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Là, sur la plateforme du RER B, j’observe du regard les deux amoureux enlacés à mes côtés. Il est huit heures du matin. Au bout de la ligne, mon bureau m’attend. Les dossiers qui s’entassent ne font que meubler l’espace. Je m’ennuie considérablement. Travailler pour faire un métier qui te plaira, mes parents m’ont bien eu. Ou bien, ils y ont cru. Pourtant, j’ai pris plaisir à étudier, à passer des heures dans des amphithéâtres surchargés, à lire et relire des cours donnés, tantôt par des professeurs passionnés, passionnants, tantôt par des survoltés, complètement barjos.
Pour passer le temps, je déambule entre les étages, m’arrête chez une collègue pour papoter, échanger quelques anecdotes qui feront le tour des services en un rien de temps. Je reviens à mon poste, sans grande conviction et tente de m’atteler à une tâche compliquée. Je me dis parfois que je pourrais reprendre des études, demander un congé formation ou partir à l’étranger pour parfaire mes langues, puisque rien ne me retient à Paris.
Je vois d’ici la routine de ma journée à venir. Le téléphone sonne. Horreur. Je déteste la musique assassine de l’appareil. Elle perturbe mon rythme. Elle vient interrompre ma maigre concentration. Elle me force à arrêter mon travail. Elle stoppe ma pensée en action. Le téléphone continue de sonner. Le mien ou celui d’un autre. Dans mon bureau ouvert sur le monde, on dirait que je n’entends que le staccato qu’il produit, à longueur de temps. J’attends. Je compte les secondes entre chaque sonnerie. Je me fige. La musique continue. Je tente de me concentrer sur autre chose, sans vraiment y arriver. Rien ne m’intéresse. Le téléphone s’arrête enfin. Je reprends mon souffle. J’écoute le silence. Je m’en délecte. J’en abuse. Jusqu’à la prochaine sonnerie. Il faudra que je décroche cette fois pour régler un énième conflit administratif.
Au loin, j’aperçois le signal qui indique qu’il y a un problème sur une des lignes du réseau. Encore un. Toujours à l’heure de pointe. Souvent le matin. Je suis contente de ne pas être coincée dans un métro à l’arrêt, entourée de personnes, qui au fur et à mesure du retard pris, se crispent, s’énervent, se mettent à chercher frénétiquement un autre moyen d’être dans les temps à destination, sans y parvenir. Sans compter l’odeur des corps en chaleur qui devient vite insupportable.
Regarder les couples se retrouver, se quitter, se dire au revoir pour quelques heures, peut-être plus, se dire adieu des fois, c’est mon péché mignon.
Extrait de mon recueil de nouvelles “la vraie vie”, disponible Ici et sur le site The Book Edition.[:]
Super sympa ce petit article !
J’ai bien aimé.
Belle soirée Marie
Tony
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Merci Tony!
J’essaye de me mettre en avant, de parler de mes écrits – loin d’être inné!!
Belle journée
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Et tu as amplement raison ma petite Marie.
Des bisous.
Tony
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Beautifully written!
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Thank you very much!
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Lorsque la vie au travail nous ennuie c’est la soupape de sécurité que d’imaginer la vie des autres, souvent plus passionnante que la notre….du moins j’aimais le croire ! Bon mardi Marie grosses bises
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On se fait toujours des films sur la vie des autres Paulette. L’ennui au travail me permet d’écrire. Tout est source d’inspiration!!
Grosses bises et merci
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Lorsque j’étais étudiante je prenais le train, et ce que je préférais c’était vraiment observer le comportement des gens à quai !
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Comme quoi Estelle!
Est-ce que c’est ce que font les gens qui écrivent?
Ou est-ce juste un passe-temps fréquent?
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J’imagine: pluie, ciel gris, morosite et ton imagination qui est a son apogee!
Bravo Marie 😉 Bizz
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Tu imagines bien Carrie! Ce temps m’inspire, va savoir pourquoi!
Grosses bises et merci
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Deux recueils de nouvelles, deux de poésies, eh bien tu ne manques pas d’inspiration ! 🙂 Tu n’as jamais été tenté par le roman ?
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En effet Laurence!
Je ne me sens pas à l’aise dans le roman. J’ai essayé mais je bloque.
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