La rentrée, l’épreuve de force, depuis ton départ.
L’avenue est peuplée de rires d’enfants, qui circulent avec leurs cartables trop grands pour eux. Les parents, dans leurs pensées, semblent explorer les recoins d’un vieux rêve, celui de l’été, de la plage désormais abandonnée aux retraités. Les yeux des petits sont encore pleins d’aventures, de campagne, de crèmes glacées au chocolat, de “pirouette cacahouète”, de chants d’oiseaux au réveil.
J’ai croisé les voisins en descendant. Ils savent qu’il ne faut rien dire. Pas aujourd’hui. Odette m’a prise dans ses bras. J’ai trouvé un peu de chaleur dans son étreinte. Il n’y a qu’elle qui est capable de ça.
Depuis cinq ans, je survis. Comme une noisette abandonnée sur le bord de la route, un reste de saison. Au mieux, on m’ignore. Au pire, on me pose des questions. On me dit résignée. Je les laisse parler.
Qui peut comprendre? Qui peut savoir tout ce désespoir? Ta main dans la mienne dans cette clinique, place de la République. Ton petit corps supplicié. Ton visage écarlate. Les tuyaux partout. Et l’inéluctable au bout d’une aiguille.
Je ne cesserai jamais de t’aimer. Tu ne cesseras jamais de me manquer.
Ce texte est ma participation à l’atelier d’écriture d’Olivia. Les mots imposés étaient: noisette – avenue – voisins – république – rentrée – aimer – résignation – explorer – aventure
Poignant.
Je n’ose même pas imaginer la perte d’un enfant, le pire. Le pire.
❤ à celles et ceux qui l’ont subi.
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Je n’ose pas imaginer Olivia.
C’est quelque chose sur lequel j’ai toujours voulu écrire…je ne sais pas vraiment pourquoi.
Merci pour le texte et pour tous les parents en deuil.
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C’est magnifiquement écrit. Bravo.
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Merci beaucoup Laure.
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C’est sobre et si bien écrit ! Perdre un de mes enfants à toujours été une de mes plus grandes peurs, je ne sais pas comment on continue à vivre … Tendresse Marie.
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Merci Catherine. Je te rejoins.
Je ne sais comment non plus. Et pourtant j’ai vu des gens reprendre gout à la vie après ce pire.
Affectueuses pensées
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Un récit sensible dosé avec retenu.
J’aime ces ateliers où les mots imposés offrent une infinité de possibles.
Tu manie la contrainte avec aisance. Bravo Marie.
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Merci beaucoup Laurence.
C’est toujours intéressant en effet de découvrir les textes de chacun.
Belle journée
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Très émouvant ! Heureusement qu’il y a des Odette !
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Oui! Elles sont précieuses sur le chemin.
Merci beaucoup.
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un texte tout en discrétion
les grandes douleurs sont souvent secrètes et retenues.
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Oui je crois que certaines choses sont trop intimes pour être exprimées.
Merci
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