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Ce qui était et ne sera plus

Les dimanches pluvieux sont l’occasion inespérée de faire du tri. Il restait un dossier qui avait échappé à la première grande vague du mois dernier, le dossier dans lequel je n’avais pas eu le cœur de me plonger, après avoir éliminé souvenirs, cartes, objets gardés “au cas où”, vieux carnets de listes de course, journaux intimes d’un temps révolu.

Un dossier aussi lourd que 5 ans de procédure.

Un dossier émotionnellement très chargé.

Un dossier qui n’avait cessé de gonfler depuis le premier rendez-vous chez un avocat en Décembre 2012.

J’étais une femme perdue, je vivais dans la peur au quotidien. Pour moi. Pour mon fils et mes proches. Je n’avais aucune certitude, plus aucune, aucun projet, aucune envie. Demander le divorce était toutefois une évidence qui s’est imposée rapidement. Je ne supportais plus l’idée d’être la femme de cet homme, de porter son nom. Mais c’est surtout pour mon fils que je l’ai fait, pour le protéger.

Trier, c’était remettre le nez dans ces longues années, ces fausses pistes, ces mails insensés, remplis de menaces, d’injonctions, ces demandes jamais honorées, ces tentatives de conciliation avortées, cette envie de ne pas passer pour la « salope » de l’histoire (puis ne plus rien en avoir à faire). Trier, c’était se souvenir, refaire le chemin en arrière, faire face à cet épouvantable gâchis, gâchis qui m’a toutefois donner la force de rebondir, reconstruire ma vie. Et cette fois ci sur des bases solides. Cela a pris du temps, le temps des fondations bien ancrées dans le terre, le temps de comprendre, d’intégrer ma part de responsabilité, d’accepter que la vérité ne serait jamais révélée.

Il est clair que je suis très différente de la femme que j’étais en 2012. Je me suis découverte des ressources insoupçonnées, qui m’ont permis de faire face dans des situations délicates. Moi qui m’était toujours aplatie, qui avait toujours cédé, pour ma paix et celle de mon enfant, j’ai posé les limites, j’ai commencé à me respecter, à dire « non », à imposer MA vision des choses. J’ai appris à faire fi des insultes et des menaces. Mon attitude peut paraitre froide et insensible pour certains. Dans ce cas précis, je me considère comme seule maîtresse de nos destins. Je ne ressens pour lui ni haine, ni colère, juste cette indifférence qui a été mon salut au creux d’un deuil que je croyais impossible à faire. Son sort m’importe peu, je sais qu’il ne sera jamais heureux, qu’il en voudra toujours à la terre entière. Il n’est pas rayé de nos vies, il en fait partie, juste ce qu’il faut. Toutefois la confiance est rompue et ne sera jamais restaurée.

Alors, j’ai trié, j’ai jeté, j’ai regardé ces 5 années s’envoler dans le broyeur à documents, j’ai regardé ces semaines d’angoisse profonde s’évanouir, ces dizaines de mails traduits, ces attestations attestant l’horreur être englouties. Il ne reste plus que le strict minimum, les papiers d’état civil attendant de retrouver leur nom d’origine, les certificats de mariage et les jugements qui mettent un point final à ce qui était et ne sera plus.

Pour mon plus grand bonheur!

Et vous, trier ça vous fait du bien, ça vous fait peur parfois? Si vous êtes divorcés, avez-vous tout conservé ou tout liquidé?

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J'ai l'âme poète...

28 thoughts on “Ce qui était et ne sera plus

  1. Marie le tri est nécessaire parfois, salvateur aussi…. J’ai jeté des sacs entiers ces derniers jours, ‘j’ai réorganisé ma maison, je me suis détachée de ce dossier trop lourd pour moi auprès d’un avocat donc toutes les pieces là-bas. J’ai jeté ces souvenirs douloureux, ces mails d’amour puis d’insultes, ces cadeaux offerts puis des identiques ont été offerts à celle d’apres, jeté un dessin d’un jour où le dernier amour vrai avait fait alors que j’allais pas bien…. J’ai jeté des tonnes de choses mais j’en ai encore des tonnes à jeter, il va falloir en sortir aussi de manière orale demain avec le psy et ceux ci me font peur il va falloir que je parle de l’impensable demain et j’ai peur terriblement peur.

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    1. Trier est très positif, libérateur oui Maud. Il faut faire de la place pour du neuf. Chez moi c’est par vague. Je ne souhaite garder que l’essentiel.
      Courage pour demain. Je comprends ta peur et en même temps il faut que ça sorte. Ta psy est là pour ça, pour que tu puisses sortir tout ce qui te mange à l’intérieur et que tu ne peux pas partager.

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  2. J’ai tout garde ds un carton sans faire de tri… je ne le rouvrirai pas mais j’ai gardé une trace après moi les enfants en feront ce qu’ils voudront mais à l’époque il était hors de question que je détruise ce dossier brûlant cela n’a plus dimporatance aujourd’hui plus de 10 ans après et trier est certainement une bonne chose
    Bises Marie

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    1. Autant te dire que je ne me suis pas attardée sur les papiers en question. C’était important de tout garder jusqu’au jugement final. Je crois que c’est important aussi pour se souvenir ce par quoi nous sommes passées Catherine. Maintenant je n’attends plus que les modifications d’état civil!
      Grosses bises

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  3. Très très beau texte, je suis sincèrement touché…
    L’avenir te promet de bons moments Marie.😉
    Bonne soirée
    Tony

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  4. Le tri permet d’alléger l’esprit en plus de faire de la place physiquement dans la maison. Pour ce genre de papiers, dossier, il faut du temps, le faire lorsqu’on est prêt, et tu l’étais Marie. Faire en sorte que tout ça appartienne encore un peu plus au passé, pour laisser la place au présent.

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  5. Je trie régulièrement, je n’aime pas entasser des choses qui ne servent à rien. Je suis une adepte du minimalisme

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  6. Comme je te comprends… J’ai des dossiers de JAF, médicaux lourds et comme je suis heureuse que tout çà soit derrière !!!!. Pour exemple, mon ex avait menacé de me frapper devant le juge, et à ma grande surprise, cette dernière n’avait pas relevé ! Je me suis souvent sentie comme n’étant qu’une moins que rien facile à broyer. Mais çà, c’était avant 🙂 J’ai pu dire NON devant un ex employeur, un ex tout court et ce fut salvateur en effet. Depuis, je m’impose en respectant et en tournant le dos quand on ne me respecte pas. En général, je fais ce grand tri reposée en août. Mais durant les temps de pluie, c’est bien aussi 🙂 Bravo et heureuse pour toi, bisous 🙂

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  7. J’y ai mis du temps mais j’ai profité d’un déménagement pour ne plus traîner mon passé derrière moi ! Je n’ai juste que les papiers nécessaires pour mon fils. Cela m’a fait du bien et bizarrement j’ai pu évoquer l’Ex sans ressentir ni ressentiment ni colère ! Il était gommé ! Bonne soirée Marie Grosses bises

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    1. Je crois que lâcher tout ça permet de se libérer Paulette. En plus de désencombrer, on passe à autre chose, en toute sérénité, comme ton témoignage le montre!
      Bonne après-midi. Grosses bises

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  8. L avantage de l expatriation c est que l’on déménage régulièrement avec le tri qui va avec. Je n’aime pas me sentir lourde de souvenirs inutiles et douloureux. Alors, je détruit comme on détruirait un produit toxique, du bout des doigts, rapidement. Je me sens plus légère et libre. Détruire physiquement ne détruit pas son histoire. Ca c’est autre chose ! En tout cas pour le tri, oui. Je ne garde pas ce qui m’encombre. Bonne journée Marie.

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    1. Tout à fait Stéphanie. Voilà un des avantages de l’expatriation, garder l’essentiel!
      Les souvenirs douloureux mieux vaut s’en séparer. Quand aux autres, ils demeurent dans notre coeur et notre esprit. Nous n’avons pas toujours besoin de matériel pour les faire exister.
      Bonne fin de journée à toi aussi et merci pour ton partage.

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  9. J’ai vécu exactement la même expérience (je pense que j’avais écrit un truc sur le sujet). J’ai gardé les papiers relatifs aux procédures “au cas où” et aussi parce que ça fait partie de l’histoire de la poulette… Par contre, tout le reste, tout “l’émotionnel”, j’ai viré, sans regret (je me suis sentie un peu coupable mais c’est passé ^^)
    Gros bisous Marie ❤

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    1. Je crois que je ne l’ai pas fait avant par culpabilité Cécile! Là je me suis sentie prête à lâcher. Comme quoi j’ai gardé l’essentiel pour Loulou.
      L’émotionnel finit par peser lourd je trouve et ne sert à rien. Je suis contente que tu ai pu franchir le pas aussi!
      Grosses bises

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Un mot doux pour la route...

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