Posted in Carnets de route

Comme les autres mamans…

Je suis en train de lire un livre extra, dont il faudra que je vous parle d’ailleurs quand je l’aurai terminé. Il est question de maternité et du fait d’attendre un enfant seule, un enfant dont le père a choisi de prendre la poudre d’escampette avant son arrivée. Il pourrait aussi bien s’agir d’un père congédié pour manque cruel d’attention ou d’un père qui quitte le navire en cours de route.

En lisant ce livre, je me suis replongée dans ma grossesse et dans mon début de vie de maman solo. Nous avons beau être de plus en plus nombreuses à assumer seules nos enfants, on nous regarde toujours comme si nous étions des martiennes.

Alors qu’au fond nous ne sommes pas différentes des autres mamans. Nous avons les mêmes coups de cœur, les mêmes coups de blues, nous galérons le matin pour partir au travail, sans tâche de confiture sur la robe (si possible), nous poussons des poussettes aussi lourdes, nous tombons sur des patrons plus ou moins compréhensifs quand il faut partir à 17h parce que petit loup a de la fièvre et qu’il faut le récupérer ASAP à la crèche ou chez la nounou, nous rions devant les expressions à dormir debout de nos bambins, nous hurlons parfois aussi, exténuées car bambino vient de recracher pour la énième fois son poisson sur la table, après avoir jeté tout ce qui lui passait sous la main et réduit le salon à une scène digne de l’apocalypse. A la différence près que nous n’avons pas toujours de cher et tendre pour nous dire « je prends le relais ». Mais nous avons parfois des parents, des copines, des frères, des sœurs, des voisins qui se font un plaisir de nous garder notre tornade le temps qu’on file se mater une toile, refaire le monde autour d’un café ou qu’on s’effondre dans le canapé pour une soirée en tête à tête avec nous-mêmes ou une bonne nuit de sommeil.

Nous ne sommes pas toutes à plaindre et passés les problèmes du commun des mortels, nous avons une vie toute aussi épanouie que les autres, entendez les mamans qui elles ont un papa à domicile. Parfois on les envie. Mais pas toujours !

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Pour certains nous restons des femmes à éviter, des phénomènes de foire. J’ai été ulcérée d’entendre mes voisins se confier à mes parents en ces termes « quand nous avons su que c’était une maman seule avec son enfant qui allait élire domicile à côté de chez nous, on s’est dit que la poussette allait sans cesse nous bloquer le passage, que le gamin allait être intenable et mal poli et qu’il y aurait un flot intempestif d’hommes à la porte ».

Et non, chers voisins, les femmes seules ne sont pas des salopes. Et elles sont investies elles aussi dans l’éducation de leurs enfants, qu’elles ont souvent décidé de garder contre l’avis d’un connard dont les premiers mots en voyant le + sur un test de grossesse, étaient « j’en veux pas » ou bien dont elles se sentent encore plus responsables depuis que le père a décidé de se barrer pour une autre vie ou a tout simplement disparu de la circulation.

Ce qui me choque souvent le plus, c’est qu’on nous parle comme si nous étions des demeurées, comme si nous n’avions pas conscience de la réalité, comme si nous vivions sur un nuage où tout le monde est beau et gentil, alors qu’en vérité, on avance, les deux pieds dans la mouise parfois, mais avec le sourire. Parce qu’on connait le prix de pas mal de choses (autre que celui des couches culottes et des jeux éducatifs). Il n’y a pas une case pour les mamans solo. Ou alors il y a des milliers de cases pour que chacune y trouve son bonheur.

Arrêtez d’avoir peur pour nous, de répéter « avec toutes les galères qu’elle doit gérer, on n’est bien obligé de l’aider ». On y arrive très bien seules aussi, si on nous en donne les moyens. Arrêtez de nous prendre pour de fragiles petites choses. Avec ce qu’on a ou ce qu’on vient de traverser, on a mûrit et prit des forces (même si ça ne se voit pas). Arrêtez de nous dire d’aller consulter un pédopsychiatre dès que notre trésor est un peu turbulent ou trop timide. Il se construit, comme les autres, n’oubliez pas.

Arrêtez aussi de nous parler du père, de ses droits, de sa vie (la plupart du temps on s’en fout), de l’homme qu’il faudrait trouver pour remplir ce rôle, parce qu’un enfant sans papa quelle horreur. Arrêtez de murmurer son nom comme si sa seule évocation avait le pouvoir de déclencher une guerre nucléaire. Arrêtez d’avoir peur de nous faire mal. Le mal est fait depuis longtemps. La vie continue. Heureusement.

A l’intérieur, ça bouillonne. On a des envies, des idées, des projets. Chaque chose en son temps.

On aime nos enfants (même si pour vous ça ne coule pas de source – on n’a pas toujours choisi de les élever seules – petit rappel souvent nécessaire).

On apprend.

Comme toutes les autres mamans.

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J'ai l'âme poète...

22 thoughts on “Comme les autres mamans…

  1. Ils sont charmants, tes voisins ! Bonjour les préjugés ! Une maman est un maman, quelle que soit sa situation. Je ne vois pas pourquoi le fait d’être seule l’empêcherait d’assurer aussi bien que si le papa était là (ou peut-être même mieux, qui sait ?). Ça m’a toujours fait bondir ces réflexions qui sous-entendent qu’en l’absence du père, il y a forcément un défaut d’autorité et de structure (et crois-moi, j’en ai entendu de toutes les couleurs chaque fois que j’ai été amenée à assumer seule ma petite tribu pendant quelques temps). A chaque fois, je manquais de m’étrangler : “Ah, le papa n’est pas là ?! Ça doit être la panique à la maison, alors !!!” 0-0
    Ne te préoccupes pas de ce que pensent les autres, Marie. Y en aura toujours pour te critiquer quoi que tu fasses !

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    1. Le monde est peuplé de personnes avec ce genre de préjugés Marie!
      Je crois que ça rassure les gens de penser que le père est indispensable. Alors qu’au fond une mère gère très bien aussi. Et qu’elle est tout à fait capable de s’occuper de ses enfants, en l’absence de ce dernier.
      On n’est pas des petites choses fragiles, on a quand même mis ces enfants au monde, c’est pas rien. Après un accouchement, je crois qu’on peut tout encaisser Marie…
      Mille merci et douce journée à toi.

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  2. Merci pour cet article marie, big love ❤ <3<3 !!!! Il y a aussi bcp d'avantages à être toute seule à s'occuper de son enfant : les règles sont claires. Quand je vois mon petit brin d'homme je suis fière de moi, de lui et je réalise à quel point il est tout aussi heureux que les autres enfants. Alors oui on a la vie qu'on a (et qu'on n'a pas toujours choisi), autant la positiver et arrêtez svp de nous regarder avec des mines dépitées : ce n'est pas la fin du monde !!

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    1. Et oui tu es une maman top, ça fait longtemps que je le pense. Au moins quand on est seule, on n’a pas besoin de tergiverser pendant des heures sur ceci ou cela, on applique ce en quoi l’on croit. L’autre n’a rien à y redire puisqu’il n’est pas là.
      Et nos enfants sont très épanouis et heureux.
      Mille merci.
      We are the best!!

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  3. Bien envoyé, ma belle ! Si tu as su le porter 9 mois dans ton ventre et le mettre au monde toute seule, alors pourquoi ne serais-tu pas capable de l’élever seule aussi ?! Certains feraient mieux de garder pour eux leurs réflexions à deux balles ! Plein de bisous à vous deux ❤ ❤

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    1. C’est si facile d’avoir des idées sur tout Karine. Je ne leur en tiens plus rigueur…
      Mais au début, quand je doutais de mes capacités à élever mon enfant, ça m’a fait un peu mal j’avoue.
      Mille merci ma belle et grosses bises de nous deux.

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  4. charmant tes voisins quoique moi jai une maman solo saloppe droguee voleuse et menteuse sur mon palier alors je pourrais avoir des prejuges… lol simplement parfois meme apres les avoir eleve un peu a deux on se retrouve maman solo sur me tard avec des ados et cest pas evident non plus a gerer mais comme tu le dit si bien on gere, on survit on grandit et aufinal on les eleve tres bien ces enfants amors bravo a toi pour ce tres beau billet! bisous Marie a tres vite

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    1. C’est comme pour toutes les catégories de personnes Catherine, il y a de tout! Tu en fais les frais malheureusement.
      Elever des enfants ce n’est pas simple, qu’ils soient petits ou grands, mais on avance et on assure aussi. Le fait d’être deux ne change pas grand chose, surtout que parfois l’autre n’est pas d’une grande aide, d’un grand secours!! Tu vois ce que je veux dire…
      Bises et merci.

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  5. Wahouh superbe article Marie! Il remet bien les choses en place, tu dis tout ce qu’il faut bien, comme il faut, félicitations! (et j’ai un peu buggé sur le “c’est une femme seule, donc il y aura un flot intempestif d’hommes”. Euh non…)

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    1. Elles sont pas jeunes mes voisines! Elles sont de l’époque où on pensait qu’une femme qui ose adresser la parole à un homme ou sort le soir est une fille aux mœurs légères…Mille merci Illyria, en espérant que tu vas mieux.

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  6. Comme ” il faut de tout pour faire un monde “, les gens ” bêtes ” pour le dire poliment, ça existe aussi… Ce si dit, si tous les enfants élevés seulement par leur mère, étaient des délinquants en puissance… à l’heure actuelle, l’Humanité de ce côté là, devrait se faire beaucoup de soucis… Bien sûr qu’un père c’est très important… Mais un enfant sans père peut devenir un adulte tout à fait sensé, intelligent et responsable à tous les sens du terme. Laisses donc dire “ce vieux grincheux” (je ne sais pas si il est vieux d’ailleurs !). Mais il doit être sacrément aigrie en tout cas… et sûrement jaloux !)

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    1. Je suis bien d’accord avec toi Sabine. Dans mon cas, mon fils est plus heureux sans son papa, même s’il compte un peu. Si son papa était là, ce serait la guerre au quotidien et je ne serai ni heureuse ni épanouie.
      J’appelle mes voisines, les vielles biques, c’est pour dire! Mais bon, je n’écoute plus ce qu’elles disent. C’est leur histoire, pas la mienne…

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  7. c’est très beau et très vrai ce que tu dis, j’admire beaucoup ces mamans solos, moi qui ne me pense pas capable de me débrouiller seule plus d’une journée avec les enfants….Mais j’imagine que quand on a pas le choix on fait avec, hein. Je t’embrasse!

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    1. Quand on est au pied du mur on n’a pas le choix Lorelei et en fait on assure parfaitement. C’est une question de confiance en soi.
      Grosses bises et mille merci!

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  8. Bon évidemment, ton billet me parle 🙂 Quand la poulette est née, je faisais partie d’un forum privé avec d’autres mamans… On était un petit groupe, certaines d’entre nous s’étaient déjà rencontrée… on avait chacune nos galères, notre histoire, nos coups de gueule, nos joie… qu’on partageait. Et puis un jour, un de ces mamans m’a dit qu’elle m’enviait d’être seule avec ma fille… Ce jour là, moi qui suis quand même souvent sympa dans mes propos, j’ai vidé mon sac ! Ce qui me marquait le plus dans l’histoire, c’était d’être seule face à tout, tout le temps. Même si j’ai des amis et une famille en or, rien ne coulait de source… Je pouvais trouver une garde pour la poulette, c’est vrai, mais toutes les démarches, dans tous les domaines, c’était pour ma pomme… c’était fatigant… Bon depuis, j’avoue, j’ai du recul par rapport à ça… j’ai papoté avec d’autres nanas, j’ai rencontré le barbare, j’ai vu plein de situations… et, parfois, je vois des nanas en couple avec enfant(s) qui sont plus seules que je ne l’étais en maman solo… je trouve ça rude… parce que dans mon cas, au moins les choses étaient claires… Bisous marie

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    1. Je comprends Fedo. Au début c’est pas facile de tout gérer seule et de se dire qu’il faudra toujours tout gérer seule.
      Mais parfois c’est plus compliqué avec un papa. Je connais moi aussi pas mal de mamans en couple qui galèrent et n’ont pas le soutien nécessaire de la part du papa, qui passe plus de temps ailleurs qu’à la maison, et qui dans certains cas en plus se permettent des commentaires désobligeants.
      Grosses bises et merci!

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  9. J’en reviens pas des propos de tes voisins !!!

    C’est en tous cas un très bel article et, comme souvent, il vaut mieux être seule que mal accompagnée, surtout pour élever un enfant !

    Bises

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    1. On est bien d’accord là-dessus ma belle. Mes voisins sont un peu vieux jeu…Mais bon au final ils adorent l’escargot mais n’hésitent pas à le reprendre quand il ne dit pas bonjour.. ce que je n’apprécie pas particulièrement (c’est moi sa mère bordel!)
      Grosses bises à vous 4.

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  10. Je ne sais plus où j’ai lu que, de toute façon, le rapport au père s’inscrit plus souvent dans le manque que dans l’accomplissement. Il faut arrêter de rêver : au fil des siècles, les enfants ont été élevés par les mères. Alors oui, le représentant de l’autorité extérieure, blabla…sauf que quand cette autorité est castratrice ou qu’elle est indifférente, voire complexée, bonjour les dégâts ! Et je suis d’accord : les situations compliquées incitent à réfléchir, donc à s’améliorer, donc à s’en sortir plutôt bien 🙂 Sinon, dans le genre la société aime pas les femmes seules, je pense que celles qui ont choisi de ne pas avoir d’enfant et/ou de ne pas être en couple pourraient témoigner longuement sur les “Une femme qui ne veut pas d’enfant n’est pas normale.” Les gens sont “modernes” n’est-ce pas ? 😉 Mille bisous à toi et à …toute l’équipe qui prend le relais. 🙂

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    1. Tu sais Sophia, les gens ont pas mal de problèmes avec cette soit-disant normalité à la noix! Dans mon cas, le père n’aurait été là que pour me dire que je n’assurais pas. Le reste du temps il l’aurait passé avec ses copains. Donc au final mon enfant profite de moi heureuse, c’est déjà beaucoup!!
      Grosses bises et mille merci pour tes mots toujours aussi justes.

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Un mot doux pour la route...

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