« Louise m’avait permis de reconstituer l’idylle de mes parents coupables. J’avais quinze ans, je savais ce que l’on m’avait caché et à mon tour je me taisais, par amour.“
Qu’aurais-je pu faire?
Tout dire et alors, laisser les autres, leurs regards et leurs jugements venir mettre à mal, pas seulement l’image, mais aussi tout ce qui composait notre vie. Je n’étais pas friand de secrets, je les voyais grignoter chaque jour tous ceux qui tentaient de jouer avec leur vérité, ceux qui conjuguaient des vies au pluriel, en pensant protéger ceux qu’ils aimaient. Je savais le poids et pour autant, je gardais pour moi ce qui relevait d’une autre histoire.
Est-ce que je devenais moi aussi, en gardant ce secret, coupable? Et de quoi? Beaucoup de points d’interrogation, comme ceux de l’histoire dont Louise ne m’avait conté que quelques bribes, qui, mises bout à bout, m’avaient permis de comprendre ce que les silences gênés de mon pères, les absences de ma mère signifiaient.
J’avais posé des mots sur tant d’autres jalousement gardés, sur une réalité fantasmée. J’aimais mes parents autant que je les détestais. Pour ce qu’ils m’avaient volé et la confiance, à tout jamais, abusée. Je ne pouvais plus les regarder comme avant. Quelque chose, sans cesse, me ramenait à un passé dans lequel je n’existais pas et qui pourtant avait posé les bases d’aujourd’hui.
Je me demandais déjà combien de temps je pourrais vivre avec ce poids, si il finirait par ne plus rien peser ou si, au contraire, il ne cesserait de gagner en intensité, jusqu’à ce que je n’ai plus d’autre issue que celle de le livrer. Mais alors à quoi bon? A quoi bon s’empêcher pour finir par tout balancer? A quelqu’un qui n’aura rien demandé et qui se trouvera dépositaire d’une véritable bombe à retardement…
Retrouvez les participations ici: Chez Mébul, Chez Josée
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Pour la semaine 14, l’idée s’est imposée d’elle même en dénichant ce matin même “le temps des secrets” de Marcel Pagnol dans une boite à livres.
La scène de votre prochain texte se déroulera devant une boite à livres. En choisissant un livre, votre personnage découvrira à l’intérieur une lettre faisant état d’un secret. Vous décrirez brièvement l‘environnement proche et l’état d’esprit de votre personnage, avant de nous livrer le contenu de cette lettre et des émotions qu’elle fait naitre chez votre personnage. Amusez-vous bien!
Chère Marie, je me reconnais tellement à travers tes écrits! Tu mets des mots sur ce qui est resté enfoui en moi depuis trop longtemps! Tu exprimes ce que je suis encore incapable de faire. A force d’écrire, j’y arriverai sûrement… un jour.
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Merci Josée. C’est peut-être plus facile d’écrire ce qui ne nous regarde pas, je ne sais pas.
Un jour peut-être si c’est nécessaire pour toi.
Grosses bises et doux weekend
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Il est tellement difficile d’accepter l’histoire de ses parents ! Se taire paraît souvent l’unique solution ! Passe un bon début de semaine Marie Grosses bises
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Oui pas toujours évident de savoir qu’en dire, comment le dire. Mais je crois que chaque histoire est personnelle, même si certaines sont plus liées que d’autres.
Excellent weekend Paulette
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On peut tout imaginer, tes mots sont une lettre ouverte sur nos divagations, j’aime beaucoup !
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Merci Patricia. J’aime me poser, poser en général des questions.
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