Posted in Carnets de route

Et si on se parlait de nos vies ?

Allez viens, viens t’asseoir près de moi. Mets-toi à l’aise. Prends un thé, bien chaud. Moi j’aime bien le thé vert ou aux épices. Je l’aime très chaud. Mais si tu es plutôt café, ne te gênes pas. Je n’aime pas le goût mais l’odeur m’enivre. Assieds-toi confortablement, prends un coussin même si tu veux, histoire d’être totalement à l’aise.

Voilà. Ca y est. On est bien.

Pourtant je t’entends déjà me dire, pourquoi se parler de nos vies. Attends, il y a plein d’autres sujets plus passionnants que celui-là. Je ne peux pas te contredire. Mais c’est de ça dont j’ai envie de parler. Avec le sourire.

Pourquoi ?

Parce que je trouve que l’on ne parle pas assez de nos vies. On les évoque comme ça, au hasard d’une conversation. On dit grosso modo que tout va bien. On brode autour d’un évènement, pour faire passer le temps. On ne va pas au fond des choses.

Pourquoi ?

Je ne sais pas. Mais souvent la vie des autres nous apparaît comme un chemin parsemé de roses. La vie parfaite de l’autre contraste avec la nôtre. On ne sent pas à l’aise. Et puis, la nôtre n’est pas si mal au fond. On finit par se faire une raison, de toute façon ça n’intéresse pas grand monde de connaître nos problèmes de couple ou nos soucis familiaux.

Et bien détrompes-toi, parler de sa vie aide. Nous aide. Et aide l’autre. On peut s’identifier. On peut mieux comprendre tel ou tel fonctionnement. On peut mieux appréhender les difficultés. Et souvent on se rend compte que la vie de l’autre n’est pas si rose que l’image que l’on en a. Elle est comme la nôtre, un mélange de joies et de doutes, de petits bonheurs et de grands chagrins.

Je trouve que l’on fait mieux face, à deux, qu’on arrive mieux à avancer une fois que les mots sont sortis.

Lorsque j’ai quitté le domicile conjugal il y a un peu plus d’un an, j’ai ouvert les yeux sur le monde. Je n’étais pas heureuse et je m’étais menti à moi-même, j’avais joué un rôle pendant 4 ans, parce que je voulais rendre au monde une image de vie parfaite, je voulais adhérer à la norme.

Et j’ai constaté un fait étrange. Les gens autour de moi se sont mis à parler, ils ont osé briser la loi du silence. Ce qui se passe une fois les portes closes n’est pas toujours une simple affaire personnelle. C’est une affaire qui nous concerne tous. Autour de moi, j’ai découvert beaucoup de vies brisées. Des vies qui n’attendaient que ça, ouvrir les vannes, parler de leur mal être et de leurs angoisses d’époux, de parents, d’hommes et de femmes en quête de vérité et sérénité. Femmes trompées, femmes battues, mamans épuisées, enfants perdus, épouses bafouées, mères impuissantes. Toutes ces femmes avaient gardé le silence trop longtemps, parce qu’on nous répète qu’il y a des choses qui ne se disent pas, parce qu’on veut nous faire croire que la norme, c’est d’être heureux à toute heure du jour et de la nuit.

Je ne suis pas d’accord. La parole libère. La parole réinstaure une certaine confiance, donne envie de résoudre les problèmes, nous donne des ailes pour prendre des décisions, faire des choix.

Le monde tout beau, tout rose bonbon, n’existe pas. Il y a des phases douces et légères. Il y a des moments durs et éreintants. Il faut trouver son équilibre. Il faut conquérir sa paix intérieure. Et Il faut le faire en s’aidant les uns les autres.

Viens avec moi, parlons de nos vies, avec le sourire ou en laissant jaillir les larmes que nous nous plaisons à refouler.

Viens avec moi, n’aies pas peur. J’ai moi aussi mes failles. J’ai moi aussi mes rêves. Tout comme toi j’avance à tâtons, je réussi et je me perds aussi parfois.

Viens avec moi et écoutons-nous pour une fois. Mon expérience peut peut-être t’aider et la tienne m’ouvrir des portes.

Ca y est. Le thé est prêt. L’odeur du café embaume la pièce. Crevons l’abcès, tout ira bien.

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Crédit Image – My shoes speak Italian

Author:

J'ai l'âme poète...

27 thoughts on “Et si on se parlait de nos vies ?

  1. Tu as tout à fait raison, on ne se parle pas assez, on donne l’illusion d’une vie parfaite mais nous avons toutes nos failles.
    Ma vie on en parle déjà à livre ouvert quand je t’écris, sur le papier je me livre sans détours, je peux être moi sans peur du regard des lecteurs.
    A de suite pour le café pour moi.

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    1. Je trouve que c’est bien P’tite fée. Car c’est en étant soi qu’on avance. Garder ses peurs et ses failles bien ficelées sous l’armure, c’est la meilleure façon de perdre pied et de couler.
      Merci pour tout et surtout d’être fidèle à toi même. Je retiens le café!

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  2. Bon pour moi ce sera un café viennois si tu veux bien, parce que le thé vraiment je ne peux pas, mais pour le reste j’ai un petit fauteuil bien confortable et des coussins maison 🙂
    Et puis allez, j’amène les gâteaux !!

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  3. Allez on se refait un petit moment douceur quand tu veux un samedi après-midi un dimanche peut-être, boubou mangera une brioche jouera avec ses voitures, à côté de nous et on papotera avec le the aux épices bien chaud et le plaisir de partager un moment… Très beau billet Marie, si juste… Bisous à vous deux

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  4. Ton article me fait chaud au coeur:)
    Perso je ne parle plus de ma vie (qui n’a pas du tout été rose) car les rares fois que je l’ai fait j’ai été jugée, critiquée et çà fait mal. Et pourtant tu as raison çà fait du bien de pouvoir se confier …..

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    1. C’est souvent le problème Moute, les gens ont du mal à juste être là, écouter les autres. Beaucoup ne peuvent pas s’empêcher de critiquer et de juger tel ou tel acte. C’est dommage car nous avons tous tant à partager.
      Grosses bises et belle semaine!

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  5. Si seulement on pouvait trouver une oreille attentive, un être plein d’empathie qui se soucierait vraiment de notre vie, alors peut-être oserait-on parler… Et d’un autre côté, savoir écouter l’autre est un art… Merci pour ce texte, Marie ! Bises

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    1. Il n’est pas toujours facile d’acouter vraiment, c’est très vrai Karine. Le monde va a 100 à l’heure et nous ne prenons pas assez le temps de nous poser pour parler, discuter de ce qui va ou pas, ce qui nous fait mal ou nous pousse vers l’avant. L’art de l’écoute s’apprend et sa cultive aussi.
      Grosses bises et merci.

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  6. Et des fois, il arrive qu’on n’attende que cela, de pouvoir aider l’autre, juste en l’écoutant, et c’est lui qui ne veut pas, pensant toujours qu’ “on ne peut pas comprendre”, et qu’il est certainement l’être le plus malheureux au monde….Oui, je connais quelqu’un comme cela. Pourtant, on me dit que je sais écouter…mais au final, lui ne veut pas l’être….

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    1. C’est vrai qu’il existe des personnes que l’on ne peut pas aider Linette, parce qu’ils ne sont pas prêts ou ne veulent pas. Il faut alors savoir (ce qui n’est pas simple) prendre de la distance et laisser à l’autre le temps d’être prêt.
      Belle semaine à toi!!

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  7. J’adore ton article et tu as tout à fait raison… Parfois il faut oser dire aux autres que ça ne va pas tout comme ça fait du bien également de dire aux autres quand ça va =)! Bisous bisous

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    1. Sarah, tout à fait. Se sentir surtour libre d’évoquer nos joies comme nos chagrins! Belle semaine à toi.

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    1. Mille merci Sabrina! C’est très gentil d’être passé par là et d”avoir laissé un message.

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  8. Dans mon cas, je suis celle qui écoute, ceux que je connais parlent de leurs vies mais ne se soucient guère de la mienne…et pourtant j’aimerai, merci.

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    1. J’ai été dans ta position pendant longtemps Sass. Mais un jour vient ou partager fait du bien ca devient même vital sinon on finit par s’écrouler sous le poids de notre vie et de celle des autres.

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Un mot doux pour la route...

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