Une photo qui dise quelque chose, porte un message, une photo avec une mission en quelque sorte. Voilà ce que je cherchais, non pas par choix, mais par loyauté. Loyauté familiale, désir d’appartenance, quête de reconnaissance. Une photo, qui dirait tout, une photo avec une âme, comme une inspiration qui viendrait d’en haut et qui me ferait prendre du galon dans la généalogie familiale.
Mon grand-père parlait fort, il aimait l’engagement, il ne jurait que par l’intelligence, il militait pour des causes qu’il croyait justes. Et répétait à qui voulait bien l’entendre que son petit-fils marcherait un jour dans les pas des plus grands photographes, reporters. Il me voyait remportant des trophées, des prix jusqu’alors décernés aux meilleurs.
Cette photo je la traquais, nuit et jour, je cherchais celle qui allait me hisser sur le podium de tête, qui me donnerait accès aux louanges de celui que je considérais comme un héros et qui n’avait jamais eu ma chance.
Je me demandais bien parfois, souvent même, si on pouvait qualifier cet état d’être de chance. Je me posais la question de cette vie que je menais et qui ne me menait nulle part. J’interrogeais mes motivations et je questionnais mes prédispositions. Puis je culpabilisais de ces pensées de “riches”, moi qui disposait de tout ce dont j’avais besoin.
Un jour en passant dans une rue, j’avais croisé le regard de gamins, comme moi, qui jouaient, riaient. Je les avais longtemps regardés, comme hypnotisé par un spectacle somme toute ordinaire mais qui pour moi avait des allures d’ovni. Etaient-ils eux aussi liés par un quelconque pacte? Se sentaient ils eux aussi prisonniers d’un idéal impossible à atteindre? Ou bien vivaient-ils ce qu’il y avait à vivre, sans courir après cette insatiable envie d’exister pour quelque chose, de plus grand, de plus vrai?
J’avais immortalisé la scène. Une photo toute simple, qui ne se donnait pas des allures de grande dame. Un instant de vie volé à la grande course contre la montre à laquelle on m’avait inscrit sans mon accord tacite, bien avant même que je vois le jour. Un instant comme pour me rappeler que j’avais l’âge de ces gamins et que je vivais le rêve d’un homme sur le point de mourir.
Retrouvez les participations de cette semaine ici: Chez Plume d’étoiles, Photo sensible chez l’encre nomade, 1971 chez Josée, le bitume au vestiaire chez Mébul, chez Sweet Things
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Pour la semaine #3, je vous invite, à partir de cette photo, à écrire un texte sur l’arrière plan, le moins visible, le flou, le mur…Votre texte devra être écrit à la troisième personne (singulier ou pluriel). A vos plumes et claviers!
Bravo 👏 vraiment magnifique 😍 j’adore 💕
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Merci Nicole!
Ton enthousiasme me fait vraiment chaud au coeur!
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Belle analyse de ce que ressent une fillette à qui on impose un avenir qui ne lui convient pas ! Bon après midi Marie grosses bises
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Et il y en a beaucoup de projections des adultes sur les enfants, parfois consciemment, parfois pas!
Bises paulette et bonne journée
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Quelques mots poignants et nostalgiques, avec une pointe de douceur.
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Oui tout n’est pas à jeter!
Merci Patricia
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Vivre le rêve d’un autre… On se rejoint dans nos thématiques, je vois!
Un texte superbement écrit, comme toujours 🙂
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Oui en effet Marie!
Combien sommes nous à vivre le rêve d’autres personnes, je me demande parfois…
C’est un plaisir de reprendre la route de cette aventure que je trouve très riche et je suis heureuse que tu en fasses partie
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Bonjour Marie,
Ton texte est magnifique et poignant.
Je l’aime beaucoup !
Je pense publier le mien dans la semaine, ce n’est pas trop tard ? (sur Instagram car c’est le seul endroit où je suis présente pour l’instant)
Merci pour ce challenge et pour tes mots.
Je t’embrasse
Justine
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Justine, merci beaucoup pour ton message, ça me touche.
Tu peux le faire quand tu veux, envoie moi juste un petit mot pour me dire quand c’est prêt et je l’ajouterai ici.
Je t’embrasse bien fort et espère que tu te portes bien.
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