J’ouvre les yeux. Je peux choisir de ne pas le faire. Je peux choisir d’occulter la réalité, m’enfermer dans ma bulle, me protéger. Je peux choisir de ne pas voir, de ne pas avoir mal, de ne pas sentir mon cœur trembler à l’évocation de ce qui se passe, la-bas, dans ce pays que je ne connais pas, dont les images défilent sur mon écran de télévision, pays décharné et meurtri, pays massacré, pays que l’on laisse à la merci de martyrs sanguinaires. Je peux refuser l’indifférence du monde occidental. Je peux fermer mon cœur face aux rues, jonchées de cadavres, tombeaux à ciel ouvert. Je peux objecter que ça se passe loin, que je suis impuissante, que mes prières n’y changeront rien.
Mais je ne le fais pas. Je choisis de me prendre en pleine figure l’image de la mort qui balaye les rues, qui fauche les vies d’hommes, de femmes et d’enfants innocents. Je choisis d’ouvrir les yeux sur l’insoutenable, sur la cruauté qui décime, sur les rats qui courent parmi les restes de ce qui fut jadis une ville classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Je choisis de prier pour que ce bain de sang cesse, pour que les hommes au pouvoir du monde mettent un terme à ce massacre. Je choisis la vie face à la terreur. Je choisis le regard des enfants comme soutien, les promesses et l’espoir inhérents à chaque existence. Je choisis la colère à la place du chagrin. Je choisis de ne pas fermer les yeux.
Et je me tourne vers le ciel, ensoleillé ici, ensanglanté la-bas. Je prie pour ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui résistent, ceux qui agonisent, ceux qui luttent, ceux qui aident, ceux qui fuient, ceux qui espèrent, ceux qui aiment, ceux qui avancent coûte que coûte, ceux qui défient les armées de leur yeux perdus dans l’immensité de l’éternité.
Quelle tristesse, quelle angoisse. Quelle horreur.
Devant ma télé, je vis la culpabilité de l’occidental. Je culpabilise d’être née au bon endroit, d’être heureuse, d’avoir tant.
Et j’ai tellement peur de ne pas pouvoir vivre ma vie sans vivre la guerre à mon tour, autrement que par écrans interposés.
Notre impuissance est terrible. J’ai l’impression de faillir à mon devoir d’être humain.
Tu choisis de ne pas fermer les yeux et c’est honorable.
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On ne faillit jamais. On fait ce qu’on peut. Nous avons cette chance d’être nés du bon côté. C’est peut être notre devoir alors d’être heureux et d’aider notre prochain Rozie. Courage.
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Impossible d’ignorer les horreurs que vivent les habitants d’Alep mais à part prier pour qu’ils puissent retrouver une vie de paix que pouvons-nous faire à notre échelle ? Les “chefs” vivent bien à l’abri des bombes eux , c’est pourtant eux qui détiennent le pouvoir du mot” fin” pour ces atrocités ! Nous ne sommes malheureusement pas à l’abri d’une telle situation ! Pauvre Terre ! Bisous Marie
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Je crois que tu as raison Paulette. Nous ne sommes pas à l’abri. Personne ne l’est. Nous oublions et puis les horreurs reviennent nous rappeler que la vie est fragile.
Grosses bises.
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Je ne suis plus croyante donc inutile pour moi de prier. Il faut essayer d’avoir encore foi en l’être humain mais je me demande si cela signifie encore quelque chose pour la Syrie.
Les puissants ne font rien et nous, nous sommes spectacteurs de l’horreur.
J’aimerais que l’on se réveille, j’aimerais avoir le pouvoir de faire bouger ces Nations Unies.
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Nous sommes spectateurs de l’horreur Sophie, très juste. Je crois qu’il faut avoir foi en l’humain, il reconstruit toujours, même sur des ruines, il puise sans cesse la force d’aller plus loin.
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C’est tellement dur de se sentir si impuissants… Je suis triste pour ce peuple qui ne mérite pas de vivre ces atrocités pour rien. Je prie pour eux…
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Ton article était très fort Miss Texas et disait bien toute l’impuissance que nous ressentons face à cette tragédie qui décime des familles, villages entiers. Prier, je ne vois que ça à l’heure actuelle. Merci
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Merci à toi pour ce message. Je me joins à tes prières !
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Malgré l’horreur qui me rend dingue, ça fait du bien de te lire.
Malheureusement tu ne peux pas tout guérir avec mais tu es un Baum à toi toute seule… Merci petite Marie😘
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Merci Tony. J’ai l’impression que l’horreur s’éloigne au fil de mes mots, qui ne peuvent guerre changer le monde c’est vrai.
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Tu m’as manqué😋 joyeuses fêtes petite Marie ainsi qu’au petit escargot.🎄🎁🎉
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Les témoignages des Syriens d’Alep sur twitter… c’est juste insoutenable… et les enfants… je n’ai pas de mots…
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Je crois que tant d’horreur nous déconcerte – c’est tellement irrationnel, inimaginable Cécile.
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j’ai choisi aussi de ne pas fermer les yeux… mon coeur et mon cerveau oscillent entre effroi, impuissance, honte, colère, rage, tristesse… beaucoup de colère, de honte et de tristesse…
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On voudrait tous pouvoir faire quelque chose sans avoir quoi…C’est terrible ce sentiment d’impuissance et cette colère contre quelque chose qu’on ne maitrise pas.
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