
Le regard sur l’horizon, je reviens en arrière de quelques années, en ce jour si particulier où je suis devenue ta maman. Dans l’ombre de mes larmes, tu es né. Un rayon de soleil au milieu d’un orage. Un grain de magie au creux d’un hiver qui semblait ne pas avoir de fin. Là, dans cet écrin de désespoir, tu as déposé près de 4 kilos d’espérance.
Voilà neuf ans de toi, de nous, neuf ans comme une ascension. Je venais de loin et tu empoignais tout avec une rage féroce. Notre envie de vivre fut plus forte que tout, plus forte que les cris, que les coups de poing dans les murs, plus forte que les “non” à répétition, plus forte que les pleurs et la douleur.
Notre histoire s’écrit avec des lettres de toutes les couleurs. Nous savons les jours gris très gris et les jours qui pétillent, les apostrophes dans l’atmosphère et les points de suspension dans l’air. En neuf ans, j’ai tant appris. En neuf ans, tu as tant grandi.
Je te regarde regarder le monde, rire, prendre confiance, oser te confronter, oser aimer ce qu’il y a à aimer, jouer surtout, rire beaucoup. Avoir peur de ce qui te dépasse, tenter de camoufler tes émotions, parfois réussir à parler quand ton cœur se sent prêt à exploser.
Je ne suis pas toujours juste, tu n’es pas toujours juste. Nous nous faisons face parfois, comme deux lutteurs dans un bras de fer sans fin. Personne ne se sent prêt à céder alors, moi engoncée dans des souvenirs du passé et toi pris par cette envie de gagner. Et puis tout passe et le soleil revient. Et soudain, il n’y a plus rien que tes deux yeux qui rient et les miens qui s’émerveillent.
A l’ombre de ce qui fut et de ce qui sera, je me tiens, silhouette maternelle, heureuse et fragile, offerte pleinement au temps de ta vie.
Ce texte a été écrit – le jour s’y prête bien (évidemment!) – pour l’atelier Bric a Book 419