La photo faisait la Une de tous les journaux. Les kiosques ne désemplissaient pas. Tout le monde se ruait sur l’horreur, pour avoir la primeur des images les plus folles. Pascal, bien à l’abri derrière ses volets roulants, regardait la scène avec émotion. Il ne comprenait pas l’engouement matinal des gens pour ce genre de fait divers, gens qui à cette heure, la plupart du temps, ronflaient comme des bienheureux dans leur lit, tressant dans leur sommeil des rêves artificiels.
Il sentit une révolte sourde le gagner, celle qui arrivait sans y être invitée. L’humain lui semblait parfois insensé. Il savait déjà qu’il n’allumerait pas sa télévision aujourd’hui, qu’il resterait peut-être même bien au chaud chez lui, pour ne pas avoir à entendre au coin des rues les conversations sur la tragédie de la nuit.
Il quitta sa fenêtre et se dirigea vers sa chaine stéréo, prit un CD au hasard, choisit le mode “aléatoire“, s’offrant ainsi le luxe de la surprise. Les premières notes de la 9e symphonie de Beethoven résonnèrent dans le petit appartement. Et il s’envola…
Ce texte a été écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture d’Olivia. Les mots imposés étaient: kiosque – matinal – révolte – tresser – émotion – aléatoire