez toutes les activités avec lui – trimballant votre 1m80 entre la piscine à boules et le château gonflable – vous avez beau être “nulle, moche, bête”, vous êtes la seule à faire le zouave, pour enfin gouter à un semblant de complicité et de paix, qui s’évanouira au moment où vous direz à votre enfant “il est l’heure de partir”.
Ps: Merci à l’école qui apprend à nos enfants que les parents n’ont pas le droit de “crier”, d’être en colère, d’en avoir ras la casquette, de les effleurer ne serait-ce que du bout des doigts quand décidément trop c’est trop. Vous ne savez pas à quel point je vous déteste dans ces moments de faiblesse où j’ai juste l’impression de tout, mais vraiment tout faire de travers!