
Le premier jour, la découverte. La bienveillance érigée en valeur absolue. Le monde entier peut bien s’écrouler, nous avons trouvé une “famille” ou presque, un endroit dit-on pour être pleinement soi. Ici, il sera question d’accueil et de tolérance.
Freud, Lacan, Jung, et bien d’autres. Des sujets fascinants, passionnants et pas assez de temps. Les groupes se forment et on trouve pas à pas nos marques dans un univers qui semble enfin nous convenir, qui fait sens, qui nous offre une place. Cette fameuse place qui nous fait tant défaut.
On apprend, on comprend. On grandit vite et on se prend de belles claques aussi. Certaines conversations nous emmènent un peu loin, on décroche et puis on s’accroche. Ce n’est que le début de l’aventure. C’est une coupure franche avec le monde du dehors, celui dont la carte du monde nous parait si souvent étrangère, voire inaccessible.
On construit, on déconstruit les grandes théories et on passe à la pratique. Et là on se sent d’un coup tout petit face à celles et ceux qui partagent des bribes de vie. On doit écouter c’est vrai alors on écoute. Et on doit tirer le fil aussi de ces confessions, emprunter un chemin. Au fil des expériences on va acquérir plus de confiance, mais les histoires seront souvent les mêmes, des histoires compliquées, des douleurs qui ressortent sans y avoir été invitées.
On se sentira un peu petit avec notre maigre bagage, nos outils fragiles pour faire face à cette souffrance qui oscille entre espérance et désespoir. On se demandera, quand même, souvent, un peu plus qu’avant si ce n’est un peu léger tout ça, si cette onde de bienveillance ça ne fait pas trop de dégâts, si notre diplôme on ne l’achète pas!
Et puis on se sentira en marge une fois de plus, dans cet espace où on pensait avoir trouvé quelque chose de différent, de plus cohérent. On essaiera un peu d’en parler mais on sentira vite que ça ne sert à rien – tout le monde est emballé.
On justifiera cela ainsi – une question de carrure, de pointure. Ou d’équilibre personnel. Pourtant du travail on en a fait, on en a démêlé des pelotes de laine. C’est difficile à accepter quand personne d’autre ne remet en question un enseignement, une façon de faire.
Je pense avec le recul que ça n’était juste pas fait pour moi, je ne me suis pas retrouvée dans cet endroit, dans cet enseignement. Les avis sont élogieux et les praticiens nombreux, un gage de sécurité et de sérieux – sûrement. Je suis repartie avec un regard sur le monde plus ouvert et flexible, avec quelques clés et une solide amitié. Je tourne aujourd’hui une page, il m’aura fallu un an pour faire ce choix – libérateur!