J’écris pour exorciser les maux, pour moi, pour les autres, pour toutes ces femmes et tous ces hommes qui supportent, qui renoncent et qui un jour osent à nouveau un pas dans la vie / dans le vide aussi. J’écris par impulsion, pour ne plus jamais entendre “il t’aimait à sa façon”.
Cette histoire est tout sauf une histoire d’amour. C’est une histoire, comme beaucoup d’autres malheureusement, une histoire de violence et d’emprise. Je conçois que pour certaines personnes ce soit extrêmement difficile à comprendre. Je vous laisse aller lire cet article intéressant sur le sujet: de la peur à la soumission.
J’écris aussi pour montrer que la vie ne s’arrête pas là, qu’il y a une vie après l’enfer, que l’amour n’a rien à voir avec ce qui a été vécu, qu’on peut, chacun, chacune retrouver le goût des choses et vivre des relations harmonieuses basées sur la confiance et l’échange.
***
Je me suis endormie
Comme d’habitude
Avant toi
Et voilà que tu viens
Lumière vive
Bruits de pas
La lune disparait
Rideaux tirés
Comme si elle pouvait
Violer l’intimité
Dans les draps, tu viens
La sensation de ton corps
Contre le mien
M’indispose
Ne pas bouger
Ne pas t’inviter
Depuis quand ça t’importe ?
Depuis quand ?
Depuis quand je supporte ?
Depuis trop longtemps
J’ai mal avant
J’ai mal après
Mon ventre
Le néant
Rien qui ne vienne de toi
N’est vivant
A coup de tabou
Tu détruis tout
Sur la pointe des pieds
Je disparais
Soumise à chaque instant
A tes besoins primaires
Si seulement je pouvais
Faire taire le malaise qui grandit
Pure folie
Tu l’as déjà dit
Je me réveillerai demain
Comme d’habitude
Loin de toi
Encore plus loin
Chaque matin
***
On ne s’est pas dit “bonjour”. Pas de vive voix. Pas comme on le fait naturellement au quotidien, sans y mettre plus d’intention que ça.
On s’est dit “bonjour” avec le corps et le coeur, en mouvement. On s’est dit bonjour en s’enlaçant, en laissant chaque parcelle de peau s’enflammer au contact de l’autre.
On s’est dit “bonjour” dans un élan de vie, offerts entiers à l’instant. Un embrasement instantané et quelque chose comme de l’empressement, une envie fulgurante que rien ne peut contenir et qui doit se partager pour ne pas exploser.
On s’est dit “bonjour” dans le silence du soir et j’ai laissé mes craintes au placard. L’étreinte contenait tout, tout ce qui aurait pu être dit, écrit, tous les mots qui se voudraient rassurants. En quelques secondes seulement, le “sans” s’est évanouit. Le temps s’est interrompu pour que nous puissions gouter, toi et moi, à la texture, la saveur, le goût, l’essence même de ce rendez-vous.
On ne s’est pas dit “bonjour” comme toujours. On y a mis un peu plus de sens. On s’est laissé emporter par les pulsions, les pulsations, le tempo de la mélodie distillée au fur et à mesure de cette partition improvisée.
Il n’y a pas de meilleure façon de se dire “bonjour” quelque soit l’heure du jour!
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