On était là. On ne l’est plus. La vie a repris des couleurs et on a délaissé ce petit coin douillet, les rencontres, les mots qui nous ont soutenu pendant les heures creuses, les trous noirs. On dit que le bonheur ne s’écrit pas alors on n’écrit plus. Plus rien. On s’échappe pour soit-disant vivre pleinement l’instant. On s’absente. Souvent sans rien dire. On est dans un bonheur exclusif, quelque chose qu’on garde pour soi, qu’on ne partage pas.
Et puis on revient au premier coup un peu trop rude. On déverse sur la toile l’amertume, le chagrin. On vient chercher le réconfort ou autre chose. On pose les maux après des semaines, des mois de silence. On vide le trop plein.
On n’est pas seul(e). Ils sont nombreux à revenir, à l’heure de la rupture, du deuil, à l’heure des regrets, de la trahison, à l’heure où les aiguilles restent figées sur une heure grave, une révolte sourde, une colère qui froisse et anéantit tout.
Du bonheur, il ne reste rien. Pas une phrase, ni quelques images. Non, on pensait qu’il était invincible, que l’amour était indestructible. On se croyait plus forts que les autres. Alors on n’a rien gravé. On a gardé tout sous scellé. Par pudeur parait-il. Pour conserver une part d’intime. Toutes les excuses sont bonnes.
Je ne comprends pas ce travers de l’humain à partager beaucoup le moins et peu le meilleur. Nous nous révoltons contre les nouvelles du journal de 20h, toutes plus déprimantes les unes que les autres mais nous ne valons pas mieux. Nous restons concentrés sur l’idée que le malheur fait vendre, le sang a de l’avenir. Pour les belles choses, il faudra repasser, il n’y a personne au numéro demandé.
On préférera les parcours chaotiques, les témoignages dramatiques, les histoires d’amour qui finissent mal, qui font mal.
On passera sous silence les sentiments qui nous portent, nos plus beaux projets, nos rêves un peu fous, les étincelles qui naissent dans nos yeux au contact de l’autre, l’amour, l’ami. De nos rencontres on ne notera que la fin, fulgurante et les larmes. De nos chemins de vie, on ne relira que les coups de blues et les creux de vague.
Nos victoires, nos coups de cœur, l’émerveillement des premières fois, l’enthousiasme des premiers pas s’envoleraient presque au premier coup de tonnerre.
Je me demande encore parfois pourquoi.
Mais comme un pourquoi n’y change rien, comme nous ne sommes pas tous les mêmes, moi je préfère tout noter, tout écrire pour que rien ne se perde du beau de la vie. Pour que cette énergie là ai plus de poids, il faut que nous soyons plus nombreux à la partager.
Nous ne sommes pas la somme de ces coups durs qui nous touchent, mais une palette bien plus colorée. Il ne tient qu’à nous de la faire exister.
Le beau de la vie Marie, c’est oublier que l’on a mal…C’est prendre le train en route et laisser faire la magie, se laisser porter, être spontané.
J’ai compris dernièrement que la spontanéité était ce qui se tenait le plus proche de notre âme…
Comme un sentiment que l’on dénature pas !😉
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Je pense que ça dépend des personnes, mais qu’écrire uniquement que sur du positif, c’est difficile. C’est possible, mais beaucoup de personnes écrivent comme un exutoire et même s’ils y a davantage de happy end que de fin dramatique, on aime que les chemins soit tortueux et les âmes en peine. Peut-être pour se donner l’espoir que si le notre l’est, on a tout de même un espoir à la fin.
Je trouve plus facile d’écrire des scénarios légers dans des films, des séries ou des reportages justement, voir des nouvelles sur des courts instants. Commenter une action positive. J’ai écrit la naissance de mon neveu car je ne veux jamais oublier cet instant. Cela dit, c’est me concernant. J’écris toujours davantage quand je broie du noir que quand je vais bien. Quand je vais bien, je veux juste vivre l’instant. C’est sans doute pour ça, que les contes de fée racontent l’histoire jusqu’au mariage et aux enfants.
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Ben voilà, c’est exactement pour ça que je n’arrive plus à écrire sur mon blog…marre de relater le “qui va pas ou pas trop ou qui va mal”, mais pas la technique pour écrire le chouette, le sympa, le beau, le “+”… et que je commence à m’ennuyer sec sur la toile parce que je voudrais trouver des histoires de vie pleine de cette énergie du beau comme s’intitule votre/ton billet! Bref, vos/tes mots font leur petit effet sur moi….Pourrait-on imagine, après les états d’esprit du vendredi un rendez-vous régulier de l’énergie du beau? les lundi énergie? Qu’en pensez-vous?
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En même temps tout dépend de notre état d’esprit, il y a des moments dans la vie où le besoin de lâcher ce qui nous fait mal est nécessaire.
Jolie idée en effet – qui mérite réflexion!
Merci beaucoup et courage!
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*pourrait-on imagineR… désolée le commentaire est parti trop vite 🙂
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Merci Marie, quel texte magnifique. Tu as tellement raison. C’est plus facile de faire la liste de ce qui ne va pas que celle de ce qui va. Moi, j’essaie de partager les bonheurs qui font ma vie et c’est vrai que c’est pas toujours facile mais c’est un bon exercice. Voir le beau au lieu du moche, c’est changer son regard et ça fait du bien. Merci encore pour ce bel article. Belle fin de journée 😘🙏☀️
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Bonjour Marie.
Ton beau texte me fait penser à une chanson de Zazie (qui raconte elle, pourquoi elle n’écrit pas sur le bonheur). Je te mets les paroles ici :
J’écris sur ce que j’endure
Les petites morts, sur les blessures
J’écris ma peur, mon manque d’amour
J’écris du cœur, mais c’est toujours
Sur ce que je n’ai pas pu dire
Pas pu vivre, pas su retenir
J’écris en vers, et contre tous
C’est toujours l’enfer qui me pousse
A jeter l’encre sur le papier
La faute sur ceux qui m’ont laissée
Écrire, c’est toujours reculer
L’instant où tout s’est écroulé
On n’écrit pas sur ce qu’on aime
Sur ce qui ne pose pas problème
Voilà pourquoi
Je n’écris pas sur toi
Rassure-toi
Moi j’écris sur ce qui me blesse
La liste des forces qu’il me reste
Mes kilomètres de vie manquée
De mal en prose, de vers brisés
J’écris comme on miaule sous la lune
Dans la nuit, je trempe ma plume
J’écris l’abcès, j’écris l’absent
J’écris la pluie, pas le beau…
Pour ma part, je pense qu’on peut et qu’on doit écrire sur tout, car la vie a bien deux faces : le beau et le laid, le doux et l’amer… Je t’embrasse bien fort.
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Jolie chanson, un peu triste mais jolie!
Je te rejoins sur les deux faces et en occulter une c’est dommage!
Merci beaucoup et belle soirée Sandra.
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C’est humain je crois de partager ses peines et peut-être plus facile sur la toile quand en face les gens sont des inconnus, ou presque. Et parfois cela fait peur de partager le bonheur, de peur qu’il s’en aille et de peur de peiner ceux qui sont moins chanceux…..
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Je te rejoins Marie. Mais ne partager que ça?
Je me demande si on apprenait à partager le beau, si ça changerait le coeur des gens…
Tout le monde n’est pas moi, mais c’est le bonheur des gens qui m’a aidé à tenir dans les heures noires. Je me disais que la lumière allait revenir. Et puis parfois c’est agréable aussi de voir que les autres vont bien, que le monde continue de tourner même quand le nôtre semble s’être arrêté de battre.
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J’essaie de partager le beau avec mes photos et mes mots…. mais tu as raison, il ne faut pas jaloux du bonheur des autres, heureusement.
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Tu partages de belles choses Marie…
Et ça faut du bien!!
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J’aime beaucoup ta façon de voir les choses ! Bon il se trouve que ce que j’écris est plutôt sombre voir noir mais c’est ma vie aujourd’hui. Bientôt, c’est promis, je partagerai aussi le beau ! Bises affectueuses.
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Merci Catherine.
Il y a un temps pour tout. Et lâcher les maux est nécessaire. Dans ce texte je pense surtout aux personnes qui quittent la toile quand le bonheur est là et ne viennent que pour partager leurs détresses, quand le soleil semble changer de face…
Tu partages du beau même dans le noir Catherine. Et c’est ça aussi ta force! Toutes ces étincelles d’espérance.
Merci du fond du coeur.
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❤️
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C’est merveilleux ce que tu écris, car “c’est la vie, ses amours et ses chagrins”, c’est émouvant !Mais vois-tu, j’écris depuis toujours, depuis que je suis une petite fille qui a grandi trop vite, en perdant ses adorables parents . Alors, je me suis réfugiée dans des rêves, et en les réalisant pour faire plaisir à “mon grand frère “:Brel”! Ma vie est devenue hyperactive, en danses, en sports, en chant, et en rêvant à des voyages fous, et j’ai trouvé un coéquipier d’enfer, “un coup de foudre” et nous avons risqué notre vie avec un immense bonheur, sans penser, sans écrire, ne perdant pas une minute pour profiter de la vie à outrance! Mais, la venue d’un enfant a brisé notre passion.A partir de là, je me suis consacrée à mon fils, et à 9 mois, je l’emmenais déjà faire le tour de France, à 18 mois le tour de Corse sur un radeau fabriqué par mon cousin etc.Mais
, il a grandi, et il a préféré une vie plus raisonnable, et le “club”!
Mais ce qui explique qu’il est difficile de raconter ses amours, c’est secret, c’est suggéré, car mes lectrices n’ont peut-être pas eu la chance de rencontrer la passion plusieurs fois, et peut-être jamais, alors je le garde dans mon coeur de mamie.Elles me connaissent depuis 2005…J’ai envie de hurler parfois ma détresse de vieillir, mais certaines passent par des moments très difficile à vivre.On choisit de lire un livre ou de regarder un film , mais comme il est difficile de raconter ses amours sur un blog !Elles préfèrent voyager avec moi, mais mes amours sont secrets, et il est délicieux de les préservés, non? J’ai regretté mes confidences, où elles me répondaient;” Moi, je n’ai pas connu la passion”.C’est , ma vie et je me dois de la préserver.Je ne veux pas les blesser surtout quand on atteint un âge de non retour…Tu es ,sans doute jeune .Un jour , tu me comprendras!
Bisous
Dan “le mois prochain j’aurai 80 ans, et je ne l’accepte pas!”
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Peut-être avec le temps, peut-être oui…
J’aime les histoires d’amour. C’est peut-être une histoire personnelle au fond. Chacun partage ce qu’il souhaite.
J’ai juste du mal avec le partage du triste sans parler du gai, de la colère sans parler des élans de joie, des cris sans parler des rires…
Je trouve que ça crée un déséquilibre.
Comme je le disais à Marie, c’est dans le bonheur des autres que j’ai puisé la force de refaire surface.
Je crois qu’il faut accepter que nous n’avons pas tous la même vie. Et peut-être faire le maximum pour éviter les regrets. Encore une fois plus facile à dire qu’à faire, surtout comme tu le dis passé un certain âge.
Merci beaucoup pour ton partage.
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Nous nous connaissons Dan via nos blogs, brindille33 anciennement filamots. J’ai toujours lu tes histoires sans intervenir. Aimer, souffrir, attendre, et là vieillir, je te comprends. Je vais en avoir soixante-dix ou septante 😉 Tes passions sont belles et humaines. Tu as vécu beaucoup de choses, bien remplies. C’est une bonne chose. Bisous. Geneviève
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J’avais lu, je ne sais plus où, que le cerveau humain est biologiquement programmé pour porter attention aux malheurs, aux horreurs, une façon de garder les sens en alerte en cas de danger. Extraire le positif n’est pas naturel pour le cerveau, c’est un exercice, ça demande de la pratique et de l’élasticité. Heureusement, écriture ne rime pas avec malheur et l’on peut raconter indéfiniment le bonheur, de nombreux auteurs l’ont fait, et je tente de le faire modestement sur mon espace, comme toi 🙂
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Merci pour cet éclaircissement!
En effet dans ces cas là c’est de la pratique, jour après jour.
J’y crois au bonheur écrit, en livre, ici et j’aime toujours lire des jolis blogs comme le tien, qui font justement du bien. Un peu de douceur dans ce monde…
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Merci, je suis contente d’avoir découvert le tien aussi, ça me change des blogs familiaux auxquels je suis abonnée en majorité!
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C’est souvent au fil de nos lectures respectives que nous découvrons de nouveaux univers.
Merci!
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J’aime beaucoup ta belle conclusion optimiste.
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Mille mercis!
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Oh que oui ….
Soit on partage, soit on ne partage pas.
Aller juste à la pêche à l’aide en cas de problème, pas très cool non ?
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J’imagine que cela répond à un besoin, mais je trouve dommage de ne partager que ça…
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Quel magnifique et juste message.. J’ai souvent cette impression, que ce soit sur internet ou non, qu’on partage beaucoup plus le négatif, c’est clair… Peut-être parce qu’on garde pour soi, sans problème le bon et qu’on a besoin d’extérioriser le mauvais. Pourtant, j’ai toujours eu l’habitude de dire aussi souvent que je le ressentais le positif, aussi. Dire aux gens qu’ils sont beaux, dire que je passe un bon moment, dire à quel point ce que j’ai vu était beau. Et puis, je remarque aussi que lorsqu’on dit ce qui ne va pas ou ce qu’on a vécu de difficile, ça aide l’autre. Soit à se sentir mieux, parce qu’il n’a pas autant souffert, soit à se sentir moins seul, parce qu’il vit des choses similaires. Dans tous les cas, que ce soit pour le bon ou le mauvais, j’aime surtout l’honnêteté et le partage. Le fait d’être sincère et de sortir ce qu’il y a de profond…
Quand j’ai ouvert mon blog, je voulais ne parler que de choses positives, parce que je ne voulais surtout pas “imposer” aux autres ce qui me fait de la peine. Mais ce n’est pas représentatif de ma vie, de la vie en général. Alors je partage juste du mieux que possible, tout, en essayant de ne pas imposer, juste de proposer… 🙂
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Partager les deux quand ils se présentent c’est sain Justine.
Le difficile aide les autres en chemin et c’est important de pouvoir mettre des mots sur les maux.
Le beau montre aussi que la vie est pleine de surprises, de belles personnes. Ce n’est pas négligeable quand on voit l’état du monde parfois.
Rester soi même c’est la clé.
Depuis que je blogue j’ai vu pas mal de personnes déserter leur espace d’expression dès que ça allait bien et revenir quand elles considéraient que la vie avait été une nouvelle fois de plus injuste avec elles.
Et puis si on partage aussi le beau, dans les moments de doute et de chagrin, ça fait comme une grosse couverture de laine, ça fait du bien.
Je t’embrasse et merci pour ton retour sur ce sujet.
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