Quand je te vois, je me suspends, je me surprends. S’éloignent les points de rupture et tout le reste, comme un courant d’air qui chasserait les démons. Ce n’est pas juste un oubli, c’est comme si le temps devenait magicien, qu’il détenait les clés d’un paradis qui n’est pas si loin.
Je décline les invitations du manque, quand tu n’es pas là, tu n’es pas là. Je n’élabore plus d’hypothèses, je laisse les choses se faire et se défaire, à la faveur de souvenirs qui se déclinent sous le scintillant manteau d’une nuit pleine d’étoiles.
Je fonds, je me transforme, je sens poindre une audace que je tais et, qui sur les lignes de tes mains, se décline à l’infini. Et dans l’élan des corps, il y a …
Cet irrésistible appel, cette lente disparition des contrastes, ce vœu au creux des riens que tes mains viennent soulever, ce souffle qui dénonce la soif des saisons à vivre, à espérer, nos épidermes envoutés.
Les aiguilles tricotent l’instant furtif que nous remplissons d’attention. L’eau cristallise nos pensées en fusion. Quelques débris de “et si” s’immiscent parfois puis ils se perdent avant d’avoir atteint leur but.
Je ne veux aucun “peut-être” quand je suis avec toi.
Je suis là, j’écoute, je regarde. Je garde les maux dans un vase clos d’incertitudes. Je suis là, j’écoute, je sais que je ne peux rien faire à part écouter. Je regarde les corps fatigués, je prends note de l’épuisement, les mots ne sont faits que de ça. Ils disent le trop plein, le trop peu. Je regarde les maux du corps, j’entends le corps crier et je ne peux qu’écouter.
Je suis là, au bureau, dans les couloirs, entre deux portes. Je suis là, au bout du fil, au bout du cœur. J’écoute tant que je peux. J’écoute avec les yeux. Je regarde les maux se balancer. J’essaie de dire, j’essaie de dire qu’à force de trop encaisser on risque de tomber. J’essaie de prévenir, avec des mots clichés. Et puis je cesse de dire, j’écoute. Mon impuissance est flagrante.
Je ne peux pas. Comme vous. On ne peut rien pour l’autre qui souffre. On ne peut rien pour celui qui coule. On peut juste l’écoute. On peut juste être là. L’autre doit savoir qu’on est là. Parfois, ça sera suffisant. Et parfois, ça ne suffira pas. Il faudra que le corps s’exprime davantage, il faudra que le corps cesse de bouger. Parfois il faudra la chute qui abime.
Je suis là, j’entends les cris, les appels à l’aide et je reste avec mon manque de ressources, avec mes mots qui sonnent comme des embuscades. Je reste avec ce qui souffre en silence. Et j’ourle de silence ma totale impuissance.
Ce n’est pas humain, je l’ai dit déjà, écrit aussi. La musique du plaisir, mélodie sensuelle qui de frissons couvre la peau, chaque parcelle d’hémisphères qui sont nôtres et pourtant comme découverts. Le tumulte inonde la galaxie de nos peaux, l’onde de choc est sublime et dérivent nos pensées vers un rivage invisible.
Non, ce n’est pas humain, comme une part d’ailleurs détachée sur terre, un morceau qui ne s’attacherait pas pour un voyage extraordinaire. Il l’est dans un souffle d’urgence qui se plie au tempo des aiguilles du temps.
Et voguent les corps sur la mer d’huile recouverte, de rosée extraite jusqu’à toucher le viscéral, l’emblème de notre liberté. Loin les réminiscences de la menace, mort, se dissipent dans un chant salvateur, qui des hanches part pour se refléter dans la passion de l’éveil.
Certains mots ne peuvent décrire l’intensité de ce qui se vit. Ils planent entre l’instant et sa traduction sur le papier. Si je les mets bout à bout, ils pourraient bien faire fuir ceux qui voudraient me lire. Je passerai pour une illuminée. Je serai détentrice d’un mystère que nul ne souhaite approcher.
Et pourtant…
Dans l’éclosion du désir, dans l’élan qui pousse mon corps contre son corps, quelque chose s’éteint en moi, une nouvelle flamme s’allume. Je ne suis plus dans le « devoir », je n’évolue plus dans un souci d’être ce qu’on pourrait attendre de moi, ce que je considère comme « bien » ou « mal ». Je ne porte plus d’étiquettes, celles que je me mets seule d’ailleurs. Je ne réponds plus à de quelconques injonctions.
Si je me laisse couler dans cette fusion, si je lâche prise, mes peurs, mes doutes s’éloignent, mes responsabilités ne me paraissent plus si lourdes à porter.
L’étreinte est saturée de sentiments qui s’expriment sans verbiage. Elle sera soit douce, violente, enveloppante, intense, en fonction de ce dont mon corps a besoin. Je me poserai dans un espace sans contrainte autre que celles auxquelles j’adhérerai.
Si je ferme les yeux, le ressenti sera différent. D’autres sens prendront le relais. Je me livrerai peut-être plus effrontément, sans mon regard posé sur un quelconque « trop » ou « pas assez ». Si je cale ma respiration sur la sienne, alors je me fonds dans son univers. Nos désirs s’ajustent. Nos êtres créent une dimension qui n’existe que dans cette bulle-là – celle d’ébats qui nous relient à un cycle fait de dépossession de soi et d’éternité à apprivoiser.
L’espace entre Pores à la limite du corps Effleurer le manque La fièvre entre les interstices Funambule en quête de risque Attente impétueuse Frissons fous à la base du cou
Je te Voeu entier Offert Voeu chasseur de possibles À la surface des cils
Je t’attends Dans un temps impatient Entre les fibres Des voiles sur mes jambes nues En pleine rue
Je te Désir intense Cruel De ne pouvoir Devoir de patience
Quand tout de toi m’appelle À la célébration des sens
Octobre 2012 Fin de journée au bureau. Une douleur fulgurante me terrasse. Je pense au bébé bien niché dans mon ventre. J’ai peur un peu puis je me souviens, ça arrive parfois ces douleurs inconnues qui me cisaillent les entrailles. Ça passe. Comme tout. Puis ça revient. Une fois, deux fois, dix fois. Mon corps pèse lourd et mon visage pâlit d’heure en heure. Mon patron commande un taxi, je quitte le bureau avant la sortie. Direction la maison.
Je n’aime pas rentrer plus tôt à la maison quand il est là. Je n’aime plus quand il est là. Mais aujourd’hui pas le choix, il faut que je me couche, que je me repose. La douleur est telle que tenir sur mes deux jambes est impossible. A peine arrivée je m’écroule sur mon lit, incapable de faire un pas, de dire un mot. Un peu de nuit. Juste un peu. Il est déjà là à me demander ce que je fais là, pourquoi je ne lui parle même pas. Je n’en ai pas la force. Il est déjà là à me dire « repose toi » avant de filer dans le salon. Il ne fait pas attention au bruit qu’il fait en partant.
Deux heures plus tard, aucune amélioration. Un coup de fil et un rendez-vous en urgence chez mon généraliste. Un taxi aussi. Il ne m’accompagne pas. Je ne lui en veux même pas. J’attends qu’on me dise que tout va bien, que mon enfant n’est pas en danger.
A l’examen tout va bien. La douleur ne se dit pas. Elle reste tapie dans son coin. Je ne sais pas ce qu’il y a. Mon corps ne répond plus. Il faudra quatre appels incessants pour qu’il décroche et me demande si c’est vraiment important. Je l’attends dans le froid de la rue, corps battu par la pluie d’automne, pas vraiment là. Heureusement, sinon ce que je vis me paraitrait complètement incohérent, impensable.
Aux urgences on attend encore et je me rends compte à quel point il est inadapté à la vie, à ma vie. Je lui trouve des excuses pourtant. Beaucoup. Beaucoup trop. Dans cet hôpital, j’aimerai presque que l’on me garde, une nuit au moins, une nuit pour échapper à ma vie. Pour ne pas avoir à rentrer avec lui, pas ce soir. Une nuit pour dormir vraiment, plus que quelques heures tourmentées par ses mouvements, les bruits de son cœur contre les draps froissés.
Une inflammation. Douloureux mais pas grave. Il faudra revenir le lendemain pour une échographie afin d’être certain que le bébé se porte bien. Je repars avec lui, faible encore pour quelques jours. A la maison je m’allonge, à 22h30 je n’ai plus le courage de rien. Il me dit quand même « il y a quoi pour le diner ? » Puis accepte de se coller aux fourneaux, à condition que demain je reprenne le chemin de la cuisine, après tout, les médecins l’ont dit, ce n’est rien. C’est juste histoire de se faire remarquer !
Pourquoi ce récit ? Pour dire que notre corps nous parle. Et qu’il crie aussi parfois. Ça commence petit et ça peut virer au pire. Nous ne sommes pas toujours prêts à entendre. Parce que psychologiquement c’est trop compliqué. Alors notre inconscient fait barrière et on tient, parfois des dizaines d’année. Et un jour ça craque. Tout ce qu’on a encaissé se brise et nous sommes à terre. Ne jamais sous-estimer les alertes du corps. Ne jamais se dire «c’est rien ». Toujours se rappeler que c’est un appel à l’aide. Si celui-ci est entendu, nous pourrons nous en sortir sans trop de dégâts. Si nous préférons éviter d’y faire face, les conséquences peuvent être catastrophiques.
J’avançais depuis des mois en pilote automatique. Je ne savais plus qui j’étais, ce que je valais. Je n’avais plus de repères. Je n’avais plus d’énergie. Je n’avais plus de vie. Je n’ai pas compris sur le moment mais j’ai senti qu’il se passait quelque chose et que si je ne faisais rien, j’allais basculer de l’autre côté. J’avais devant moi assez de modèles pour savoir ce que ça pouvait donner. C’était dément, fracassant, déroutant, cinglant… C’était déjà le début d’autre chose.
Ce récit pour vous dire que votre corps est votre allié, non votre ennemi. Prenez en compte ce qu’il vous dit. Ne négligez pas les signes qu’il vous envoie. Ne dites plus « c’est rien » même si c’est douloureux de regarder en face une histoire qui vous échappe.
Dans ce poème, j’évoquais les fantômes de 2010, ceux-là même qui ont marqué mon chemin de vie. Mais comment parler d’eux sans parler d’aujourd’hui aussi. Tout est imbriqué. Tout est lié. Il n’y a pas de temps à proprement parlé, juste un fil qui se détend à mesure que je pose les mots sur le papier.
La poésie est bien ce qui m’aide à lâcher, pas à pas, à aller en profondeur. On peut soigner vite, avec un peu de baume apaisant, une couche de crème, un peu d’alcool, quelques gouttes d’huiles essentielles. Mais n’est-ce pas juste la surface. Le traumatisme interne reste identique et alors on ne comprend pas pourquoi un mot, un geste, une émotion a le pouvoir de ramener la blessure en pleine lumière.
Je crois qu’il faut aller à son rythme, ne pas avoir peur ni du noir, ni des fantômes, mais se sentir prêt pour le grand plongeon dans les profondeurs de la terre. Pour revenir, plus vivant encore, plus libre.
Je commence donc cette série d’articles, qui pourraient former un livre, c’était l’idée de départ, mais là encore j’ai changé plusieurs fois d’avis! Tous ces poèmes je les écris au fil du temps, au gré des émotions, des instants qui viennent me cueillir et me demandent de m’abandonner au flot des pensées qui me traversent.
Le fil conducteur, c’est l’emprise, le corps, le coeur, la liberté. Ca sonnera peut-être complètement flou, fou pour vous, mais pour moi tous ces mots mis bout à bout ont un sens et surtout, avant tout, m’offrent de cheminer vers la guérison et la paix.
Il y aura beaucoup de noir, parce que fut un temps c’était la couleur de mes jours et de mes nuits, ce brouillard épais dans lequel je ne faisais que m’enfoncer et qui a bien faillit me couter la vie. Mais il y aura aussi beaucoup de vie, d’amour, d’étincelles, parce que c’est ce qui depuis toujours et pour toujours fait de l’existence une aventure éblouissante!
***
Tu es venu, sans cheval blanc Donner au corps la liberté d’exulter De ses chaines se libérer Nœud coulant se détendant au contact de ton corps
Moi, je me suis laissée aller Laisser faire le temps dit-on Qu’il est souverain en la matière Laisser la magie de ta peau irriguer la mienne
Sans ton regard sur mes courbes Mon corps se cache encore Son plaisir se dissimule derrière une plainte Qui de mes hanches part Pour se perdre dans l’inconfort du passé
Il se loge là le prix de ce que j’ai cédé Pour une poignée de promesses dérisoires Le prix du corps qui se consume Et du désir qui se plante de chemin
Avec toi, je suis femme Sans toi, je redeviens cet autre Ce semblant qui se faufile Pour ne pas attirer les regards Ce quelque chose qui manque d’audace Cette plaie que je suis seule à pouvoir nettoyer Si je mets le doigt dessus elle me faut mal Elle brûle, elle suinte, elle ne sait plus de quelle vie elle est Ni à quel espace elle appartient
Je la sais là et je la laisse Un miracle suffirait à la faire disparaitre Pour combien de temps ? Combien de larmes ? Combien d’émotions serrées là Entre le cou et le cœur Entre ce que je tente de dire Avant de repartir sans m’en être occupée
Ca attendra Tant d’autres choses attendent Tant d’autres priorités Je n’en suis pas une pour moi-même Je serai même la dernière option
Alors la blessure demeure Profonde plaie qui s’agace de mon manque Qui ne sait plus comment se faire entendre Mais se plie à mes exigences
Son heure viendra On ne peut pas reculer indéfiniment Sans commettre de dégâts
Quand le sang coule La période se veut chaste La femme attend la pause Qu’elle accueille comme un cadeau Reprendre le contrôle de son corps Apaiser le chaos de son cœur
Elle n’envisage pas le creux Celui dans lequel pourtant on se glisse Sans ménagement Jambes écartées pour recueillir Le plaisir tabou Qu’on ne se donne pas seul Au risque de frôler le néant vengeur
Temps de femme Qu’on ne respecte pas Un va et vient sans âme Qui va plus loin Toujours un peu plus Comme si c’était autorisé
Temps rouge sang Sur le drap blanc immaculé A l’intérieur le corps se serre L’invitation est imposée Les cuisses rougies par Le silence d’une masturbation orchestrée Pour éviter le châtiment d’un Dieu manipulé
La femme est, sans être Là, pour le plaisir d’un autre Assommée par la demande insistante Les cuisses enduites d’huile Pour apaiser la brûlure Qui de jour en jour s’étend Qui de jour en jour ploie face au néant
Osera-t-on aller au-delà Violer la porte du sanctuaire Celui qu’elle protège d’intrusions saccadées En ce temps privilégié ?
Osera-t-on s’immiscer Dans les méandres de l’intime Plus profondément encore Que ces caresses égoïstes ?
La femme disparait Laisse l’autre faire ce qu’il a à faire Elle abandonne la partie Vole, son esprit au-delà La scène en bas est jouée par une autre Qui de peur, dans l’incompréhension, se noie.
Ce texte est extrait de mon prochain recueil de poésie “2010”, qui sera partagé ici en PDF (sur don libre) et en Papier (si quelques personnes sont intéressées)
Premièrement pour le “ça”, comme si la sexualité n’était que ça, un truc dont on ne parle pas, un truc pas si net au final. Comme si la sexualité était encore un mot, un sujet tabou. On a beau me dire qu’on a évolué, pas tant que ça finalement!
Deuxièmement pour le “ne pensent qu’à”, une autre façon de dire “obsédé par”. Et l’obsession c’est un peu comme le sexe, ça n’a pas bonne presse! Et pourquoi ne pensez qu’à ça serait si mal? Après tout, dans cette vie, rien ne nous appartient sinon notre corps. Nous naissons avec et nous partons avec.
Regardez un enfant vivre et vous verrez que chez lui tout est lié à la pulsion sexuelle (si chère à Freud). L’enfant vit dans son corps, c’est d’ailleurs son terrain de jeu favori. C’est à travers ses sens, ses sensations, son plaisir, son désir, sa créativité qu’il s’épanouit, qu’il s’apprend.
Troisièmement pour “les hommes”, comme si nous les femmes nous étions hors jeu. Comme si la sexualité ce n’était qu’un truc purement masculin. Alors que, soyons clairs, la sexualité c’est quand même la base, le début et la fin, la naissance et la mort, notre énergie vitale, notre souffle sacré, notre force créatrice. Tout part de là. La femme comme l’homme a du désir, la femme comme l’homme se masturbe, la femme comme l’homme jouit.
Dans ma vision des choses, tout est sexuel, parce que le sexuel est vie. J’ai passé des années à me faire des tas de nœuds au cerveau et des années à tenter de me détacher de cette idée, parce que je pensais que c’était mauvais. Bah oui, “les hommes ne pensent qu’à ça”, ça fait un peu animal, bestial quand même. Et nous les femmes, on nous inculque dès notre plus jeune âge le “prendre soin”, le “maternant”. Or la mère c’est la douceur, le rose layette. C’est rarement la femme fatale ou l’amante, en guêpière! Même si on est d’accord les deux sont compatibles. Mais s’affranchir des modèles et conditionnements, ça ne se fait pas en 1 jour!
Le monde a beau avoir évolué, le sujet reste, je trouve, encore assez marginal. On en rigole ou on l’évite. Bien sûr, la parole se libère. Notamment avec la “nouvelle pornographie, qui n’est plus réservée aux abonnés de Canal + le dimanche soir, et qui a ses vertus (on parle plus souvent de ses vices) , le marché des “sex toys” (ou quand la sexualité devient ce qu’elle a toujours été, ludique! ), l’inclusion de pratiques sexuelles variées (on pense ce qu’on veut de “cinquante nuances de grey” , ça a eu le mérite de montrer qu’il existait autre chose et d’une certaine façon de stimuler nos sens).
Pourtant je suis toujours aussi effarée quand j’entends un parent dire à un enfant de deux ans, qui se caresse, “arrête tout de suite!”. Je suis toujours abasourdie quand je vois la violence de certains sur le sujet de l’homosexualité, de la bisexualité et autres.
Pour moi tout est sensuel, tout est érotisme, pas seulement dans la rencontre à l’autre. Notre corps en lui-même est cette source de plaisir, nos cinq sens, notre joie, notre intuition, notre inspiration, notre respiration. On pense toujours sexualité et couple mais la sexualité existe en soi.
J’ai moi même longtemps été déconnectée de mon corps, j’y reviens doucement. Je me demande souvent comment quelque chose de naturel est devenu si codé, comment quelque chose d’inné a perdu de sa spontanéité. Je crois que la connaissance individuelle de son corps, de ce qu’il exprime, de ce qu’il ressent est essentielle. Je sais aussi que cela peut-être douloureux, que cela peut prendre du temps. Mais que sans ça, nous perdons une certaine connexion primordiale avec le vivant en nous. Je pense que c’est quelque chose que je développerai dans un autre article…
Vous en êtes où vous, de votre corps, de vos envies, de votre sexualité, de la sexualité en général?
Ses doigts à la surface de l’eau, qui se floute et tremble. La piscine est comme prise de frissons. Et sur son corps s’échouent quelques gouttes translucides. Elle se souvient du film visionné hier soir, du regard perçant de Jeremy Irons et de la tension érotique qui s’en dégageait. De l’autre côté de la piscine, des yeux la fixent, c’en est troublant. La même audace, comme une révélation.
Elle revient au clapotis familier de l’eau. Et glissent ses doigts sur les dessins qui se forment et déforment la réalité. Ici et là des points qui reliés les uns aux autres racontent une histoire. Le vert se brouille encore davantage au contact de deux autres mains qui s’accordent au ballet des siennes. Elle sent ses doigts suivre un autre rythme. Sa respiration se fait dense. L’illusion impose sa cadence. Puis plus rien. Comme si tout venait d’un imaginaire fécond et indomptable.
L’eau a retrouvé sa légèreté. Quand tout son corps n’est que tension. Le génie dans sa lampe sort et entre selon son bon vouloir. Les images dans sa tête se mélangent. Elle se lasse de l’eau qu’elle ne fait que frôler. Elle ferme les yeux et voilà que le visage revient, que des mains la surprennent, que ses hanches se fondent dans l’atmosphère suave.
Elle se laisse faire, ses sens absorbés par l’impact étranger. Une autre caresse pour redonner vie à son ennui. Sous le regard discret de l’eau dans laquelle se reflète un corps à corps dont elle ne saurait dire où il commence, ni où il se termine.
Les fantasmes ne sont que des vertiges
Les vestiges d’un imaginaire fécond
Chacun tient la liberté de les réaliser tous
Comme de n’en réaliser aucun
Ils n’ont pas de nom
Ni de patrie
Ceux que l’on écrit nous sont proches
Ou bien appartiennent à d’autres
Derrière les mots
Une identité que chacun façonne à sa guise
Une femme libre
Qui se souvient…
Un jour la femme s’assume
Puis un jour elle devient un fantôme
Un souffle rauque
Impuissant
Parce que l’homme a pris le pouvoir
Il a posé son regard sur sa liberté
Il l’a jugé comme une invitation
A entrer dans un espace qui n’est pas le sien
À faire de son corps un terrain de jeu
De ses jeux
Un objet
Un objectif
Un jour elle ne dira plus rien
Elle lui donnera ce qu’il attend
Elle sera son fantasme éveillé
Sa poupée malléable à merci
Elle nourrira ses rêves de toute puissance
On peut dire le plein Mais comment dit on le néant?
Face au corps dénudé libéré Comment dit on le corps caché entaché par le dégoût?
On peut dire les frissons jouissifs Mais comment dit on la peur glaçante?
Face au silence Que reste t’il du consentement?
La violence n’est pas cruelle. Elle est sourde, étouffée. Une violence plus noire que la nuit. Une violence qui piétine puis laisse le corps tomber, sombrer, en apnée.
Il a plaqué son corps contre le sien. Rien. Pas un bruit. Pas un geste. Comme si l’absence de mouvement pouvait la protéger. Il a remonté sa chemise de nuit. Elle a retenu sa respiration. Il a ouvert ses cuisses sans cérémonie. A t’elle résisté? Peut-être. Un rite. Passage obligé. Une routine. Celle de la nuit. Celle du silence. Celle de l’absence.
Un jour la femme renaîtra de ses cendres Elle ne donnera sa confiance
Qu’à ceux qui sauront respecter sa liberté
Ne remettront pas en question ses limites
Qui aimeront son corps, encenseront son audace, glorifieront son désir
Avec le respect qui est dû à chaque être humain
Tout en sachant que jamais rien ne nous appartient.
Je pourrais vous dire que nos nuits d’amour gagnèrent en intensité, celle de nos contrastes, que j’adorais la prendre sur la table au milieu des miettes, le matin surtout, avant que nos journées de boulot respectives ne nous séparent pendant des heures inconfortables.
Et qu’elle criait aussi, que c’était bon de l’entendre jouir, les fenêtres ouvertes, pour que tout le monde sache combien c’est ravissant une femme riche de délices, que j’en voulais plus, que je lui donnais plus. Qu’elle enfilait sa robe sur les miettes juste après et que le soir on faisait chauffer du chocolat au bain-marie, noir de préférence, corsé, au caramel au beurre salé parfois, au piment aussi, pour changer, et qu’elle adorait m’en enduire le corps et venir ensuite le lécher, à califourchon sur moi telle une guerrière en plein rituel sacré.
Que j’aimais le chaud, très chaud et le froid, très froid. Qu’elle préférait sentir couler sur son corps, entre ses seins, si jolis et si ronds, les glaçons. Chacun ses passions. Et que j’aimais beaucoup le moment d’attente, l’espièglerie dans ses prunelles, quand c’était moi à califourchon sur son corps, qui tenait les rênes d’un nouveau scénario.
Je pourrais vous dire qu’elle me dévorait toujours avec le même enthousiasme que celui des premiers jours. Qu’elle adorait jouer avec sa bouche tout entière, ses lèvres, sa langue, ses mains. Que j’aimais la regarder faire, aller et venir sur mon membre tendu. Que j’appréciais sa générosité en la matière, que c’était chaque fois différent, chaque fois enivrant. Qu’elle me disait y penser toute la journée.
Je pourrais vous dire les marques sur ses jolies fesses. Un peu de rose pour les jours gris. Et son corps qui en redemandait. Mes mains qui honoraient sa peau en cadence. Et parfois le cuir d’une ceinture, d’un fouet, des traversées que nous faisions ensemble, à notre rythme. Et son cou que je découvrais chaque fois plus en profondeur, son cou détendu entre mes mains expertes, sa respiration bridée par une pression précise, sa confiance acquise. Un transfert de pouvoir qui me laissait libre d’agir à ma guise, de la pousser dans ses retranchements, tout en connaissant ses limites.
Et ses jambes pliées, repliées, ses cuisses écartées, son intimité visitée par mes doigts affamés, ses cheveux saisis sur le vif, sa tête rejetée en arrière, ses poignets enserrés, ses pieds maintenus par des rubans de soie, son être tout entier souple, qui n’en avait jamais assez, et sa petite voix, qui disait « encore, encore » et ne voulait jamais que ça s’arrête.
Je pourrais vous dire encore tant de choses à son sujet, continuer comme ça sur des pages et des pages…
Extrait de mon roman La Fille Exquise (disponible en Papier et PDF sur The Book Edition et en EBOOK sur Amazon)
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